Paris : Hidalgo vante son bilan en matière d’écologie

Par Dominique Pialot  |   |  896  mots
Anne Hidalgo, qui remonte dans les sondages, met en avant son bilan sur l'écologie et le climat. (Crédits : Charles Platiau)
A quelques mois des élections municipales de 2020, la maire de Paris, qui vient de déclarer l’état d’urgence climatique, revient sur les initiatives menées depuis 2014 sur le front de l’environnement, un sujet qui devrait être au cœur du débat.

Attaquée pendant des mois sur les sujets de propreté, de sécurité, de gestion du dossier Velib', et encore et toujours vilipendée par de nombreux automobilistes pour avoir fermé les voies sur berge rive droite, Anne Hidalgo reprend des couleurs. Sur le plan judiciaire, la piétonnisation des voies sur berge a été définitivement entérinée par la cour administrative d'appel le 21 juin. Selon l'arrêt, qui suit la décision rendue en première instance, « la maire de Paris a légalement [interdit] la circulation automobile (...) pour des motifs tenant à la protection et à la mise en valeur » de ce site, classé au Patrimoine mondial de l'Unesco.

Rebond dans les sondages

Surtout, Anne Hidalgo gagne 4% d'opinions positives à 40% selon le dernier sondage Ifop/Fiducial réalisé cette semaine pour Paris Match et Sud Radio. Et les opinions défavorables dont elle fait l'objet (47%) ne valent pas celles attribuées à sa rivale Rachida Dati (56%). Quant à Benjamin Griveaux, qui vient d'être investi par LREM dans des conditions rocambolesques pour les prochaines élections municipales (pour lesquelles elle n'a pas encore déclaré sa candidature), il ne bénéficie que de 20% d'opinions favorables.

Etat d'urgence climatique

L'élue parisienne accélère sur l'écologie et le climat, dont elle a fait l'axe fort de sa mandature. Le 9 juillet dernier, rejoignant ainsi le Royaume-Uni, l'Irlande, le Canada, la Nouvelle Aquitaine, mais aussi les villes de Mulhouse, New York, Sydney, Auckland ou encore Barcelone, elle déclarait l'état d'urgence climatique et annonçait la création d'une « Académie du climat » pour sensibiliser et former les jeunes Parisiens, ainsi que d'un GIEC Paris.

« Etat d'urgence climatique, cela signifie à la fois que l'on reconnaît l'urgence, que l'on s'engage vers la neutralité carbone sur la base d'un plan d'actions et que l'on favorise l'action citoyenne », rappelle Célia Blauel, adjointe en charge de la transition écologique, le climat, l'environnement, l'eau et l'assainissement.

Mais ces initiatives s'inscrivent dans une politique entamée dès 2004 avec le premier plan climat parisien, et intensifiée par l'équipe en place à partir de son élection en 2014.C'est ce qu'Anne Hidalgo, entourée de ses adjoints Célia Blauel et Christophe Najdovski (Transports) et de ses conseillers à l'environnement Serge Orru et Aurélie Solans, a tenu à rappeler lors d'un point avec des journalistes le 10 juillet.

 Comportements inciviques, bruit de fond des lobbies...

Elle y a notamment souligné le rôle des villes sur ces questions, y compris dans l'adoption de l'accord de Paris lors de la COP21.

Depuis, la représentativité des villes vis-à-vis de Bruxelles sur le sujet de la pollution a été reconnue sur le plan juridique .

Anne Hidalgo a également souligné l'approche de plus en plus systémique et globale adoptée par les équipes municipales. Rappelant sa sensibilité socio-démocrate, elle a affirmé « penser plus en transition qu'en rupture », tout en qualifiant les initiatives menées sous son mandat de « révolution ».

« J'entends parler de question de méthode (notamment à propose de la fermeture des Voies sur berges, ndlr), mais quelle serait une autre méthode ? Avec quel rythme et quel calendrier ? », s'est-elle interrogée.

« La méthode que nous avons adoptée est celle de l'urgence et de l'accompagnement citoyen. »

C'est d'ailleurs sur cette piste que la maire de Paris entend accélérer encore.

Si elle regrette « les comportements inciviques, valorisés dans l'imaginaire collectif, et la résistance au changement, surtout au sein d'une certaine élite et des faiseurs d'opinion », ainsi qu'un « bruit de fond violent et dangereux des lobbies relayés par les media », elle est convaincue qu'à Paris, « la bataille culturelle est gagnée », et se dit rassérénée par « le rapport des Parisiens à ces questions.»

Trop de technocratie, pas assez de décentralisation

Sur la question particulièrement sensible de la réduction de la réduction automobile dans la capitale, Anne Hidalgo a rappelé la mise en place d'une « Zone à faible émission » (ZFE dès 2015, qui s'est élargie depuis le 1er juillet aux vignettes Crit'Air 4, et l'interdiction à venir des véhicules diesel d'ici à 2024, avant celle des véhicules à essence en 2030.Mais elle a regretté une « approche française trop administrative et technocratique » et l'absence de système automatique de contrôle, tel que ceux utilisés par de nombreuses villes étrangères. « On a besoin d'une plus grande décentralisation », a-t-elle également affirmé, citant l'incapacité de la Ville de Paris à légiférer seule sur des sujets tels que les décibels autorisés aux deux-roues circulant dans ses rues ou encore sur les trottinettes.

« Le système français est trop centralisé, il faut laisser faire les acteurs locaux. »

Climat et inclusivité

En matière d'énergie également « les tuyaux sont mal branchés, déplore Célia Blauel. On a besoin d'un vrai pilote dans l'avion, notamment dans le cadre européen. Les grands opérateurs l'ont bien compris, mais il manque un cadre politique. »

Pour sa première élue,  Paris doit « jouer un rôle d'innovation, être le premier à bouger avant de partager.»

« Les défis du XXIème siècle pour les villes sont le climat et l'inclusivité », a conclu Anne Hidalgo, ajoutant « il ne faut pas opposer écologie et social ». Prônant l'accessibilité économique des logements, elle affirme vouloir lutter contre la gentrification et s'enorgueillit des 60% de classes moyennes parmi les Parisiens.