Chômage : un bond inédit depuis 45 ans, les jeunes en première ligne

Le taux de chômage a grimpé de 1,9 point entre le second et le troisième trimestre pour atteindre 9% de la population active selon l'Insee. Chez les jeunes, ce taux s'élève à 21,8%. Le second confinement et la hausse des contaminations ravivent le spectre d'un chômage de masse.
Grégoire Normand
Le déconfinement et le redémarrage de l'activité cet été sont loin d'avoir mis fin aux effets dévastateurs de cette crise inédite.
Le déconfinement et le redémarrage de l'activité cet été sont loin d'avoir mis fin aux effets dévastateurs de cette crise inédite. (Crédits : Reuters)

L'onde de choc de la pandémie continue de se propager. Selon les derniers chiffres de l'Insee rendus publics ce mardi 10 novembre, le taux de chômage au sens du Bureau international du travail (BIT) a augmenté de 1,9 point entre le second et le troisième trimestre pour passer de 7,1% de la population active à 9%. Il s'agit de la plus forte hausse du chômage depuis le début de la série statistique construite par l'organisme public en 1975. En seulement quelques semaines, la pandémie a effacé trois années de baisse du chômage. En effet, la proportion de chômeurs à la fin du mois de septembre a retrouvé son niveau de fin 2017.

Le déconfinement et le redémarrage de l'activité cet été sont loin d'avoir mis fin aux effets dévastateurs de cette crise inédite. La seconde vague de contaminations et le durcissement des mesures sanitaires pour tenter d'endiguer la progression de cette maladie infectieuse risquent encore de faire bondir les chiffres du chômage dans les semaines à venir.

Une hausse mécanique qui pourrait se poursuivre

La hausse du chômage enregistrée au cours du troisième trimestre peut s'expliquer en partie par un rebond mécanique. En effet, la mise sous cloche de l'économie au printemps pendant huit semaines a paralysé un grand nombre d'activités dans le secteur privé et les services publics. Pendant une longue période, beaucoup de demandeurs d'emploi n'ont pas pu effectuer de recherche et se rendre disponibles pour trouver du travail conformément aux critères établis par le bureau international du travail. Résultat, les baisses enregistrées au cours des second et troisième trimestres étaient en trompe-l'œil comme le soulignent très bien les statisticiens basés à Montrouge. "Le troisième trimestre marque un retour à la normale concernant les comportements de recherche et enregistre, de ce fait, une forte augmentation du chômage".

Après la levée des mesures drastiques de confinement et les baisses artificielles, beaucoup de demandeurs d'emploi ont pu répondre aux conventions internationales de mesure du chômage en seulement quelques semaines. Ce qui a provoqué cette hausse soudaine et mécanique, "par contrecoup de la baisse en trompe-l'oeil liée au confinement. Sa hausse (le chômage par rapport à fin 2019 ou sur un an (+0,6 point)) témoigne bien toutefois d'une nette dégradation du marché du travail".

Un taux de chômage important chez les jeunes

Si la pandémie frappe toutes les catégories d'âge, les jeunes sont en première ligne. En effet, le taux de chômage communiqué par l'Insee pour les 15-24 ans atteint des sommets à 21,8% contre 20,9% au second trimestre. Au total, 619.000 personnes de cette catégorie étaient au chômage. La mise à l'arrêt de pans entiers de l'économie tricolore, notamment dans les services, ont précipité des milliers de jeunes au chômage. Les secteurs de la restauration, de l'hôtellerie, du tourisme ou de la culture - qui emploient d'habitude beaucoup de jeunes - ont mis fin à de nombreux contrats courts au printemps sans vraiment avoir de perspectives favorables à moyen terme. Les jeunes ont servi de variable d'ajustement au premier confinement pour permettre aux entreprises de réduire leur coût.

Lire aussi : Covid-19: les jeunes obligés de se "brader" sur le marché de l'emploi

En outre, l'arrivée des jeunes sur le marché du travail après la fin de leur cursus dans l'enseignement professionnel ou l'enseignement supérieur risque de se compliquer sérieusement avec la multiplication des mesures de confinement depuis maintenant plusieurs semaines. L'insertion professionnelle est en train de devenir chaotique pour de nombreux jeunes arrivant sur un marché du travail sinistré. Même les chances d'obtention d'un poste pour les diplômés du supérieur se réduit considérablement avec la baisse du nombre d'annonces comme le rappelait une récente enquête de l'association pour l'emploi des cadres (APEC).

> Lire aussi : Les prévisions de recrutement des cadres s'effondrent

Une progression fulgurante dans les autres catégories

Les autres catégories d'âge sont loin d'être épargnées par les dégâts de cette crise majeure. En effet, bien que le taux soit moins élevé pour les 25-49 ans (8,5%), sa progression en trois mois est spectaculaire (2,1 points). Ainsi, 1,5 million d'individus dans cette catégorie étaient au chômage à la fin du mois de septembre. Au-delà de l'effet mécanique lié au déconfinement, les répercussions néfastes de la crise ont commencé à se faire ressentir au cours du troisième trimestre. En effet, beaucoup de grands groupes ont annoncé des fermetures de sites et des destructions de postes au cours du printemps. Ces annonces ont commencé à devenir effectives au moment de la levée des mesures de confinement. En outre, plusieurs économistes ont évoqué de possibles effets domino à l'échelle des territoires avec des fermetures d'usines qui risquent de plonger beaucoup de TPE, PME et sous-traitants dans leur sillage. Au cours de cet automne, la vague des plans sociaux se poursuit avec les répercussions de la seconde vague.

> Lire aussi : L'économie française submergée par une vague de plans sociaux

Un halo du chômage en baisse, toujours à un niveau élevé

Le halo du chômage a connu une baisse impressionnante au cours du troisième trimestre (-810.000) après une hausse record au cours du second trimestre (+756.000). Cette évolution en dent de scie peut en partie s'expliquer par les effets du confinement sur la statistique publique. En effet, "avec la fin du premier confinement, les personnes sans emploi ont à nouveau repris leurs recherches actives d'emploi, faisant mécaniquement diminuer le halo autour du chômage", expliquent les statisticiens. Cette catégorie regroupe les personnes souhaitant travailler et étant disponibles pour le faire mais n'ayant pas fait de démarche active. Malgré cette forte inflexion, le halo concerne 1,7 million de personnes sur le territoire français et 4% de la population des 15-64 ans.

Le spectre du chômage de masse plane à nouveau

Même si le confinement est moins sévère qu'au printemps avec l'ouverture des écoles et de la plupart des crèches, beaucoup de secteurs se retrouvent à nouveau en grandes difficultés. La plupart des économistes ont abaissé leurs prévisions de croissance pour le dernier trimestre 2020 et les perspectives d'embauches sont assombries pour la fin de l'année. Dans leur dernière note de conjoncture publiée au début du mois d'octobre, les économistes de l'Insee tablaient sur un chômage à 9,7% de la population active. De leur côté, les statisticiens de l'Unedic projetaient un chômage à 10,5%. Avec une nouvelle récession, le chômage pourrait encore grimper.

> Lire aussi : Le spectre du chômage de masse hante les États

Grégoire Normand
Commentaires 13
à écrit le 11/11/2020 à 11:02
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Puisqu'on vous le dit du matin au soir: "on a en besoin, on a besoin pour travailler" et que" c'est pour le plus grand bien du pays car c'est une vraie richesse". Si vous n'avez pas compris c'est le Ra-Xé-Sti qui s'applique !

à écrit le 11/11/2020 à 10:01
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quelle surprise! le pib s'ecroule, et ca fait augmenter le chomage!

à écrit le 11/11/2020 à 7:36
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30% des personnes ne peuvent être employées dans l'environnement actuel (trop chères pour trop peu de retour pour les employeurs). Voilà la situation, et cela risque de faire mal (évidemment, ce n'est pas souhaitable).

à écrit le 10/11/2020 à 15:48
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Puisqu'on vous dit que c'est à n'importe quel prix !..."

à écrit le 10/11/2020 à 14:11
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La grandeur de la France , faire soigner ses malades en Allemagne en Suisse et demain sans doute à Babel Oued .

le 11/11/2020 à 8:03
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@Chouf. Quand l'on a un patronyme tel que le votre, on ecrit correctement le nom de cette charmante cite au nord de l'Algerie. Bab el oued.

à écrit le 10/11/2020 à 14:01
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C'est de la solidarité, tuer l'économie donc augmentation du chômage pour sauver des vies et l'hôpital. Le choix a été fait par nos élites qui préfèrent les seniors aux jeunes. Et je pense que ce n'est pas fini pour l'accroissement du chômage. Enfin...

à écrit le 10/11/2020 à 12:57
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Voilà où conduit l'hystérie sanitaire et la capitulation des élites qui ont renoncé à raisonner une foule en panique...

à écrit le 10/11/2020 à 12:31
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Déjà que ma génération a pris en plein dans la gueule leur chômage de masse, maintenant la génération de nos enfants doit prendre en plein dans la gueule les effets dévastateurs de leur dictature financière. Heu... ça s'arrête quand svp ?

le 10/11/2020 à 16:52
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Tant que les rebelles se contenteront d'être blasés... on les achète avec un zeste de confort, ils sont rebelles dans les mots mais pépères dans les faits : ça papote, ça se blase mais ça ne fait rien in fine...

à écrit le 10/11/2020 à 12:24
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Logique ! Après les chiffres qui sont donnés sont tellement en dehors de la réalité que la technique qui laisse croire qu'il y aurait 2.3 millions de chômeur, c'est le déni qui finalement est comme l'exercice comptable. Au moins l'avantage, comme...

le 10/11/2020 à 16:57
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Ouh la belle affaire, le retour des "boulets jaunes"... leurs multiples propositions concrètes pour un monde nouveau n'ont pas trouvé echos... ah il n'y avait rien !? Un grand classique de la génération baby-boom ... bébés, enfants : on réclame, on c...

le 10/11/2020 à 17:53
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Réponse à Blablaenstock : ahhhh les gilets jaunes, soit disant responsables de tous les maux de la terre ! Vous ne seriez pas macroniste par hasard ?

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