Covid-19 : les jeunes obligés de se "brader" sur le marché de l'emploi

Les jeunes diplômés, qui subissent de plein fouet les conséquences de la pandémie sur l'emploi, sont contraints de faire des concessions sur leur rémunération pour obtenir un premier contrat de travail et ce, alors que les offres se font particulièrement rares.
Photo d'illustration. Selon une étude de l'Association pour l'emploi des cadres (Apec) mi-octobre, 67% des jeunes diplômés à la recherche de leur premier emploi se disent inquiets.
Photo d'illustration. Selon une étude de l'Association pour l'emploi des cadres (Apec) mi-octobre, 67% des jeunes diplômés à la recherche de leur premier emploi se disent inquiets. (Crédits : Regis Duvignau)

"Aujourd'hui, si tu veux trouver un emploi, il faut se brader". Jérémie, 24 ans, fait partie de ces jeunes diplômés qui débarquent sur un marché du travail en tension, bouleversé par la pandémie de Covid-19, et font une croix sur leurs ambitions salariales pour accéder à un premier contrat de travail.

"Dans mon école, pour un premier poste de manager on nous disait qu'on pouvait prétendre à 2.300, 2.500 euros brut par mois", explique à l'AFP cet ancien étudiant de l'école de management Léonard-de-Vinci à La Défense, en recherche d'emploi dans le secteur du marketing.

Après s'être fixé un plancher de rémunération à 2.000 euros net mensuels au début de ses recherches avant le premier confinement, il a diminué ses exigences salariales à deux reprises et "demande aujourd'hui 1.800 euros net par mois".

Lire aussi : Chômage : un bond inédit depuis 45 ans, les jeunes en première ligne

Touchés de plein fouet par la pandémie

Les jeunes diplômés subissent de plein fouet les conséquences de la pandémie sur l'emploi. Selon une étude de l'Association pour l'emploi des cadres (Apec) mi-octobre, 67% des jeunes diplômés à la recherche de leur premier emploi se disent inquiets, alors que le nombre d'offres d'emplois de cadres publiées sur le site de l'association a fondu de 33% de janvier à la fin septembre par rapport à la même période de 2019.

Lire aussi : Face à la crise, l'Apec se mobilise pour les jeunes diplômés

Le directeur général de l'Apec, Gilles Gateau, interrogé par l'AFP, évoque un "retournement de situation pour les jeunes" dû à la pandémie de Covid-19 et reconnaît une tension sur les rémunérations. Si la "dynamique salariale" était positive avec une "augmentation de 6,8% du salaire médian pour la promotion 2018 entrée sur le marché du travail en 2019" par rapport à la promotion précédente, la tendance devrait selon lui s'inverser en 2020.

"La rémunération ne figure pas dans le top trois des concessions que les jeunes diplômés sont prêts à faire pour obtenir un premier emploi, même s'ils y seront contraints car la donne du marché n'est plus la même", regrette-t-il.

Côté entreprises, l'association a aussi constaté qu'avec la pandémie, ces dernières "sont plus réticentes à transmettre des fourchettes de salaires dans leurs offres afin de se laisser des marges de manœuvre".

L'entrée dans la vie active a aussi mis fin aux illusions de Florian, diplômé de la Montpellier Business School et en recherche d'emploi dans le secteur du développement marketing et commercial. Conformément aux standards communiqués par son école, il demandait une rémunération de 35.000 euros par an minimum. "Aujourd'hui je suis plus sur du 28.000 euros, 30.000 euros annuels. C'est mon seuil parce qu'en dessous, c'est impossible avec mon loyer et mon prêt à rembourser", confie-t-il à l'AFP.

Besoin de bosser

Jérémie et Florian, tous deux diplômés d'écoles de commerce, ont souscrit des prêts étudiants de plusieurs dizaines de milliers d'euros pour intégrer leurs formations. Face à l'imminence des échéances, la pandémie a fait office de catalyseur. "Sans le Covid, je n'aurais rien changé à mes ambitions salariales. Mais vu que ça dure, j'arrive à un moment où j'ai besoin de bosser", reconnaît Jérémie qui assure envoyer six candidatures par jour.

"Le niveau de rémunération est une variable de marché. Il progresse fortement lorsque le marché est tendu et peut diminuer lorsqu'il y a des difficultés. Si l'on veut s'insérer, il faut se montrer moins exigeant", explique Gilles Gateau.

Avant de signer son CDI dans une entreprise de ressources humaines à Toulouse, Lorélie a dû faire le deuil de ses ambitions salariales. Dans son école, "on parlait moins des rémunérations futures que dans une école de commerce mais les intervenants nous disaient qu'on pouvait espérer entre 1.700 euros et 1.900 euros net mensuels pour un premier emploi. Je me suis vite rendu compte que ce n'était pas la réalité", regrette la jeune femme.

Malgré son master en ressources humaines et confrontée à la pénurie d'offres de postes dans ses standards de rémunération, elle a finalement accepté un salaire de 1.350 euros net par mois. "Je vois mon frère qui travaillait comme caissier chez Leroy-Merlin, il était autant payé que moi. Parfois, je me dis que mon master ne sert à rien", conclut-elle.

Lire aussi : Coronavirus : les jeunes se vivent comme la génération sacrifiée de la crise

Commentaires 42
à écrit le 15/11/2020 à 8:56
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Encore un fiul de commentaires qui fleure bon les années 70, tout ces vieux machins qui ont eu la chance de trouver facilement du boulot au sein d'une société en pleine explosion économique. Maintenant à la retraite bien payés ils veulent que les...

à écrit le 14/11/2020 à 6:23
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C’est bien de viser un poste d’encadrement, dont la principale tache est de supprimer des postes de travail. Quand le mammouth est dégraissé, comme ils disent, plus besoin d’encadrement. Une idéologie mortifére.

à écrit le 12/11/2020 à 17:08
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J'adore ce type de "jeune" qui ose dire qu'il peut pas accepter un emploi a moins de 28000 euro annuel... combien de vieux travailleurs compétents gagne autant? Pour rappelle si vous êtes compétents et culotté, embauche a moins de salaire l'entrep...

le 15/11/2020 à 12:27
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@ 4 ème age: "J'adore ce type de "jeune" qui ose dire qu'il peut pas accepter un emploi a moins de 28000 euro annuel... combien de vieux travailleurs compétents gagne autant?" Heu... tu as vu le prix des loyers et des logements ? Rien que ça sino...

à écrit le 12/11/2020 à 13:45
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Il y a une incohérence au début de votre article ou une notion m'a échappée. 2300 à 2500 euros brut correspondent à 1794 et 1950 euros net. Le jeune dans l'article prétend à une rémunération net de 1800 euros à 2000. Certe il se résolue à la four...

à écrit le 11/11/2020 à 20:02
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Dans l'Administration,_le service public _c'est le même problème ,les candidats sont souvent surdiplomés .Bac plus cinq pour des emplois de catégorie C et des salaires proches du SMIC .l'avantage c'est qu'ensuite il y a des concours internes qui perm...

le 05/12/2020 à 22:15
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C'était déjà le cas dans les années 80 et ensuite, si les emplois jeunes de Jospin ont connu autant de succès, c'est que les jeunes n'avaient pas de travail autrement. Nécessairement lorsqu'il n'y a pas de travail pour tout le monde, les plus convoit...

à écrit le 11/11/2020 à 18:54
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Avec 1800 net on est dans la fourchette 2300/2500 donc soit le jeune a pas compris le principe net/brut soit le journaliste c'est trompé...

à écrit le 11/11/2020 à 15:09
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Les jeunes ne sont pas les seuls à devoir se brader.... La tranche d'âge médiane est elle aussi obligée de se brader. Et c'est toujours celle ci pour qui rien n'est fait en terme de mesures.

à écrit le 11/11/2020 à 10:48
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Il est très clair que le risque actuel, avec les confinements à répétition et l'étouffement progressif de l'économie productive, c'est d'aboutir à une cohorte perdue de diplômés, qui vont galérer pour trouver du travail et traîneront leur infortune d...

le 11/11/2020 à 14:50
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Je partage cette opinion. Rêver ne suffit pas, il faut plonger dans les réalités et le concret quantifiable

le 11/11/2020 à 18:27
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Quel bon sens rafraichissant ! Je deviens vraiment un vieux c... pour apprécier une parole si terre à terre ... et si juste.

le 12/11/2020 à 8:20
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Parfaits vos commentaires. Très généralement, on peut rajouter au surplus que l'on va depuis quelques années vers une dévalorisation des diplômes, jusqu'aux plus hautes des formationst, quoique moins touchées: les entreprises recherchent des profils ...

le 12/11/2020 à 8:21
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Bravo , vous avez tout dit .

le 12/11/2020 à 14:33
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C'est sûr, surtout la remarque sur les écoles, aujourd'hui trop de bac+5 touchent des salaires prochent voir inférieur à un des bac+2 valoriser sur le marché de l'emploi, trop de jeunes se laissent avoir par des écoles qui savent se vendre. Je suis d...

le 15/11/2020 à 8:54
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"Les rêveurs resteront sur le bord du chemin, mais les pragmatiques et les courageux s'en sortiront. " En effet, un classique: "La société pardonne bien souvent aux criminels, jamais elle ne pardonne aux rêveurs" Oscar Wilde

le 15/11/2020 à 12:29
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Merci pour la messe néolibérale mon père et amen mais les médias de masse nous en abreuvent déjà bien assez de tout ces sermons et autres inquisitions. Aussi grotesques qu'indécents.

à écrit le 11/11/2020 à 10:19
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Pour gagner plus, il y a aussi plombier, chaudronnier, carreleur... C'est un peu plus pénible qu'assis derrière un bureau à traquer les coûts, faire du "marketing" pour vendre (à grand renfort de publicité) des produits ou des services dont, au fond...

à écrit le 11/11/2020 à 10:14
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Surtout que le dumping fiscal et le dumping social sont les deux grosses mamelles de l'UE, il est bien évident que ce sont pas les politiciens des financiers qui vont aider nos jeunes à s'épanouir au travail. Oui en tant que parent je suis très i...

à écrit le 11/11/2020 à 10:05
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wow on commence en premier poste a manager des gens avec 20 ans d'experience; bon, on ne sait pas trop ce que les mots veulent dire, mais vu l'arrogance et le niveau de certains, on peut s'attendre au pire en matiere de conflit generationnel! bon c...

le 05/12/2020 à 22:25
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Comme dirait Polaris, le pragmatisme, c'est que rien n'oblige quelqu'un a montré sa feuille de salaire à un entretien d'embauche donc on annonce qu'on gagnait déjà quasiment ce qu'on réclame aujourd'hui, deux sous de jugeote... C'est comme ceux qui v...

à écrit le 11/11/2020 à 8:26
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"Ecole de management Léonard-de-Vinci à La Défense" "Montpellier Business School" "Master en ressources humaines". Vous auriez pu choisir des étudiants munis de diplômes plus prestigieux.... Quid des diplômés HEC, SupdeCo Paris, ESSEC ? Même ch...

à écrit le 11/11/2020 à 8:07
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En 1974 date de la fin de mes etudes, ingenieur en electronique, les postes vacants etaient presque inexistants. J'ai donc pris un vol pour les USA ou j'ai ete embauche immediatement chez Texas Instruments. J'y suis reste 5 ans. Jeunes francais, pa...

le 11/11/2020 à 13:35
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Ici, au Canada, on parle de crise de la main d'oeuvre. Les entreprises rencherissent pour avoir des employés. Ou partent en chercher en France.

le 11/11/2020 à 18:25
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"J'ai donc pris un vol pour les USA ou j'ai été embauché immédiatement chez Texas Instruments." Ce qui veut dire aussi que les USA n'arrivaient pas à former suffisamment de matière grise dans les années 70 et que visiblement cela n'a pas changé. Est...

à écrit le 11/11/2020 à 7:15
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Les écoles veulent vendre leur formation en faisant rêver les étudiants. Mais ce n'est pas une bonne opportunité d'embaucher un jeune démotivé par sa faible rémunération. Il a toute les chances de quitter l'entreprise au terme de son insertion dans l...

le 11/11/2020 à 8:00
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encore faudrait il que le jeune puisse trouver mieux ailleurs ... Actuellement il n y a quasiment pas d offre donc vous pouvez sous payer les gens. Evidement il ne va pas rester et des qu il trouvera mieux il partira. Mais ca sera peut etre dans 2 an...

le 11/11/2020 à 22:53
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Les jeunes de mon service sont presque tous partis à l'étranger. Il faut se rendre compte que le marché du travail est mondial. Le coût de leur formation n'est pas amorti car c'est au moment ou ils rapportaient de l'argent qu'ils sont partis. Et ils...

à écrit le 11/11/2020 à 3:38
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Le covid ne sert qu'à ça, bienvenue dans la réalité capitaliste les jeunes vous vous faites balader et vous n'y voyez rien convaincu que vous allez tuer grand maman (votre téléphone vous le dit ! ) alors que c'était comme ça depuis toujours avec la g...

à écrit le 10/11/2020 à 19:07
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On accuses les jeunes de tous les maux Alors que l on voit des élus atteint en groupe du covid mettant en perils notre pays

à écrit le 10/11/2020 à 18:22
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Ce n’est pas une question d’age mais de priorité, Mbappé est jeune et ne brade rien du tout au contraire il exige des augmentations alors que les besoins sont majoritairement dans le personnel de santé.

à écrit le 10/11/2020 à 18:16
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Mlle Lorélie votre master sert a beaucoup - c'est une fondation pour la vie qui ouvre des portes et perspectives inconnues a ce stade tandis que votre frere sera tres tres limite pour jamais. Et dans le monde anglo-saxon la domaine qu'on a etudie est...

le 10/11/2020 à 19:23
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Il est vrai que la formation initiale vous colle à la peau en France jusqu'à la retraite sauf si une reconversion professionnelle s'impose.

à écrit le 10/11/2020 à 18:10
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Ce qui est rare est cher, un jeune n'est pas rare, donc il n'est pas cher

à écrit le 10/11/2020 à 18:03
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Ça fait trente ans que les jeunes sont obligés de se brader sur le marché de l'emploi, le covid-19 n'a rien à voir dans cette histoire.

à écrit le 10/11/2020 à 17:28
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Un ménage mal géré s'endette également l'état c'est la même chose ce n'est pas pour rien que nous avons le coq comme animal national et grande aubaine pour nos autorités qui rêvent à baisser le cout du travail - Au fait, combien de comités Théodule q...

à écrit le 10/11/2020 à 17:10
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eh oui, il faut bien que quelqu un paie la note. et c est pas fini car il faudra rembourser les dettes (celles laissees par Mitterrand/chirac/Sarkozy/hollande) + celle covid. Tout ca pour une maladie qui ne tue que des vieux. reste a savoir si les b...

le 10/11/2020 à 17:37
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Avec 98 millliards de niches fiscales 140 milliards d'aides aux entreprises 80 milliards de rsa allocations 40 milliards de cie 42 milliards de subventions aux associations 50 milliards d'agences d'Etat 90 milliards pour l'éducation nationales et 30 ...

le 10/11/2020 à 17:58
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Correct: nous somme dans une logique spoliation de l'enrichissement par le travail. C'est logique finalement: - retraites non financees par les cotisations individuelles (un retraite touche en moyenne 4-5 fois plus qu'il ne cotise en euros consta...

le 10/11/2020 à 19:02
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si c etait si simple ca se saurait. vous croyez que si vous supprimez les niches fiscales, ca va faire automatiquement autant d impot en plus (ca fera du black ou les gens feront rien). Bon courage pour supprumer le RSA et si vous supprimez l educati...

le 11/11/2020 à 10:10
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La dette est un fantasme agité par les néolibéraux par pure doctrine, un ordoliberalisme dépassé et dangereux. La "Dette" serait insoutenable. Faux. Les capitaux ont besoin d'être investis pour faire fonctionner un État. Sans État, pas ( entre autr...

le 12/11/2020 à 9:47
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Cher Jo666, cela fait juste 20% du PIB. Comme nous consommons aujourd'hui 56% du PIB en dépenses publiques cela ferait 76% du PIB? Vous voulez vivre dans ce monde? Moi pas. Si on récupére cet argent ce doit être pour baisser les autres taxes. ...

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