
Le foot français se cherche encore, désespérément, un nouveau diffuseur. Après avoir récupéré les droits TV de la Ligue 1 et de la Ligue 2 d'un Mediapro incapable d'honorer ses paiements, la Ligue de football professionnel (LFP) a organisé, dans l'urgence, un nouvel appel d'offres dans l'espoir de lui trouver un successeur. Et si possible à bon prix, pour éviter que les clubs, déjà minés par la crise du coronavirus, ne s'enfoncent davantage dans la crise. L'opération s'est soldée par un échec. Lundi soir, la LFP a dévoilé le résultat de l'appel d'offres: aucune des propositions reçues n'a fait l'affaire, d'un point de vue qualitatif et quantitatif. Si aucun montant n'a été révélé, aucune offre n'a atteint le prix de réserve minimum fixé par la Ligue.
L'initiative avait, il est vrai, du plomb dans l'aile. Les deux principaux acteurs susceptibles de reprendre le flambeau de Mediapro sont connus : ils se nomment Canal+ et BeIN Sports. Problème : ils ont tous deux boudé l'appel d'offres. Canal+ est aujourd'hui en conflit avec la LFP, dont il conteste la manière de faire. A ses yeux, seul un appel d'offres global est envisageable, comprenant l'intégralité des lots, y compris le sien, qu'il a racheté à BeIN Sports pour 330 millions d'euros par an. Canal+ estime que le prix de son lot a été artificiellement gonflé du fait de l'irruption de Mediapro. Pour sa direction, il faut tout remettre à plat. La chaîne de Vincent Bolloré n'a pas hésité à saisir la justice pour contester l'appel d'offres de la LFP, et une audience est prévue le 19 février.
Une situation de plus en plus critique
Sans les deux poids lourds que sont Canal+ et BeIN Sports, la situation semble dans l'impasse. Seul maigre motif de satisfaction, de nouveaux acteurs ont fait part de leur intérêt pour le foot français. Le géant américain Amazon, la plateforme DAZN et Discovery, la maison-mère d'Eurosport, ont déposé des dossiers. Idem pour Jean-Michel Roussier, le directeur éditorial de la chaîne Téléfoot montée par Mediapro. Ce dernier s'est porté candidat... en son nom propre.
La LFP s'est donnée deux jours, d'ici mercredi soir, pour « définir les prochaines étapes de la commercialisation » des droits. Des négociations de gré à gré vont peut-être voir le jour. Au terme de l'appel d'offres qualifié d'« infructueux », certains se sont montrés optimistes. A l'instar de Jean-Michel Aulas, le président de Lyon, qui juge « la situation intéressante ». A voir... Le temps joue contre la LFP et les clubs, qui voient mécaniquement la valeur des droits diminuer à chaque journée de championnat qui passe. Cette situation inédite va en outre obliger la Ligue à bricoler pour décider des modalités de diffusion des affiches à venir, comme le « classico » entre le PSG et Marseille ce dimanche.
Un juste milieu à trouver
A contrario, Canal+ peut se permettre de jouer la montre. L'état-major de la chaîne cryptée, particulièrement échaudé par la manière dont la Ligue a sabré le champagne après son éviction du premier appel d'offres, n'est certainement enclin à faire de cadeau. Il faudra pourtant, in fine, trouver un juste milieu. Si le montant des droits devait trop dégringoler, le championnat et ses clubs pourraient au mieux se retrouver copieusement affaiblis, au pire faire faillite. Ce qui ne ferait ni leurs affaires, ni celles du ou des nouveaux diffuseurs.
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