Big data : 2015, l’année des travaux pratiques ?

Les experts de Deloitte estiment que les entreprises françaises devraient passer à l’expérimentation en matière d’analyse des masses de données cette année, après une année consacrée à la réflexion. L’accent est mis notamment sur la gouvernance des données.
Delphine Cuny
"L'immense majorité des entreprises en France n'a pas encore saisi l'importance de l'exploitation des données directes ou indirectes générées par leurs activités."

Big data, données massives ou « mégadonnées », selon la formulation préconisée par la Commission générale de terminologie et de néologie : l'analyse des données numériques à grande échelle (réseaux sociaux, connexions mobiles, s'est imposée comme un sujet de discussion dans tous les comités exécutifs de grandes entreprises l'an dernier. Dans son rapport sur la transformation numérique de l'économie numérique remis au gouvernement en novembre dernier, Philippe Lemoine avait toutefois relevé que « l'immense majorité des entreprises en France n'a pas encore saisi l'importance de l'exploitation des données directes ou indirectes générées par leurs activités. » Le cabinet Deloitte se montre plus optimiste :

« L'année 2014 a confirmé un vif intérêt, croissant, pour le Big data au sein des directions générales de grandes entreprises. Pour autant, cet intérêt est décorrélé de l'action concrète et le mouvement n'est pas encore généralisé. Après cette année de réflexion, 2015 sera celle de l'expérimentation, des travaux pratiques. De nombreuses entreprises sortent de l'attentisme » estime Reda Gomery, associé responsable Data & Analytics chez Deloitte.

Il cite en particulier les secteurs de la banque et de l'assurance, les télécoms, les biens de consommation.

Retour sur investissement

 Cette relative prudence s'explique par « l'importance des investissements, qui ne sont pas neutres, et la nouveauté d'écosystèmes tels que Hadoop », la plateforme logicielle ouverte plébiscitée pour le traitement de volumes très importants de données de formats très variés, adoptée par tous les grands acteurs du big data.

Certaines entreprises ont engagé des budgets atteignant « quelques centaines de milliers d'euros annuels » dans le big data : en effet, « l'intégration de la solution big data d'un grand éditeur comme SAP, IBM, Oracle ou SAS peut coûter plusieurs centaines de milliers d'euros dans sa version d'entrée de gamme » relève l'expert de Deloitte. Mais l'essentiel des coûts réside surtout dans l'humain, l'acquisition de compétences telles que les fameux « data scientists », ces interprètes indispensables de la donnée.

Si la prise de conscience et la réflexion sont réelles, « les moyens ne sont pas forcément mis en œuvre et les organisations pas toujours mises en mouvement » considère Reda Gomery. Car il faut que la structure de l'entreprise s'adapte, s'affranchisse de son fonctionnement en silos pour faire travailler ensemble l'informatique et les métiers, le marketing, etc. Les entreprises cherchent à identifier des cas d'usage métiers profitables, des applications ayant une traduction économique concrète et un retour sur investissement quantifiable, par exemple en anticipant une rupture de stocks dans un délai précis après la survenue d'un pic de connexions sur le site.

D'ailleurs, le cabinet Deloitte observe que « l'analyse de la donnée, l'analytics, un temps réservée aux experts, se démocratise, certains métiers ou fonctions comme la finance, les ressources humaines ou les achats, s'en emparent. »

La peur de la perte de données et l'indispensable « gouvernance »

Cependant, la préoccupation majeure des entreprises concerne ce qu'il est convenu d'appeler la « gouvernance des données », c'est le cadre d'usage, de protection, de valorisation et de partage des données. Les banques ont pris le sujet à bras le corps, du fait de la réglementation (Bâle III sur la supervision bancaire). La fonction de « Chief data officer » ou responsable des données commence à se populariser, notamment dans la banque et le monde du Web. L'expert de Deloitte constate qu'« il y a une peur autour de la donnée aujourd'hui, de la perte de données chez de nombreuses entreprises », citant la mésaventure d'Orange qui a subi un vol de 1,3 million de données personnelles en avril du fait d'une faille de sécurité chez un prestataire.

Une peur qui n'empêche pas les entreprises d'exploiter cette potentielle mine d'or : « la monétisation des données prend forme dans plusieurs secteurs précurseurs comme les banques et les télécoms, notamment sur les transactions de paiement » remarque Reda Gomery. On pourra ainsi déterminer le volume d'achats sur un point de vente ou une artère, la fréquence d'achat, les montants, etc, en agrégant les données de façon anonyme bien sûr.

Orange a même nommé un responsable de la monétisation des données, Ludovic Lévy. L'opérateur utilise notamment les données géolocalisées anonymisées telles que les tickets de communication sur lesquels figurent les préfixes afin de déterminer la proportion de touristes, de quels pays, se trouvent dans une ville, une information qui a de la valeur pour des municipalités, des musées, des chambres de commerce, etc, qui peuvent ainsi adapter leurs offres.

Ces entreprises restent discrètes sur ce que leur rapporte cette monétisation de la donnée et sur la valeur de ces données. Le rapport Lemoine propose même d'ailleurs de faire évoluer les normes comptables afin d'intégrer la data en tant qu'actifs dans les entreprises. Ce qui n'est pas sans soulever de questions sur la propriété de ces données

Delphine Cuny

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Commentaire 1
à écrit le 21/01/2015 à 9:14
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ils vont recruter des ' bac, bac - 2, de moins de 25 ans, avec 15 ans d'experience, parlant couramment anglais et poldomoldave, maitrisant sas, catia, le c++ et le sql.... maitrise de map reduce serait un plus', pour un emploi en cdd au smic a paris ...

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