Ventes d'iPhone : Apple est-il victime de ses prix prohibitifs ?

Par Anaïs Cherif  |   |  684  mots
Le géant américain Apple a annoncé un chiffre d'affaires à la baisse pour le premier exercice décalé suite à des ventes d'iPhone plus faibles que prévues. (Crédits : Dado Ruvic)
Apple a alerté ses investisseurs d'une baisse de son chiffre d'affaires pour son premier exercice fiscal, attribuée à un ralentissement de ses ventes d'iPhone. Si le géant américain l'attribue à la guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis, il se garde bien d'évoquer sa politique tarifaire haut de gamme avec des iPhone à plus de 1.600 euros.

Apple met en garde ses investisseurs. Le premier trimestre de son exercice décalé, qui s'est clôturé le 29 décembre, sera moins bon que prévu. Le chiffre d'affaires devrait s'élever "approximativement à 84 milliards de dollars (74 milliards d'euros) pour une marge brute d'environ 38%", a écrit Tim Cook, Pdg d'Apple, dans une lettre adressée aux investisseurs mercredi 2 janvier. Initialement, la firme de Cupertino avait livré une prévision de son chiffre d'affaires de 89 à 93 milliards de dollars. C'est la première fois depuis le lancement de l'iPhone en 2007 qu'Apple émet un avertissement sur son chiffre d'affaires avant la publication de ses comptes trimestriels, dont les résultats définitifs seront publiés dans quelques semaines.

La baisse du chiffre d'affaires résulterait de ventes d'iPhone plus faibles qu'attendues, puisque les autres produits Apple (Mac, iPad, AppleWatch, HomePod et sa division services) ont connu une croissance de presque 19% sur un an. "Notre premier trimestre sera affecté par des facteurs macroéconomiques et propres à Apple", a estimé Tim Cook. Le Pdg attribue cette baisse d'activité à "une faiblesse économique dans certains marchés émergents (...) avec un impact beaucoup plus important que nous ne l'avions prévu."

Tensions avec la Chine

Le patron américain cible notamment la Chine :

« Nous n'avions pas prévu l'ampleur de la décélération économique, en particulier en Chine », attribuée aux tensions "croissantes" entre les États-Unis et la deuxième économie mondiale. « Alors que la Chine et d'autres marchés émergents ont causé en grande partie la baisse du chiffre d'affaires généré par les ventes d'iPhone sur l'année, dans certains marchés développés, les remplacements d'iPhone n'ont pas été aussi importants que nous l'avions imaginé. »

Selon Tim Cook, les adeptes de la firme à la Pomme ont préféré remplacer leurs batteries plutôt que de se ruer sur les derniers modèles d'iPhone. En effet, fin 2017, Apple avait avoué ralentir volontairement les processeurs de certains anciens modèles d'iPhones (iPhone 6, iPhone 6s et iPhone SE) via iOS, son système d'exploitation. Suite à la polémique, le géant américain s'était engagé à remplacer les batteries à prix réduit - passant de 89 à 29 euros pour les clients souhaitant changer leurs batteries courant 2018. Tim Cook attribue également ce fléchissement du chiffre d'affaires à la vigueur du dollar américain et des calendriers de sorties d'iPhone différents de ceux pratiqués en 2018.

Prix prohibitif des derniers iPhone

Le géant américain se garde bien d'évoquer un potentiel "effet prix". En 2018, Apple a sorti des déclinaisons de son modèle iPhone X, sorti en 2017 à l'occasion des 10 ans du smartphone. Pour ses derniers modèles, le prix dépasse amplement les 1.000 euros et peut s'envoler sur 1.657 euros pour les versions les plus chères. À titre de comparaison, le Smic en France est inférieur à 1.200 euros net mensuels. Cette hausse des prix peut également constituer un frein à l'achat pour les pays émergents.

« Les ventes d'Apple en Chine ne se portent pas bien depuis quelques trimestres, en partie parce que les prix sont trop élevés - au-delà de la barre des 1.000 dollars, explique à Reuters Kiranjeet Kaur, analyste au cabinet d'études IDC. (C'est) presque trois fois plus cher que les téléphones d'autres fabricants qui inondent le marché de masse. »

Cet avertissement n'est pas vraiment une surprise. Début novembre, Apple avait déjà annoncé qu'il ne communiquerait plus le chiffre de ventes de ses iPhoneune donnée scrutée de près par les marchés financiers mais qu'Apple considère comme peu révélatrice de sa santé financière. Jusqu'ici, le géant américain avait réussi a endiguer une stagnation, voire une baisse de ventes d'iPhone, grâce à la hausse des prix.

Suite à cet avertissement, l'action Apple a reculé de près de 8% après la clôture de Wall Street, ramenant la capitalisation de l'entreprise sous les 700 milliards de dollars, contre 1.100 milliards de dollars à son sommet, en octobre dernier. La firme à la Pomme reste cependant assise sur la coquette somme de 130 milliards de dollars nets en cash...