Immobilier : le marché locatif est (aussi) gelé

Par Mathias Thépot  |   |  406  mots
La proportion de logements locatifs privés remis chaque année sur le marché ne cesse de diminuer depuis 2011
La mobilité dans le parc locatif privé diminue dangereusement. Ce qui fige le parcours résidentiel des Français.

Tout comme le marché des transactions, le marché de la location privée en France se gèle progressivement. La proportion de logements locatifs privés remis chaque année sur le marché ne cesse de diminuer depuis 2011. Elle s'établit à 23.8% en ce début d'année 2014, contre 27,9% il y a un peu plus de deux ans, indique l'Observatoire des loyers Clameur, dont les données proviennent d'une trentaine de professionnels de l'immobilier (Nexity, Icade, Century 21, FPI, UNPI, Maif, etc...).

La demande est déprimée

C'est une nouvelle illustration du blocage du parcours résidentiel des ménages français dans les zones les plus tendues. Ils n'ont en effet plus de choix entre un secteur locatif social à la file d'attente infinie ; un secteur de l'immobilier neuf qui cherche un équilibre économique pour sortir des logements à des prix raisonnables ; un secteur de l'accession dans l'ancien dont les primo-accédants sont exclus ; et donc un secteur du logement locatif privé qui se tend.
Bref, les ménages ont de moins en moins les capacités d'entreprendre une mobilité. "Le marché doit en effet composer avec une demande particulièrement déprimée par la montée du chômage et les incertitudes sur le pouvoir d'achat", souligne Michel Mouillart, professeur d'Économie à l'Université paris Ouest.

Une offre de plus en plus limitée

Preuve que les locataires du secteur privé restent dans leur logement, "plus de 30% du parc locatif est occupé par des locataires depuis plus de 6 ans", remarque Michel Mouillart.
Ceux qui souhaiteraient se loger dans ce parc se retrouvent donc sur un marché à l'offre limitée et éprouvent les pires difficultés à trouver un logement répondant à leurs besoins.

De surcroît, plus le marché est tendu, plus les locataires restent longtemps dans leur logement. A Paris par exemple, ils ne sont que 16% à rester moins de 3 ans dans leur location et 33,3% à rester 9 ans et plus ! Résultat dans la Capitale, "45% du marché parisien est alimenté par moins de 17% du parc", indique Michel Mouillart. 

Les prix élevés restent stables

Concernant les prix, les loyers du secteur privé continuent globalement de croître, certes doucement, de 0.6% en 2013 pour une inflation de 0,9%, après avoir augmenté de 2,2% en 2012 pour une inflation de 2%.

La hausse reste pourtant modérée au regard des tensions sur le marché locatif. Il faut dire que les prix des loyers sont proches d'un niveau plafond au regard des ressources des locataires.