Un procédé innovant de traitement des déchets organiques pour les navires

Concepteur et constructeur de centrales thermiques, Leroux et Lotz Technologies vient de mettre au point un procédé inédit de traitement et de valorisation des déchets organiques intégrable à bord de navires. A l’issue d’un premier prototype testé avec les Chantiers de l’Atlantique, l’entreprise lance l’industrialisation.
Le Module de traitement des déchets organiques par oxydation hydrothermale  mis au pont par Leroux et Lotz serait une première mondiale
Le Module de traitement des déchets organiques par oxydation hydrothermale mis au pont par Leroux et Lotz serait une première mondiale (Crédits : Reuters)

En route pour des croisières vertes ! Il aura fallu plus de dix ans de recherche & développement pour que Leroux & Lotz Technologies, filiale du groupe Altawest, aboutisse à la mise au point d'un process de traitement des déchets organiques à partir de la technologie d'oxydation hydrothermale capable de dégrader la matière organique. Le système de traitement consiste à utiliser des déchets dilués (liquides tels que les boues, les emballages carton, les eaux usées) et chargés en matière organique. L'étape de séchage, habituellement très consommatrice d'énergie, est supprimée. Les déchets placés dans une enceinte sont chauffés à 250°C en moyenne. L'injection d'air sous-pression (150 bars) dans le réacteur conduit à la dégradation de la matière organique avec des résultats considérées comme « très satisfaisants ». Menés dans le cadre du programme européen Leanship H2020, destiné à produire le navire du futur, les essais ont été conjointement réalisés avec les chantiers de l'Atlantique à Saint-Nazaire où un premier démonstrateur a été embarqué à bord du Celebrity Cruises, un navire de croisière de la compagnie Celebrity Cruises pouvant accueillir 4000 personnes. Installé à bord, ce prototype a permis de traiter 300 litres de déchets par heures, soit 10% de l'ensemble des déchets organiques liquides produits par ce type de navire. « Surtout, il nous a permis de valider et confirmer nos performances », indique Patrick Blanc, président de Leroux &Lotz Technologies, fier de cette première mondiale.

Aucun rejet polluant dans l'atmosphère

Selon le constructeur, « Les effluents issus du process présentent des critères environnementaux compatibles avec les normes en vigueur. Les liquides sont stériles et ne contiennent que quelques résidus de matière organique biodégradable. Les gaz sont débarrassés des poussières polluantes de N0x, SOx, dioxine ou furanes et le résidu solide (à 95 % minéral) est réduit en cendres. De plus, la chaleur générée par la réaction est valorisée dans le système lui-même pour chauffer les déchets. Ces effluents sont ensuite traités par la station d'épuration située à bord (pour les liquides), les gaz sont rejetés dans l'atmosphère via la cheminée et les cendres elles, stockées pour être ensuite évacuées lors des escales quand cela est possible », explique-t-on chez Leroux et Lotz Technologies. La matière sèche contenue initialement dans les déchets atteindrait un taux de réduction de 90 % et la matière organique entre 70 et 99 %, selon la nature des intrants.

Un marché de dix unités par an

Or, jusqu'à présent, l'élimination des déchets contraignait les navires à revenir quai où l'incinération est interdite. «La réglementation s'est aussi considérablement durcie ces dernières années. On a donc créé une alternative à l'incinération, sans rejet polluant dans l'atmosphère», souligne Patrick Blanc. Pour en arriver là, il a fallu faire des choix. Trop complexes à éliminer les déchets alimentaires seront traités dans une étape prochaine étape, dont les essais, retardés par la Covid, pourraient démarrer en 2021. Leroux et Lotz technologie qui a breveté son innovation vient de recevoir sa première commande de la part d'un chantier naval européen. L'industrialisation du process est donc bel et bien lancée. Le premier équipement devrait être installé à bord d'un bateau de croisière américain d'ici la fin de l'année. Conçu sous forme de module, le système est facilement intégrable sur des navires militaires ou de croisière, à l'espace réduit, qui naviguent dans des zones protégées. Destiné à se substituer à l'incinération, l'innovation représenterait un marché, en neuf ou en remplacement, d'une dizaine d'unités par an, commercialisées à partir de 1,5 million euros pièce... Une belle perspective pour une entreprise qui réalise 35 millions euros de chiffre d'affaires par an.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 06/09/2020 à 9:14
Signaler
Si l'alimentation de cette invention se fait par un des moteurs les plus polluant au monde c'est pas terrible.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.