La hausse du taux d'épargne en France doit-elle inquiéter ?

Les résultats détaillés des comptes nationaux publiés vendredi par l'Insee montrent que les prestations sociales versées en espèces ont augmenté de 3% au deuxième trimestre, conséquences des aides décidées par le gouvernement pour venir en aide aux ménages défavorisés.

Le taux d'épargne des Français est monté en flèche au deuxième trimestre mais les économistes sont partagés quant aux conséquences éventuelles sur la consommation et la croissance.
 

Les résultats détaillés des comptes nationaux publiés vendredi par l'Insee montrent que les prestations sociales versées en espèces ont augmenté de 3% au deuxième trimestre, conséquences des aides décidées par le gouvernement pour venir en aide aux ménages défavorisés.
 

Couplée à la baisse de l'inflation (passée en mai en territoire négatif), la hausse des transferts sociaux a compensé l'effet négatif de la montée du chômage et permis au revenu disponible des ménages de croître de 1,1% sur ces trois mois.
 

Or la consommation n'a progressé que de 0,2% sur la période et le surcroît de revenu s'est transformé en épargne. Selon l'Insee, le taux d'épargne a grimpé à 16,7%, contre 16,0% au premier trimestre et une moyenne de 15,3% sur l'ensemble de 2008. Il faut remonter à 2002, quand il était à 16,9%, pour retrouver de tels niveaux.
 

"Ce phénomène est une vraie menace pour les mois qui viennent", avertit Alexander Law, économiste au cabinet de recherche Xerfi.
"Avec l'inflation qui va repartir à la hausse et les destructions d'emplois qui vont se poursuivre, il n'y a pas lieu de penser que la consommation puisse résister indéfiniment", prévient-il.
 

La nette baisse des achats de produits manufacturés en juillet (-1,2%) et en août (-1,0%) constitue selon lui une première alerte, même si les dépenses en produits durables ne représentent que le quart de la consommation totale des ménages.
 

"Il est possible que ce soit le premier signal qu'il y a une épargne de précaution qui est en train de se constituer suite au choc de la crise", convient Karine Berger, directrice des études chez l'assureur-crédit Euler Hermes Sfac.
 

"Il faut être très prudent parce qu'on a des séries heurtées et à ce stade je suis plus préoccupée par les chiffres de baisse de la consommation en juillet-août, qui sont très nets, que par la montée trimestrielle du taux d'épargne", nuance-t-elle.
"Mais s'il devait rester au-delà, cela signifierait une chute de la consommation beaucoup plus forte en 2010".
 

MATELAS DE SÉCURITÉ
 

Les économistes d'Exane BNP Paribas estiment au contraire que la hausse du taux d'épargne permet de lisser sur le moyen terme les effets de la hausse du chômage sur la consommation.
"En période de chômage c'est plutôt une bonne chose que les ménages aient un certain matelas d'épargne pour continuer à soutenir la consommation", expliquent-ils en relativisant en outre la baisse des dépenses en juillet-août. "C'est vrai que la consommation a reculé cet été mais les chiffres de l'Insee ont été brouillés par des effets statistiques sur les immatriculations de voitures et sur les soldes et sont donc à analyser avec prudence", font-ils valoir.
 

Pour les économistes d'Exane, les aides aux ménages modestes leur ont permis d'épargner davantage sans couper trop dans leur budget. "Cela ne se transforme pas tout de suite en dépenses mais ça permet de lisser sur le moyen terme les effets de la hausse du chômage sur la consommation."
 

Marc Touati, chez Global Equities, évoque aussi un soutien à moyen terme. "Les ménages se sont constitué un matelas de sécurité pour maintenir un niveau de consommation appréciable pour la fin 2009 et le début 2010", estime-t-il.
 

"L'augmentation du taux d'épargne ne correspond donc pas à un mouvement de panique mais au fameux principe de précaution", ajoute-t-il en y voyant pour preuve l'amélioration du moral des ménages en septembre, également annoncée vendredi par l'Insee.
"Ces évolutions confirment que l'économie française pourra encore compter sur la résistance des dépenses des ménages. Ce sera insuffisant pour retrouver le chemin d'une croissance forte mais cela permettra tout de même d'éviter le retour de la récession", conclut Marc Touati.

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Commentaires 11
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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vOUS OUBLIEZ QUE LES GENS QUI EPARGNENT SONT LES PLUS AISES ET QUE CEUX QUI VOUDRAIENT BIEN CONSOMMER SONT LES PLUS PAUVRES ET DONC N'ONT PAS LES MOYENS. D'OU LA NECESSITE DE MIEUX REPARTIR LES REVENUS. PAS BESOIN D'AVOIR FAIT DES ETUDES D'ECONOMIE P...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Comment pourrait-elle surprendre? Dans cette cochonnerie de pays où une taxe n'est pas un impôt et où les dirigeants se méfient autant du bon peuple que le peuple se méfie de ses c... de drigeants, il est impossible qu'il en soit autrement. Madame ME...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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épargner pour payer les impots et taxes

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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avant que les ménages que vous appelez modestes puissent se constituer une épargne il faudra d'abord qu'ils puissent assurer les fins de mois et manger tous les jours correctement.je ne suis pas sûr que vous sachiez ce que c'est de faire vivre une pe...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Il bien faut épargner afin de payer toutes les hausses des différentes taxes ( Habitation, taxes foncières, carbone, etc...) et l'augmentation des assurances ( Mutuelles, habitation, etc...) mais ceci n'est pas et ne sera pas la consommation des ména...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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ceux qui economisent?????? les rsa et autres allocataires qui bossent en plus au BLACK!!!!!!

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Il reste évident que les économistes ne se rendent pas compte d'une certaine réalité , pour épargner il faut déja arriver à joindre les 2 bouts avec son salaire ou indémnites ASSEDIC ,

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Et si tout simplement le moral des Français se mesurait ailleurs que dans la destruction de biens souvent inutiles ?

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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ENTRE LES RMISTES ET LES FAUX CHOMEURS QUI BOSSENT AU BLACK...ET LES ULTRA RICHENT QUI ONT ECONOMISE L ARGENT DES IMPOTS GRACE AU BOUCLIER FISCAL,IL RESTE LA CLASSE OUVRIERE LABORIEUSE QUI TRAVAILLE DU LUNDI AU VENDREDI EN AYANT DU MAL A FINIR LES FI...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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faut payer, faut payer, on en a jamais assez continuez, continuez, faites fructifier les plus aisés et glou et glou et glou!!!

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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de bonnes analyses et constats , de part et d'autre - - le bon sens français est présent à tous les étages - - l'on a pas tout perdu encore _ _ mais pour combien de temps ?

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