Le grand retour du Web2day, le festival de la tech, plus sociétal et responsable que jamais

Après trois années de diète, les aficionados du Web2day retrouveront leur festival de la tech et du numérique du 1er au 3 juin prochain à Nantes. Une édition de reprise, concoctée en cinq mois, où 230 speakers, dont 50% de femmes, ont répondu présent pour participer à un évènement devenu plus sociétal que techno, plus responsable aussi.
Venu démystifier l'univers de l'informatique quantique sur la scène du Web2day en 2018, Olivier Ezratty et Fanny Bouton seront de  retour cette année pour répondre à la question Le quantique, quatre ans après, où en sommes-nous ?
Venu démystifier l'univers de l'informatique quantique sur la scène du Web2day en 2018, Olivier Ezratty et Fanny Bouton seront de retour cette année pour répondre à la question "Le quantique, quatre ans après, où en sommes-nous ?" (Crédits : Frédéric Thual)

Traversée par les grands courants sociétaux du recrutement, de l'épanouissement au travail, de la santé, de l'inclusion, des inégalités et de la mixité, des transitions digitales, écologiques et énergétiques... l'édition 2022 du Web2day fera-t-elle le plein ? Après trois années d'abstinence, de conférences en visio largement entrées dans les mœurs et l'appréhension de se retrouver en vase clos dans une fourmilière, à moins d'une semaine de l'évènement, les organisateurs avaient les yeux rivés sur les compteurs. « C'est une édition de reprise. On se déverrouille et c'est clairement un pari!», reconnaît Adrien Poggetti, co-fondateur du Web2day, festival du numérique installé dans le paysage nantais depuis une douzaine d'années, revendiquant le titre « d'évènement incontournable pour l'écosystème d'innovation Français ».

Pour le moins, c'est pour les participants, qu'ils soient geeks à capuche, dirigeants de startup ou financiers cravatés, une bouffée d'oxygène avant la trêve estivale. « À part Vivatech à Paris, il n'y a rien... », résume Adrien Poggetti qui compte, cette fois encore, attirer plus de 10.000 personnes sur les bords de Loire, sous les Nefs de Nantes, dans les amphis de Stereolux... et, pour la première fois, dans la Halle 6 Est, devenue le nouveau lieu totem du numérique nantais, et dans la Halle 6 Ouest, réhabilitées respectivement par l'agence Avignon et Clouet architectes pour la première et les agences LIN architects (Finn Geipel) et F. AU (Xavier Fouquet) pour la seconde afin d'accueillir le pôle universitaire interdisciplinaire dédié aux cultures numériques.

« C'est la concrétisation de la vision historique de l'évènement qui s'ancre totalement dans le quartier de la Création sur l'île de Nantes où les Halles 1 et 2 sont en cours de finalisation», se félicite Adrien Poggetti, par ailleurs directeur de la Cantine Numérique, venue s'installer sur 1.500 m² dans la Halle 6 Est, cet hiver, après l'incendie qui avait dévasté ses locaux en 2016.

Des inscriptions similaires à 2019

À une semaine du jour J, les organisateurs du Web2day enregistraient 7.000 réservations. « Lors de l'édition précédente, nous avions eu 4.000 à 5.000 inscriptions la dernière semaine et 1.200 les deux derniers jours. Les leviers sont difficiles à comprendre mais on y croit, les gens ont besoin de se retrouver», se rassure Adrien Poggetti. Ce qui est sûr, déjà, c'est que 40% des inscrits ne proviennent pas de l'agglomération nantaise. Et que les partenaires sont quasiment aussi nombreux que pour les précédentes éditions : cinquante en 2019, quarante-cinq cette année, dont des ténors de l'écosystème nantais comme Akeneo, qui a récemment levé 122 millions d'euros, la plateforme de livraison collaborative Shopopop qui levé 20 millions d'euros, TheFork, la plateforme de réservation de restaurants en ligne, et quelques pointures comme HumanCraft, plateforme d'intermédiation entre les entreprises de services du numérique (ou ESN) et les grands comptes, ou encore l'américain Twilio, spécialisé dans les communications unifiées via le cloud. « Le vrai sujet pour toutes ces boîtes, c'est le recrutement. Et, le Web2day, c'est l'opportunité de se faire voir », observe Adrien Poggetti.

Que les ETI, PME et startups s'inspirent mutuellement

C'est d'ailleurs à travers « la guerre des talents » que les organisateurs entendent capitaliser pour ouvrir davantage le Web2day aux PME et aux ETI, confrontées aux mêmes problématiques. Jusque-là, ces catégories d'entreprises représentaient 20% des visiteurs.

«Si on atteignait 30% à 35%, ce serait super. On veut que les uns les autres s'inspirent mutuellement. C'est la vraie nouveauté du festival. On veut montrer comment la tech se met au service des transitions, du futur du travail ou de la santé. La fonction du travail a évolué avec le Covid. On a pris conscience que le management à la papa, c'est fini. Il s'agit maintenant de savoir comment fidéliser ses salariés... ».

D'ailleurs, « PME/ETI & Licornes : même combat dans la guerre des recrutements » sera l'une des nombreuses conférences de ce festival où les thèmes originels de la tech (Comment faire de l'UX quand on n'est pas UX designer ?) sont désormais dilués dans des sujets plus sociétaux comme l'inclusion des personnes LGBT dans la tech, l'intégration du bonheur au travail, le burnout des entrepreneurs, les enfants comme source d'inégalités au travail, les nouvelles technos ainsi que la santé mentale, avec le témoignage de Yannick Trescos, ancien pharmacien militaire confronté au stress post-traumatique sur des zones de conflits et CEO de ResilEyes Therapeutics...

« Il s'agira aussi de s'interroger sur l'impact de la tech dans les parcours de soins. Il y aura aussi beaucoup d'interventions sur l'IA et la santé, les datas et la santé... Ce qui est particulièrement intéressant cette année, c'est que l'on intègre des profils qui ne sont pas que technos: des philosophes, des sociologues, un ex- footballeur... qui permettent de sortir du seul prisme du numérique», détaille Magali Olivier, co-fondatrice du Web2day en charge d'une programmation qui mêle tech, santé, médias, culture, art... « On reste un évènement tourné vers les professionnels, mais j'aimerais bien qu'on aille vers une formule où l'on mélange les genres, à l'image de la société, pour aller vers le grand public. Le numérique, ce n'est pas un secteur. Il est partout. Et j'aimerais que l'on s'intéresse à l'illectronisme pour montrer comment les nouvelles technos servent le bien commun... », dit-elle. À l'image de la Fresque Numérique présentée pendant le Web2day. Ludique et collaboratif, ce serious game, inspirée de La Fresque du climat, veut expliquer les grandes lignes des actions à mettre en place pour évoluer vers un numérique plus soutenable.

Devenir un festival responsable

L'autre enjeu du Web2day est d'équilibrer un budget de 600.000 à 650.000 euros, soutenu à hauteur de 10% par Nantes Métropole et la région des Pays de la Loire. « Nous aussi, nous faisons face à l'inflation des coûts. Tous les tarifs des prestations de logistique, de montage des villages, de sécurité... ont grimpé de 10% à 15%. Il a fallu faire des choix. On a repris tous les postes, ligne par ligne, pour rentrer dans le budget, quitte à lancer des appels d'offres sur des prestations où l'on avait l'habitude de travailler avec des gens que l'on connaissait. On est devenu plus sélectif en privilégiant le circuit court », explique Adrien Poggetti.

Parmi les choix évoqués, les organisateurs ont décidé de faire l'impasse sur le volet international de la manifestation qui recevait habituellement des délégations étrangères d'Europe, du Canada, d'Afrique... « Avec la Covid, c'est devenu plus compliqué... Le Web2day a été monté en cinq mois contre neuf habituellement. Et, en fait, nous n'avions pas envie de promouvoir des déplacements en avion quand il est possible d'organiser des conférences en ligne. On veut devenir un festival responsable. On a travaillé sur la limitation des déchets, le circuit court des prestataires et l'ambition de l'année à venir est de mesurer l'impact environnemental du festival, même s'il est très compliqué d'être à zéro impact», estime Adrien Poggetti.

En revanche, 50% des 230 speakers présents cette année, seront des femmes. « On a réussi la parité hommes/femmes. Et ce n'est pas le plus simple », se réjouissent Adrien Pogetti et Magali Olivier. « Tout le monde le dit, nous, on le fait !», souligne le duo, qui entend bien rester l'organisateur de « l'évènement tech le plus dingue de France !»

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