Le bras de fer sur la lutte contre le piratage se durcit aux Etats-Unis

Le débat prend un tour politique, Obama étant accusé par Rupert Murdoch de faire le jeu des géants de l'Internet contre les producteurs de contenus.
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Google taxé publiquement de "roi du piratage" par Rupert Murdoch lui-même. Le débat sur la proposition de loi antipiratage en discussion au Congrès américain prend un tour de plus en plus acrimonieux et politique. C'est une lettre ouverte publiée samedi par trois conseillers de Barack Obama, présentant la position officielle de la Maison Blanche, qui a mis le feu aux poudres. Ce texte intitulé "Combattre le piratage en ligne tout en protégeant un Internet ouvert et innovant" explique que l'administration Obama "ne soutiendra pas une législation qui réduise la liberté d'expression, augmente les risques en matière de cybersécurité ou sape le dynamisme et l'innovation de l'Internet mondial". Tout en reconnaissant que "le piratage par des sites étrangers est un problème grave qui requiert une réponse législative", l'équipe d'Obama s'oppose à toute forme de censure du Net et à toute atteinte au système des noms de domaine. Si la proposition de loi Sopa (Stop the Piracy Online Act), qui prévoyait ce blocage des noms de domaine, semble enterrée à la Chambre des représentants, le Sénat doit examiner le 24 janvier la proposition Pipa (loi de protection de la propriété intellectuelle), aux dispositions similaires.

La réplique d'Hollywood n'a pas tardé. "Obama s'est donc rallié aux grands argentiers de la Silicon Valley qui menacent tous les créateurs de logiciels de piratage et de vol pur et simple" s'est enflammé Rupert Murdoch au cours du week-end sur son tout récent compte Twitter (@rupertmurdoch, créé le 31 décembre dernier). Le magnat, dont l'empire News Corp contrôle notamment les studios de la 20th Century Fox, les chaînes Fox, les journaux Wall Street Journal et New York Post ou l'éditeur Harper Collins, s'en est pris quelques minutes plus tard à Google accusé d'être "le leader du piratage" parce qu'il "diffuse des films gratuitement et vend de la publicité autour. Pas étonnant qu'il dépense des millions en lobbying", a-t-il lâché, toujours sur Twitter. "Il est temps désormais d'en finir avec l'obstruction et de légiférer", a réagi de son côté l'association des producteurs de films (MPAA) qui estime que les mesures doivent concerner "les courtiers en publicité, les systèmes de paiement et les moteurs de recherche".

Lettre ouverte

Le géant de Mountain View n'a guère apprécié. "L'an dernier, nous avons enlevé 5 millions de pages Web qui ne respectaient pas la propriété intellectuelle de nos résultats de recherche", a fait valoir une porte-parole de Google à l'agence Reuters. Et d'ajouter "qu'il existe des moyens intelligents, ciblés pour fermer les sites étrangers véreux sans demander à des sociétés américaines de censurer l'Internet". Plusieurs pionniers de la Toile, comme les fondateurs d'eBay, de Google, de Twitter, de Yahoo ou de Wikipedia, avaient publié une lettre ouverte à la mi-décembre s'inquiétant des dispositions de ces propositions de loi du Congrès qui donneraient au gouvernement américain "le pouvoir de censurer internet en utilisant des procédures similaires à celles employées par la Chine, la Malaisie ou l'Iran". Le débat ne devrait pas en rester là...

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