Précarité numérique : Emmaüs Connect collecte le matériel informatique des entreprises pour lui donner une seconde vie

L’association Emmaüs Connect, qui lutte depuis 2013 contre l'exclusion numérique en France, lance cette semaine une nouvelle plateforme baptisée "LaCollecte.tech". Le but : recueillir les dons de matériels informatiques usagés des entreprises. Les objets récoltés (ordinateurs portables, smartphones, tablettes) seront reconditionnés pour être vendus à prix abordable à des personnes dans le besoin.
Anaïs Cherif
Emmaüs Connect lutte contre l'exclusion numérique depuis 2013 en France.
Emmaüs Connect lutte contre l'exclusion numérique depuis 2013 en France. (Crédits : Emmaüs Connect)

Équiper des personnes dans le besoin, tout en recyclant le matériel informatique usagé des entreprises... c'est l'objectif d'Emmaüs Connect, qui a lancé cette semaine une nouvelle plateforme solidaire. Baptisé "LaCollecte.tech", le site vise à collecter les dons de matériels informatiques des entreprises pour pouvoir les reconditionner et les vendre à prix abordable à des personnes en précarité sociale et numérique. Le matériel recherché en priorité : les ordinateurs portables, les smartphones et les tablettes.

"Il s'agit de matériel informatique qui ne prend pas de place et peut facilement se déplacer", explique Marie Cohen-Skalli, co-directrice d'Emmaüs Connect.

Et de poursuivre : "Ce sont les principaux besoins identifiés pour accéder à une autonomie numérique pour les publics en situation de précarité que nous accompagnons (personnes à la rue, demandeurs d'emplois, personnes au RSA, seniors, jeunes...) et qui n'ont pas les moyens de s'équiper."

Dans deux ans, 100% des services publics seront dématérialisés

Si la fracture numérique en France n'est pas un phénomène nouveau, les confinements et les mesures sanitaires imposés depuis la crise du Covid-19 ont remis en exergue les inégalités croissantes en la matière. Faute de moyens pour s'équiper, environ 8 millions de personnes en France sont coupées d'un accès à Internet, selon une étude de l'Insee publiée en octobre 2019.

Un facteur d'exclusion sociale à l'heure où le gouvernement promet une dématérialisation à marche forcée de 100% des services publics à horizon 2022.

Confinés et sans Internet, c'est "la solitude la plus totale"

C'est pourquoi l'association a contacté 900 structures sociales sur l'ensemble du territoire pour connaître les besoins en matériels informatiques de personnes précaires lors du premier confinement.

"Des milliers de demandes nous ont été remontées", chiffre la co-directrice. "Or, les personnes n'ayant pas accès à Internet pendant le premier confinement se sont retrouvées plongées dans la solitude la plus totale."

Rien qu'entre mars et mai, Emmaüs Connect a aidé 26.000 personnes à disposer d'une connexion d'urgence à Internet, contre 46.000 personnes accompagnées depuis sept ans.

Équiper 50.000 personnes d'ici un an

En parallèle, de nombreuses entreprises françaises ont dû renouveler leur matériel informatique depuis le début de la crise sanitaire pour pouvoir assurer le travail à distance. C'est pourquoi l'association a "décidé de changer d'échelle" et de "massifier la collecte de dons en entreprise pour pouvoir structurer une filière" et répondre à la demande croissante. Grâce à "LaCollecte.tech", Emmaüs Connect espère ainsi pouvoir aider 50.000 nouvelles personnes d'ici un an.

Concrètement, une entreprise souhaitant faire un don peut se rendre sur LaCollecte.tech et répondre à six questions : type de matériels donnés, état général de la flotte informatique, localisation du retrait, etc. Emmaüs Connect se charge de la suite: collecte, tri, reconditionnement et distribution.

Avec treize points d'accueil dans toute la France, l'objectif de l'association est de construire un maillage national avec des réseaux locaux. Emmaüs Connect travaille pour l'instant avec trois reconditionneurs partenaires favorisant l'emploi de travailleurs en insertion : Trira (Rhônes-Alpes), Ateliers du Bocage (Pays de la Loire) et le Groupe ARES (Ile-de-France). Après reconditionnement, ces derniers transmettent aux entreprises donatrices un certificat attestant la cession de propriété et l'effacement des données.

Un ordinateur à 80 euros, un smartphone à 40 euros

Le matériel informatique sera ensuite distribué dans des structures sociales locales les plus proches pour pouvoir être vendu aux bénéficiaires "à prix solidaire", souligne Marie Cohen-Skalli. "Un ordinateur peut être proposé à 80 euros et un smartphone à 40 euros", chiffre-t-elle, en précisant que le prix varie selon les caractéristiques. Ces prix aussi bas sont rendu possibles grâce aux reconditionneurs partenaires qui renoncent à leur marge commerciale.

Si, pendant le confinement, l'association essaye d'équiper gratuitement les personnes dans le besoin, "l'acte d'achat est un engagement pour accéder à l'autonomie numérique", estime la co-directrice. "Il est aussi primordial pour pouvoir faire fonctionner la filière à long terme, puisque nous voulons proposer une réponse dans le temps au-delà de la crise sanitaire."

Anaïs Cherif

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Commentaire 1
à écrit le 13/11/2020 à 11:10
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Il doit être content de cette initiative le gouvernement qui veut tout numériser chez les commerçants ,ensuite ce n'est pas parce qu'on a du matos qu'on sait l'utiliser.Il faut un minimum de formation.

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