L'avènement de l'informatique quantique n'est que pour les 10 ou 20 ans à venir, mais pas question d'attendre pour protéger les données, « sachant que la menace quantique est déjà̀ là, puisque les données chiffrées échangées peuvent être stockées aujourd'hui pour être déchiffrées dans quelques années », précise Jean-Charles Faugère, co-fondateur, avec Ludovic Perret, de la start-up CryptoNext Security, en 2019. C'est ce qu'on appelle dans le jargon technique harvest now, decrypt later. « Il faut donc dès maintenant se prémunir contre des attaques cyberquantiques », enchaîne-t-il.
Un retard à combler sur les Etats-Unis
En outre, les Etats-Unis ont déjà lancé, dès 2016, le processus de renouvellement de leurs standards de cryptographie. « Et la Chine a également lancé un standard différent », ajoute Jean-Charles Faugère. Au milieu de ces deux blocs qui se livrent une guerre commerciale sans merci, « l'Europe ne fait pas assez », regrette-t-il. Pourtant, il faut permettre aux industriels européens, fournisseurs de services informatiques - que ce soit au travers d'objets connectés ou de transactions Internet - de participer à des appels d'offre internationaux à l'avenir. Pour ce faire, les deux entrepreneurs ont mis au point une technologie qui combine le meilleur des standards actuels de cryptographie avec de nouveaux algorithmes résistants à l'ordinateur quantique. Une solution hybride et française, qui prendra la forme d'un logiciel de cryptographie commercialisé principalement auprès des secteurs de la défense et de la finance. Au moment de la bascule sur de nouveaux standards, les utilisateurs seront donc prêts et protégés.
« Notre solution ajoute une deuxième clé de sécurité et améliore la qualité de l'implémentation », précise Jean-Charles Faugère. En effet, plus que la solution elle-même, fruit d'une quinzaine d'année de recherches académiques menée par les deux scientifiques devenus entrepreneurs, et basée sur des algorithmes, « c'est l'implémentation de ces algorithmes qui nous différencie », ajoute-t-il. La technologie elle-même n'est pas, de fait, unique au monde, et d'ailleurs, CryptoNext Security, qui avait fait breveter la sienne, l'a remise dans le domaine public, afin qu'elle soit connue et adoptée par le plus grand nombre. Mais Jean-Charles Faugère préfère rester discret sur l'implémentation...
Un intérêt accru depuis le Grand Prix
Avant même d'obtenir un Grand Prix au concours i-Lab cette année, la jeune pousse avait déjà séduit plusieurs clients et effectué une première levée de fonds. « Depuis l'annonce du ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation, nous avons noté un intérêt accru, aussi bien de la part de clients que d'investisseurs. Le label d'excellence deeptech qu'offre le succès au concours i-Lab est un vrai atout, d'autant que certains grands groupes hésitent parfois à travailler avec une start-up », déclare à cet égard Jean-Charles Faugère. CryptoNext Security envisage déjà une deuxième levée de fonds, ainsi que davantage de partenariats, au-delà de celui qu'elle a noué avec Thalès, au cœur du projet primé par le concours i-Lab. Autant d'évolutions qui lui permettront de déployer, à l'aube de la révolution quantique, sa technologie à travers le monde.
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