PODCAST L’inflation touchée mais pas encore coulée

HISTOIRES ECONOMIQUES. La bataille contre l'inflation est encore loin d'être gagnée aux Etats-Unis. Alors qu'en Europe, l'inflation connaît une nette accalmie, l'indice des prix américain a brutalement rebondi en mars et atteint désormais 3,5% soit presque un point de plus que dans la zone euro. Écoutez chaque mardi 6h48 la chronique "Histoires Economiques" de Philippe Mabille dans le 5/7 de France Inter présenté par Mathilde Munos.
Philippe Mabille
(Crédits : DADO RUVIC)


_____

Cette divergence s'explique par l'écart de croissance qui se creuse entre les deux zones. L'Europe est quasi à l'arrêt avec une Allemagne en récession tandis qu'aux Etats-Unis la prévision a été relevée à 2,1% pour cette année.

Cette situation a un impact sur la campagne présidentielle américaine

Les deux adversaires, Trump et Biden, sont au coude-à-coude, et forcément, cela va peser, car le moral des consommateurs est en chute libre. « It's the economy stupid »... Vous connaissez cette célèbre formule attribuée à un conseiller du président Clinton qui expliquait sa victoire par la bonne santé de la croissance aux Etats-Unis. Cette fois, le risque est que la possible défaite de (Joe) Biden soit mise sur le compte de cette inflation persistante.

Le camp Trump exploite à fond cette faille, parlant de « Bidenflation » là où les démocrates vantent les succès des « Bidenomics » : de fait, le marché du travail est au plein emploi avec 4% de chômage, les subventions massives aux industries vertes ont permis de réindustrialiser le pays, notamment, c'est le comble, dans les Etats trumpistes comme le Texas.

Mais cela a coûté très cher, pas loin de 1.000 milliards de dollars, ce qui a creusé la dette américaine et favorisé la surchauffe de l'économie.

Le président américain a pris conscience du danger. Il vient  d'annoncer des mesures d'urgence pour faire baisser les prix des médicaments et des loyers des plus modestes. Mais c'est surtout dans les caddies que se joue la bataille alors que le prix des œufs, temple du breakfast made in America, a doublé. Biden met donc la pression sur les grandes entreprises de la distribution qui font selon lui des profits records sur le dos des consommateurs.

La Fed, la banque centrale américaine ne devrait commencer à baisser ses taux qu'à l'automne, voire en fin d'année

Or, les ménages américains sont extrêmement sensibles au niveau des taux, que ce soit pour consommer ou pour leurs achats immobiliers. Le sort de l'élection est donc un peu entre les mains de Joe Powell, le patron de la Réserve fédérale.
Ce qui est désormais certain c'est que les taux d'intérêt baisseront en premier en Europe. Le gouverneur de la Banque de France a annoncé hier sur cette antenne une première baisse le 6 juin. Aux Etats-Unis, ce sera pour plus tard, si et seulement si l'inflation se calme vraiment.
Or, de nouveaux nuages apparaissent : une escalade du conflit entre Israël et l'Iran pourrait embraser la région et relancer l'inflation dans le monde entier via un nouveau choc pétrolier.

-----

►► RETROUVEZ ICI TOUS LES ÉPISODES D'HISTOIRES ÉCONOMIQUES



Philippe Mabille
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.