L’écosystème du jeu vidéo sur le chemin de la maturité

De quoi DEMAIN sera-t-il fait ? Bpifrance s'est lancé le défi de mener une réflexion sur les sujets d'innovation qui révolutionneront notre quotidien dans les années à venir, du point de vue de notre transport, notre alimentation, notre santé, notre façon de commercer et de travailler. Pour cela, Bpifrance anime une démarche collective en mode projet, pilotée par les collaborateurs Bpifrance et associant les acteurs des écosystèmes concernés. L’un des sujets stratégiques récemment traité est le développement de l’écosystème du jeu vidéo. Bpifrance soutient les entreprises du secteur, particulièrement les petites structures innovantes, nombreuses sur ce marché en pleine croissance.
Anne Villette Raoul-Duval directrice d'Investissements au Pôle Industries Créatives.
Anne Villette Raoul-Duval directrice d'Investissements au Pôle Industries Créatives. (Crédits : DR)

Pour les experts de Bpifrance, l'industrie du jeu vidéo se situe à l'intersection de la French Tech et de la French Touch. Ce secteur en pleine croissance qui pèse plus de 100 milliards de dollars au niveau mondial est en effet à la fois très orienté « tech » avec la 3D, le cloud gaming, la réalité virtuelle et la réalité augmentée, et hautement créatif grâce à un écosystème français puissant et varié qui va du géant Ubisoft (17 000 employés, 40 studios dans le monde) aux start-up innovantes fondées par des mordus de gaming.

Un secteur confronté à de nombreux défis

Pour Nicolas Parpex, responsable du Pôle des Industries Créatives, « le secteur est très dynamique mais doit néanmoins relever plusieurs défis. Il y a un vrai sujet de partage de la création de valeur et de la propriété intellectuelle entre des acteurs de tailles différentes. Cette évolution est en cours : dans l'univers PC et consoles, les liens deviennent plus poreux entre éditeurs et studios, et dans le mobile, le partage tend à devenir plus équilibré ». L'autre challenge majeur réside dans le fossé entre quelques grosses structures comme Ubisoft pour les PC et consoles ou Voodoo pour les jeux mobiles et la galaxie des petits éditeurs et studios qui ne disposent pas des mêmes moyens pour développer leurs idées créatives. « Il faut faire en sorte que l'écosystème grossisse par le bas. Nous avons de très bonnes écoles en matière de création et de codage, mais la partie management et structuration est encore sous-dimensionnée » ajoute Nicolas Parpex.

L'aspect RSE est également important, avec les problématiques d'addiction des joueurs, le bien-être au travail dans une industrie qui emploie beaucoup de freelances ou encore le manque de diversité en termes de genre (très peu de femmes) et sociétales (majorité de trentenaires blancs et CSP +). Sans oublier le cœur du réacteur : le game play. « Plus de 80 % des jeux vidéo sont encore tournés vers la destruction d'adversaires. Nous pensons vraiment qu'il existe une opportunité économique à développer des jeux qui peuvent s'adresser à d'autres cibles susceptibles d'apprécier des scénarios différents » estime Anne Villette Raoul-Duval, directrice d'Investissements au Pôle Industries Créatives.

Vision du secteur et boîte à outils

Pour aider les entreprises de cette industrie à se développer, la banque publique dispose de plusieurs leviers : une vision précise du secteur et une boîte à outils composée d'une gamme complète de solutions de financement, d'investissement et d'accompagnement. « De la start-up au grand groupe en passant par la PME, les sociétés peuvent venir nous voir avec des projets de croissance, de développement international, des line up (liste de jeux à sortir sur une période donnée), des plans de R&D » précise Nicolas Parpex. Illustration avec Tactical Adventures, un studio de jeux vidéo de rôles tactiques (ou tactical RPG en anglais pour role-playing game) créé par Mathieu Girard, ancien co-fondateur d'Amplitude Studios (vendu à SEGA en 2016). Bpifrance est devenu début 2019 actionnaire minoritaire du jeune studio, un investissement qui a marqué l'ouverture du segment jeux vidéo au sein du Pôle Industries Créatives.

Actical Adventures va lancer son premier jeu en 3D nommé « Solasta : Crown of the Magister » qui a déjà levé près de 250 000 euros auprès de 6 000 gamers sur le site de crowdfunding Kickstarter. Wizards of The Coast, éditeur américain filiale du géant du jouet Hasbro, qui détient les droits de la fameuse licence de jeux de rôles Donjons et Dragons, a conclu un accord de licence avec la start-up française. « Il s'agit typiquement d'une très jeune entreprise qui possède un vrai projet d'entreprise, portée par un entrepreneur de talent et qui développe un jeu s'adressant à une niche identifiée et très active » analyse Anne Villette Raoul-Duval. Une illustration de la ligne éditoriale que Bpifrance aimerait promouvoir, à condition de pouvoir s'appuyer sur de véritables managers, condition sine qua none pour développer des studios à succès.

Dernier challenge pour le secteur : féminiser un secteur encore très masculin et parfois misogyne. « Il faut mieux éduquer en amont, dès l'école primaire et secondaire. L'écosystème aura beaucoup à y gagner, sur le plan créatif comme managérial » conclut Nicolas Parpex.

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Commentaires 2
à écrit le 07/01/2020 à 17:50
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JE ne suis pas d'accord sur la féminisation à marche forcée, c'est grotesque, les nanas sont plus douées que les mecs dans les études d'une part, donc si elles le voulaient elles pourraient envahir ce secteur immature de nature puisque restant dans l...

à écrit le 07/01/2020 à 15:32
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J'encourage ma progéniture à développer une culture vidéo-ludique, je pense que ça peut devenir très utile dans leur future vie professionnelle.

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