Le chinois Tencent ambitionnerait de monter au capital d'Ubisoft

Le géant chinois des jeux vidéo et des réseaux sociaux, qui possède déjà une participation de 5% dans Ubisoft souhaiterait se renforcer au capital de ce dernier, selon Reuters qui cite des sources au fait du dossier. Une nouvelle qui a fait grimper de près de 15% l'action du groupe français.
Tencent possède, depuis 2018, une participation de 5% et aurait exprimé un intérêt pour monter au capital d'Ubisoft.
Tencent possède, depuis 2018, une participation de 5% et aurait exprimé un intérêt pour monter au capital d'Ubisoft. (Crédits : Charles Platiau)

Tencent va-t-il devenir le principal actionnaire d'Ubisoft ? Le géant chinois des jeux vidéo et des réseaux sociaux souhaiterait se renforcer au capital de l'entreprise française, incontournable acteur mondial du gaming, selon Reuters qui cite quatre sources au fait du dossier. Actuellement, Tencent possède, depuis 2018, une participation de 5% et aurait exprimé un intérêt pour monter au capital de l'entreprise, en rachetant une partie de la participation de 15% de la famille Guillemot, fondatrice du groupe, que le chinois aurait approché, selon trois sources.

Pour augmenter sa participation, Tencent souhaiterait aussi acquérir des titres auprès des autres actionnaires du créateur d'« Assassin's Creed », ont encore dit ces sources. Selon deux d'entre elles, Tencent serait prêt à proposer 100 euros par action pour se renforcer dans Ubisoft.

Tencent et Ubisoft n'ont pas souhaité faire de commentaires, tandis que des représentants de la famille Guillemot n'ont pas pu être joints dans l'immédiat pour commenter ces informations.

Se développer à l'international

Si une telle opération venait à se réaliser, cela permettrait à Tencent, principalement connu pour sa messagerie WeChat, incontournable en Chine, de se renforcer à l'international, alors que la concurrence est rude sur le marché chinois du jeu, le plus important au monde, et que la réglementation pénalise l'industrie. Il s'agirait, en effet, de sa plus grosse transaction à l'étranger depuis que la Chine a commencé en 2020 à durcir les règles encadrant le secteur technologique.

Un phénomène dont Tencent a fait les frais. En 2018, Pékin avait promulgué une loi interdisant l'usage des jeux vidéo pour les mineurs entre 22 h et 8 h. Et en août 2021, la presse économique d'Etat avait estimé que les jeux vidéo étaient devenus un « opium mental » et une « drogue électronique » pour la jeunesse. Un article épinglait en particulier « Honor of Kings », qui permet à des joueurs de s'affronter en incarnant des personnages historiques chinois et d'acheter des artefacts comme des costumes et des compétences supplémentaires. En conséquence, Tencent a fait le choix de durcir davantage ses règles. Il imposait déjà en Chine des limitations de temps de jeu et la reconnaissance faciale pour empêcher les moins de 18 ans de jouer la nuit. Il a ensuite annoncé la restriction du temps de jeu à une heure par jour pour les mineurs, et à deux heures au maximum pendant les vacances scolaires, pour l'ensemble de ses jeux, à commencer par « Honor of Kings ».

Cette information a fait grimper l'action d'Ubisoft à la Bourse de Paris. Vers 15 heures, elle gagnait 14,31% à 48,10 euros à Paris, ce qui valorisait le groupe à 6 milliards d'euros. Ce dernier est l'un des rares éditeurs encore indépendants aux côtés de Take-Two Interactive (« Grand Theft Auto » ou « Red Dead Redemption »...) et d'Electronic Arts (« Battlefield », « Les Sims »...).

La sortie d'« Avatar » décalée à 2023-2024

En mai dernier, Ubisoft a annoncé des résultats en baisse pour l'exercice décalé 2021-2022 avec un chiffre d'affaires en chute de 4,4% sur un an, à 2,125 milliards d'euros. Le bénéfice net était, lui, de 79,1 millions d'euros, alors qu'il s'élevait à 103,1 millions d'euros sur l'exercice précédent. Pour autant, le géant français s'était félicité de la performance réalisée par ses trois plus grandes marques, « Assassin's Creed », « Far Cry » et « Rainbow Six », qui ont chacune réalisé « nettement plus de 300 millions d'euros » de « net bookings » (« réservations nettes », soit les ventes hors revenus différés), « une première dans l'histoire d'Ubisoft ».

Le groupe s'était fixé comme objectif, pour l'exercice 2022-2023, « de renouer avec une croissance significative des revenus », comptant sur la sortie de nombreux jeux comme « Avatar: Frontiers of Pandora », tiré du long-métrage de James Cameron. Mais, deux mois plus tard, il a annoncé un report de cette sortie très attendue à « 2023-24 » contre fin 2022 initialement. Il a également fait part d'un chiffre d'affaires en baisse de 9,8% au premier trimestre de son exercice 2022-2023.

« Notre objectif est de créer une expérience immersive de pointe qui tire pleinement profit de la technologie "next-gen" », a indiqué l'éditeur dans un communiqué, évoquant « des temps de développement additionnels » liés aux « contraintes actuelles imposées aux productions de l'ensemble du secteur » dans un contexte post-Covid.

(Avec agences)

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Commentaires 3
à écrit le 05/08/2022 à 12:08
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Ne manquez pas de lire "Oxymore" de Jean Tuan chez C.L.C. Éditions. L'auteur observateur attentif de la Chine, le pays de son père, nous dévoile les desseins secrets de la Chine avec l'installation de la 5G en France. Vous découvrirez un très "croust...

à écrit le 04/08/2022 à 20:52
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C'est une bonne idée 💡 de s"accoquiner avec les Chinois? Chez Ubisoft, ils devraient demander à Renault si c'est une bonne idée...comme avec les Russes.

à écrit le 04/08/2022 à 18:49
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Chine est un crise permanente mais presque chaque entriprise est un geant les lois economiques n'existent plus pour la bàs. Au contraire qu'est-ce qui se passe avec des géants français comme Alstom Thomson etc.Ils n'existent plus

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