La menace d'une récession mondiale plombe la Bourse de Séoul

La Corée du Sud est l'un des pays asiatiques les plus affectés par la chute des marchés financiers. Son économie, très exportatrice, est particulièrement sensible aux secousses de l'économie mondiale.
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Ce mardi matin, un vent de panique s'est emparé des marchés financiers sud-coréens, quand le Kospi, principal indice de la bourse de Séoul, a plongé de près de 10%. Les échanges ont été suspendus pendant cinq minutes, un mécanisme de protection utilisé pour la première fois depuis la crise financière de 2008. Le Kospi est ensuite remonté en fin de séance, finissant la journée sur une baisse de 3,6%.

La Corée du Sud est l'une des économies asiatiques qui souffrent le plus de la crise actuelle. Depuis le 2 août, son principal indice boursier a perdu près de 15% de sa valeur. La monnaie sud-coréenne, le won, est aussi affectée : depuis le 5 août, elle affiche une baisse de 3,6% face au dollar et a atteint son niveau le plus bas depuis deux mois.

Ces résultats s'expliquent notamment par la crainte d'une récession aux Etats-Unis, voire dans la zone euro, ce qui pourrait affecter directement l'industrie sud-coréenne.

Car celle-ci est particulièrement dépendante de la demande internationale : en 2010, 51,6% du PIB du Pays du matin calme provenait de ses exportations. Un chiffre à comparer aux 11,5% du Japon et aux 24,1% de la Chine en 2009, selon les chiffres du FMI. "Une secousse sur un marché développé a de lourdes conséquences sur le marché sud-coréen", résume ainsi un analyste.

Les Etats-Unis sont le troisième partenaire commercial de la Corée. En cas de récession américaine, les exportations sud-coréennes de téléphones portables et d'automobiles seraient durement touchées. L'action de Samsung Electronics, le plus grand groupe mondial d'électronique, a ainsi perdu 4,74% de sa valeur. Mais le conglomérat se veut rassurant : "l'impact de la crise n'a pas vraiment affecté la demande ou nos activités économiques au jour le jour", a déclaré un responsable du groupe, cité par l'agence de presse Yonhap. Samsung n'envisage pas pour le moment de réduire ses investissements massifs (14,8 milliards d'euros) prévus cette année.

Le plongeon de la bourse sud-coréenne s'explique aussi par le fait que 32 % de sa capitalisation est détenue par des investisseurs étrangers. La Corée du Sud possède ainsi, à égalité avec Taiwan, le marché financier asiatique où les capitaux étrangers sont les plus présents. Or, ces investisseurs ont vendu aujourd'hui leurs titres en masse, pour un montant total net de 750 millions d'euros.

Le gouvernement sud-coréen tente de réagir. Depuis plusieurs jours, les réunions de crise et les déclarations rassurantes se succèdent. Le fonds de pension sud-coréen, le quatrième fonds de pension au monde, a annoncé envisager d'acheter bientôt des titres, afin de ramener le calme sur les marchés.

De son côté, le président de la Commission des services financiers, le régulateur financier du pays, a tenu à rassurer les investisseurs : "en termes de réserves de devises étrangères, de dette extérieure et de santé de nos entreprises financières, l'économie sud-coréenne est en bonne santé".

La commission a par ailleurs décidé d'interdire pendant trois mois les ventes à découvert ("short selling" en anglais), une mesure également prise lundi par la Grèce.

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