Shopopop veut livrer plus vite qu’Amazon

Spécialiste de la livraison collaborative des courses à domicile, la startup nantaise Shopopop vient de signer un partenariat national avec l’enseigne de distribution E. Leclerc. Objectif : permettre à 500 drives du réseau de proposer une offre de livraison à domicile. Une solution aussi déployée pour les commerces de proximité…
Shopopop a convaincu 70.000 shoppers pour assurer la livraison à domicile, maillon manquant du Click and collect, pour permettre aux petits commerçants de tenter de rivaliser avec Amazon
Shopopop a convaincu 70.000 shoppers pour assurer la livraison à domicile, maillon manquant du Click and collect, pour permettre aux petits commerçants de tenter de rivaliser avec Amazon (Crédits : Shopopop)

« La mission de Shopopop, c'est d'assurer des livraisons à domicile H+2 et d'être, de fait, plus efficace qu'Amazon. Pourquoi ? Parce que l'on vise des magasins de proximité qui ont pignon sur rue. Le clic& Collect, c'est bien, ça permet de maintenir de l'activité dans les commerces mais c'est insuffisant. Il lui manque une dimension essentielle, la livraison à domicile, qui explique, en partie, le succès d'Amazon», observe Johan Ricaut, co-fondateur de Shopopop, qui, après Système U, Intermarché, Casino... vient de signer un contrat de référencement avec les centres E.Leclerc en France. « Nous sommes aujourd'hui présents chez 77 magasins Leclerc. Avec cette enseigne, l'ambition est de déployer notre solution auprès de 500 drives d'ici à un an pour renforcer leur offre de livraison à domicile », dit-il.

Des communautés de shoppers

Créée en 2016 à Nantes, la plateforme collaborative a depuis déployé son concept de livraison à domicile appuyé sur une communauté de shoppers, fondée sur le principe du covoiturage. N'importe quel conducteur peut s'inscrire sur l'application Shopopop et livrer ses voisins dans un rayon de 15 à 20 kilomètres. «L'ambition, c'est de mutualiser des trajets, au quotidien et toute la journée.  La force du modèle logistique collaboratif est de s'appuyer sur des centaines voire des milliers d'utilisateurs sur le territoire", explique Johan Ricault. Un moyen d'éviter de créer des dépendances sur un acteur, comme on peut le voir avec les livreurs d'Uber Eat ou Delivroo. "Un algorithme régule la visibilité des offres de livraison, en fonction de l'activité du shopper. Ce qui évite d'en faire une activité professionnelle de transport  », dit-il. Les communautés sont sollicitées par des campagnes de web marketing, des annonces dans la presse quotidienne régionale ou sur les réseaux sociaux. « Quelle que soit la taille d'une ville, il y a de la mobilité. Plus les gens se déplacent, plus on trouve de la capacité à effectuer des livraisons. Beaucoup de communautés peuvent se créer à l'intérieur des magasins ou sur la zone commerciale, ensuite, c'est un subtil équilibre entre l'offre et la demande pour que l'une ne cannibalise pas l'autre. On préfère avoir 100 shoppers qui assurent une course chacun plutôt qu'un qui fasse cent livraisons. Chaque shopper est limité à deux retraits simultanés», souligne-t-il. Notamment parce que ce sont souvent des produits frais mais aussi pour que la promesse d'une livraison en moins de deux heures soit respectée et ne vienne pas gripper le système. Chaque « shopper » est rémunéré au minimum 5 euros par livraison, plus généralement entre 6 et 9 euros, selon la distance et les volumes à transporter.

Un chiffre d'affaires triplé en un an

En quatre ans, Shopopop s'est déployée sur 94 départements et a convaincu 70.000 shoppers de s'inscrire sur sa plateforme. Chacun d'eux aurait en moyenne effectué près de 7 livraisons par jour en juin dernier. Présente chez 1200 commerçants, Shopopop a passé des accords avec une grande partie des grands noms de la grande distribution. Chez les indépendants d'abord, avec Système U, Intermarché, Leclerc, mais aussi Casino, Cora ou Auchan dont une dizaine de magasins teste cette offre de livraison à domicile. « Le modèle est éprouvé. Il complète les offres conventionnelles, mais chacun doit ajuster son organisation, les préparations de commandes, la logistique, l'offre commerciale... pour être totalement opérationnel », indique Johan Ricault. Mis en place en juin dernier à l'issue du confinement, Casino a ainsi mis en place ce service de livraisons à domicile dans 102 magasins en trois mois. A Toulouse, un autre casino génère jusqu'à 335 livraisons par mois. Les plus modestes en font une vingtaine. Dispensé sous la forme d'un abonnement mensuel et d'une commission, le coût de la prestation reviendrait en moyenne 2 euros par livraison, facturée de 6 à 9 euros au client final.

Globalement, malgré les difficultés de circulation, le volume des livraisons est passé de 1.500 à 4.000 livraisons par jour pendant le premier confinement. Venue sur ce marché par la grande distribution pour des questions de volumes, l'entreprise a depuis sa création réalisée 500.000 portages. Fort de ce succès, la start-up nazairienne diversifie ses activités vers de grands comptes du textile, de la chaussure, ou des fournitures de bureaux (Eram, Bureau Vallée...). Cette année, son chiffre d'affaires devrait atteindre 6 millions d'euros, contre 2 millions d'euros en 2019. « La crise sanitaire a accéléré les réflexions sur la livraison à domicile», reconnait le co-fondateur de Shopopop, qui, tournée vers l'international, démarrera des livraisons en Italie et au Portugal dès la semaine prochaine, et est en cours de preuve de concept (POC) en Belgique.

En France, la start-up vient de répondre à l'appel à projets pour soutenir et digitaliser le commerce de proximité lancé par le gouvernement. Jusque-là, ce secteur (fleuriste, caviste...) comptait pour 15% de l'activité de Shopopop, qui entend s'inscrire dans la politique de livraison du dernier kilomètre et aider à lutter contre l'influence d'Amazon.

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