« J'ai récidivé ! », s'amuse Stéphane Chemouny. Ce chercheur-entrepreneur, grand prix du concours d'innovation i-Lab 2019, avait en effet déjà été distingué (lauréat national) par le même concours - « qui ne s'appelait pas encore i-Lab » - en 2003. Et la société qu'il a co-fondée en juin 2019, CERTIS Therapeutics, n'est pas non plus sa première aventure entrepreneuriale. Docteur de l'université de Montpellier, où il s'est spécialisé dans le diagnostic d'imagerie des cancers du foie, il avait déjà lancé, en 2004, Intrasense, une société qui a développé puis commercialisé une technologie innovante d'imagerie médicale, dans le but d'extraire les informations nécessaires à la planification et à l'évaluation du traitement de patients atteints de cancer. Aujourd'hui, en industrialisant les travaux de l'IHU Liryc de Bordeaux sur le traitement par thermo-ablation, les dispositifs médicaux mini-invasifs guidés par imagerie IRM développés par CERTIS Therapeutics vont optimiser les traitements via un pilotage précis de la thérapie, grâce à un contrôle en temps réel et en 3D de la température et de l'énergie thermique délivrées aux tissus.
La précision avant tout
« Les performances que nous apportons en matière de précision sont sans commune mesure avec l'existant pour apporter un contrôle précis par imagerie IRM et savoir ce qu'on a brûlé, explique-t-il. Avant, en effet, « lors de thérapies à base de chaleur, appliquées aux tumeurs ou aux tissus cardiaques, on avait du mal à savoir si on avait brûlé trop ou pas assez ». Grâce à la technologie développée par CERTIS Therapeutics, à base d'algorithmes, notamment, le geste sera plus sûr. Et l'efficacité de la thérapie accrue. Alors que les récidives sont fréquentes chez certains patients, puisqu'elles s'élèvent, selon les pathologies, à 10 % voire 50 %, l'innovation deeptech de CERTIS équilibre le couple risques / avantages de ce type de thérapie. Après tout, si le nom CERTIS a été choisi pour la nouvelle start-up deeptech, c'est avant tout parce qu'il fait référence au mot latin qui veut dire « précis »...
i-Lab, un concours d'innovation structurant
Si Stéphane Chemouny n'était pas, il l'avoue, « intéressé par l'entrepreneuriat » durant ses études, c'est l'initiative du ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation qui lui en a donné le goût, en 2003. « Candidater à ce type de concours permet de se poser les bonnes questions et être lauréat m'a permis ensuite d'apprendre le métier de gestion d'une entreprise, avec Intrasense », souligne-t-il. J'ai quitté l'entreprise en 2018, « et je me suis dit que j'avais besoin de vacances ! », avoue-t-il. Grâce à son savoir et de son expérience, la SATT de Bordeaux l'approche. Elle-même avait été contactée par des chercheurs de l'IHU Liryc de Bordeaux. « Ils étaient en quête d'un porteur de projet. Leur technologie sur le traitement par thermo-ablation était très innovante », explique-t-il. Il audite le projet avec des spécialistes de son réseau et est vite convaincu. Le rapprochement, de même que l'idée de lancer une nouvelle société, se sont imposés - ainsi que la candidature au concours d'innovation i-Lab 2019. « Comme en 2003, le concours a été très structurant, souligne-t-il. Nous avons mis l'énergie nécessaire pour formaliser le dossier et nous avons été récompensés ! ».
Depuis ce succès, l'équipe redouble d'enthousiasme pour contacter des prospects et nouer des partenariats avec des hôpitaux, dont les établissements basés à Pessac.
« D'autant que pour les problèmes d'arythmie cardiaque, la ville possède le laboratoire le plus avancé au monde », relève Stéphane Chemouny. De même, l'IHU de Strasbourg, spécialisé dans les cancers digestifs, est intéressé par la technologie de CERTIS Therapeutics.
Mais les institutions qui devraient prochainement devenir clientes de la jeune pousse vont bien au-delà de l'Hexagone. « Les établissements allemands, américains, japonais, ne pourront qu'être intéressés », dit-il.
Conseils aux chercheurs/entrepreneurs
Le soutien financier apporté par i-Lab a été crucial pour cette nouvelle aventure. Il va permettre de valider la technologie sur les patients. Viendra ensuite la commercialisation. Et avec elle, sans doute une levée de fonds, d'ici un an. Mais Stéphane Chemouny ne veut rien brusquer. Et s'il a un conseil à donner aux futurs chercheurs/ entrepreneurs, c'est d'abord celui d'être bien entouré. « Il faut se faire accompagner pour lancer une société, dit-il, d'autant que réinventer la roue dans un labo n'est pas intéressant ». En outre, « il ne faut pas hésiter à discuter avec plusieurs structures pour trouver les meilleures affinités possibles », ajoute-il. Et enfin, « si l'on veut candidater à un concours aussi difficile et prestigieux que celui d'i-Lab, il faut être prêt. C'est un vrai test ! ». Un test qu'il a passé avec succès. D'autres viendront sans aucun doute avec la commercialisation de la technologie portée par CERTIS Therapeutics, mais Stéphane Chemouny, qui cultive désormais sa vocation d'entrepreneur, est prêt aussi...
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