Les spiritueux, de belles valeurs cycliques ignorées

Pernod Ricard a publié jeudi un chiffre d'affaires trimestriel supérieur aux prévisions des analystes.

 

Le secteur des vins et des spiritueux pourrait bientôt revenir en odeur de sainteté auprès des investisseurs. L'action Pernod Ricard a signé hier l'une des plus fortes hausses de l'indice CAC 40, avec un gain de 2,32 %, à 57,30 euros. Pas seulement parce que le groupe français, numéro deux mondial du secteur derrière le britannique Diageo, a publié un chiffre d'affaires trimestriel supérieur aux prévisions des analystes financiers. Mais également parce que les investisseurs, pour continuer à jouer la reprise de l'économie mondiale, sont aujourd'hui à l'affût des rares valeurs cycliques à ne pas avoir rebondi de façon spectaculaire depuis le début de l'année. Et qui, par conséquent, demeurent bon marché. C'est le cas des producteurs de vins et de spiritueux.

En effet, longtemps considéré comme défensif car classé dans la catégorie agroalimentaire, ce secteur a revêtu un caractère plus cyclique ces dernières années, les groupes axant leur développement sur les produits haut de gamme. Une stratégie destinée à générer des marges plus élevées, mais qui a rendu le secteur plus sensible aux aléas économiques, à l'instar des groupes de luxe.

Une forte réactivité

Résultat, si les producteurs de spiritueux ont fortement pâti de la récession de ces derniers mois, ils sont en revanche parmi les premiers à entrevoir aujourd'hui une amélioration de leur activité. « Notre choix de privilégier les marques haut de gamme accentue un peu le caractère cyclique du groupe, mais renforce également sa capacité de rebond », a insisté hier Pierre Pringuet, directeur général de Pernod Ricard, après la publication d'un chiffre d'affaires en baisse de 4 % seulement au titre du premier trimestre de l'exercice 2009-2010 (juillet à septembre), alors que les analystes tablaient sur un repli de 5,6 %.

La semaine précédente, Rémy Cointreau avait lui aussi agréablement surpris la Bourse, avec un recul de l'activité limité à 0,7 % au premier semestre 2009. Comme Pernod Ricard, Rémy Cointreau avait invoqué un léger mieux aux États-Unis et la vigueur de la consommation dans les pays émergents d'Asie, des marchés porteurs sur lesquels les groupes de spiritueux focalisent leur développement. Diageo, lui, a clos le premier trimestre 2009-2010 sur une chute de 6 % de son chiffre d'affaires, mais la base de comparaison s'avère particulièrement défavorable, les grossistes ayant acheté en masse au premier trimestre 2008-2009, juste avant que le britannique ne relève ses prix de vente.

Des groupes sous évalués

Cette capacité des groupes de spiritueux à profiter rapidement du redressement de l'économie est sous-estimée par le marché, écrivait récemment HSBC. Le courtier jugeait notamment exagérée la décote du titre Pernod Ricard. Toujours considérée, à tort, comme une valeur défensive, l'action est demeurée à l'écart du rally boursier enclenché le 9 mars dernier, et tiré par les secteurs cycliques. Avec une hausse de 8 % seulement depuis janvier, alors que le CAC 40 a grimpé de près de 19 %, le titre Pernod Ricard se paie 13,3 fois le bénéfice net par action estimé par la banque UBS pour l'exercice 2009-2010, soit une décote de 7 % par rapport au secteur.
 

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