Face à une vaccination plus que chaotique dans les entreprises, le gouvernement, soutenu par les nouvelles livraisons de vaccins, veut changer la donne. Les services de santé au travail vont recevoir 100.000 doses de vaccins Astra Zeneca supplémentaires en mai et pourront aussi recourir à Pfizer ou Moderna, a annoncé la ministre du Travail Élisabeth Borne, pour accélérer la campagne de vaccination des salariés.
Jusqu'à présent, les entreprises pouvaient vacciner les salariés de plus de 55 ans avec de l'AstraZeneca et du Johnson & Johnson, à raison d'une fiole de dix doses par semaine pour le premier, et une fiole de cinq doses pour le second. Or, ces commandes ont été jugées trop faibles par Claudine Sulitzer, la présidente du CMIE, un des 240 Service de Santé au Travail (SSTI), lors d'une réunion en présence du Medef et de la CFDT lundi 3 mai. Surtout, chaque médecin du travail devait en faire individuellement la demande, alors que les vaccinodromes peuvent avoir des « livraisons groupées », avait-t-elle ajouté.
Pour rappel, les SSTI rassemblent près de 15 millions de salariés en France.
> DOSSIER : la course à la vaccination
5 millions de nouveaux salariés éligibles
Lors de cette réunion, patronat et syndicat avaient exprimé leur souhait de « voir la vaccination dans les services de santé au travail très fortement accélérée », comme l'a expliqué Geoffroy Roux de Bézieux, président du MEDEF. De son côté, Laurent Berger avait rappelé que l'objectif est de « vacciner le maximum de salariés sur la base du volontariat ».
Justement, l'ouverture de la vaccination à tous les Français de plus de 18 ans ayant une comorbidité et celle à venir pour tous les plus de 50 ans va permettre de toucher « près de 5 millions de salariés » selon le ministère du Travail. Déjà, l'ouverture d'une cible initialement portée sur les 60 ans avec co-morbidités, vers les 55 ans et plus, avait permis d'ouvrir la vaccination à beaucoup plus de salariés : à la CMIE, le nombre de personnes éligibles était passé de 9.300 sur la première cible à 60.000 personnes ensuite.
Sur la question de la hausse des commandes et du choix de vaccins, Mme Borne a annoncé que l'approvisionnement des services de santé au travail pourra se faire par un circuit plus direct, avec des livraisons, au lieu de devoir aller chercher les doses en pharmacie, lors d'un déplacement au siège du groupe aéronautique Safran à Magny-les-Hameaux (Yvelines) avec le secrétaire d'État à la Santé au Travail Laurent Pietraszewski.
L'arrivée de Moderna et Pfizer
« Pour préparer cela, nous lançons l'expérimentation avec plus d'une vingtaine de services de santé au travail (SST) pilotes, qui disposent du matériel nécessaire pour la conservation des vaccins Pfizer ou Moderna. Plusieurs SST de grandes entreprises nous ont déjà dit qu'ils étaient volontaires », a-t-elle précisé.
L'objectif est de « monter en puissance en vue de l'ouverture du vaccin à la population générale à partir du 15 juin », a-t-elle souligné.
Hors de la vaccination des soignants, 63.000 injections ont été réalisées en service de santé au travail, à ce jour, auprès de salariés volontaires et éligibles, selon le ministère. Syndicat et patronat avaient jugé lundi ce bilan décevant et appelé à une « très forte accélération ».