Enchères 5G : Orange se montre le plus gourmand

Au terme de la première journée des enchères pour les fréquences 5G, ce mardi, l’opérateur historique a affiché sa détermination à rafler un maximum de spectre.
Pierre Manière
Stéphane Richard, le PDG d'Orange.
Stéphane Richard, le PDG d'Orange. (Crédits : Reuters)

Orange a les crocs. Ce mardi, au terme de la première journée de la vente de spectre 5G aux opérateurs, le numéro un français des télécoms s'est montré très gourmand. C'est le seul acteur qui a demandé le maximum de blocs de fréquences possible sans jamais réviser sa position à la baisse pendant les quatre premiers tours d'enchères.

Pour rappel, cette vente vise à répartir 110 MHz de fréquences 5G dans la bande des 3,5 GHz entre les quatre grands opérateurs français - à savoir Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free. Onze blocs de 10 MHz sont mis en vente, au prix unitaire de départ de 70 millions d'euros. Il s'agit d'une enchère ascendante. Chaque opérateur demande un nombre de blocs (au maximum cinq), et peut uniquement revoir sa position à la baisse entre chaque tour. Les tours s'enchaînent tant que le nombre total de blocs demandés est supérieur à l'offre. Entre chaque tour, le prix unitaire des blocs augmente. Ce mardi, l'augmentation était de 5 millions d'euros par tour.

Bouygues fait machine arrière

Orange a d'emblée annoncé la couleur. Au premier tour, selon nos informations, l'opérateur historique a demandé cinq blocs. SFR, le numéro deux des télécoms, n'en a réclamé « que » quatre. Ce faisant, le groupe de Patrick Drahi a, semble-t-il, envoyé un message important à la concurrence : il souhaite visiblement que les enchères se déroulent rapidement sans que les prix grimpent au plafond. Bouygues Telecom, de son côté, a bombé le torse en demandant... cinq blocs comme Orange ! Iliad (Free) a pour sa part demandé trois blocs.

Au second tour, Orange et SFR ont campé sur leurs positions. En revanche, Bouygues Telecom a fait machine arrière, passant de cinq à trois blocs. Iliad, de son côté, est passé de trois à deux blocs. Au troisième tour, aucun opérateur n'a bougé le petit doigt, sauf SFR, qui ne désire plus que trois blocs. Et au quatrième tour ? Rien : les opérateurs ont gelé leurs positions malgré un prix au bloc de 85 millions d'euros. L'Arcep, le régulateur des télécoms qui organise cette vente, a alors interrompu la procédure. L'autorité a donné rendez-vous aux acteurs mercredi matin, à 9h30, pour reprendre l'enchère. Dans un communiqué l'Arcep précise que le prix des blocs passera à 90 millions d'euros. Toutefois, ce tarif augmentera ensuite moins qu'avant, à hauteur de 3 millions d'euros par tour. Est-ce pour cela que le régulateur a choisi d'arrêter l'enchère ce mardi, alors que le règlement permettait d'effectuer jusqu'à huit tours ? Interrogée par La Tribune, l'Arcep ne fait pas de commentaire.

Orange va-t-il céder un bloc ?

Que va-t-il se passer demain ? Pour l'heure, les opérateurs demandent 13 blocs, soit deux de plus que l'offre disponible. Pour arrêter l'enchère et éviter que les prix flambent, certains devront revoir leurs ambitions à la baisse. Pour Alexandre Iatrides, analyste chez Oddo BHF, il est très probable que Bouygues Telecom s'aligne sur Iliad, en demandant deux blocs au lieu de trois. Il ne voit pas, en revanche, l'opérateur de Xavier Niel lâcher un autre bloc. « Il serait difficile pour Bouygues et Iliad, en terme d'ambitions dans la 5G et d'image, que l'un se retrouve avec moins de fréquences que l'autre », affirme-t-il. Dans l'hypothèse où Bouygues et Iliad campent sur deux blocs, la balle sera dans le camp d'Orange et de SFR. L'un d'entre eux devra renoncer à un bloc pour arrêter l'enchère. SFR a déjà lâché du lest en se positionnant rapidement sur trois blocs. Pas sûr qu'il souhaite faire davantage de concessions... Et Orange ? Au regard de cette première journée, l'opérateur historique semble déterminé à garder ses 50 MHz. Mais si jusqu'alors, le prix n'était visiblement pas un problème, cela pourrait bientôt le devenir.

« Cette enchère se déroule assez rapidement »

En attendant, la vente des fréquences 5G a atteint, ce mardi, 2,39 milliards d'euros. Ce montant intègre le prix de quatre blocs de 50 MHz de fréquences acquis en amont par tous les opérateurs pour 350 millions d'euros« Au final cette enchère se déroule assez rapidement, juge Alexandre Iatrides. Je suis étonné de voir SFR céder aussi vite. » Jusqu'à présent, les analystes financiers sondés par La Tribune pariaient sur un prix global des fréquences 5G compris entre 2,6 et 3 milliards d'euros. On s'en rapproche.

Pierre Manière

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Commentaires 7
à écrit le 30/09/2020 à 16:02
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Comme d'habitude. C'est la stratégie de l'obstruction. On voit l'exemple en Bretagne : Orange y controle quasi tout le passage à la fibre, aussi bien privé que public (ce dernier n'étant en réalité qu'une filiale d'orange). Résultat : on s'éternise ...

à écrit le 30/09/2020 à 12:27
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l'endettement de son concurrent est tel sfr, qu'a leur place j'achèterai tout, pour ensuite revendre a vile prix aux autres. la capacité d'endettement d'orange est l'une des clefs que finira par ne plus avoir sfr. Quant a free, il a pu avoir po...

à écrit le 30/09/2020 à 9:54
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économisons, la crise économique et de l'emploi va être terrible, et nous les salariés en paierons les pots cassés, pas les riches ni les rentiers.... d'ailleurs ils n'ont jamais autant gagné de fric que maintenant.

à écrit le 29/09/2020 à 23:09
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Macron ultralibéral court-termiste comme 90% de la classe politique en France, en Europe et aux USA à l'occasion de la 5G, fait les poches à Orange, et lui interdit de faire appel en France à l'équipementier Chinois qui a 10 ans d'avance sur la 5G av...

le 30/09/2020 à 12:34
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Surtout d'une classe politique et économique court termiste, donc le fait qu'ils aient été aveugle pour la délocalisation, ne permet pas de dire qu'ils ne feront pas la même chose! En ce moment free développe en irlande, orange a normalement aussi...

à écrit le 29/09/2020 à 22:09
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La Direction d’orange promeut la 5G car elle ne pense qu’au fric pour financer son train de vie festif à travers la planète et méprise les méfaits environnementaux de la 5G. Richard est pourtant destinataire des études qui prouvent que la 5G est inut...

le 30/09/2020 à 16:11
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"à travers la planète" et on se plaint des entreprises étrangères qui veulent s'accaparer nos joyaux nationaux ? C'est bien ou non qu'une entreprise française soit présente un peu "partout" ? Bon, elle paie ses impôts sur place, pas qu'en France, com...

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