L'Australie, réservoir de matières premières pour la Chine

minesAprès le charbon et le minerai de fer, la Chine s'attaque au marché de l'uranium australien. La compagnie nationale China Guangdong Nuclear Power Holding Co. (CGNPC) vient de proposer 50 millions d'euros, pour rentrer à hauteur de 73 % dans le capital de la société australienne Energy Metals. C'est la première fois qu'une société chinoise tente une opération de ce genre, depuis la signature en avril 2006 d'un accord entre les deux pays sur les ventes d'uranium. En plus de garantir la vente de minerai à Pékin, le traité autorise les opérateurs chinois à venir investir directement dans le secteur, notamment lorsqu'il s'agit de démarrer de nouveaux gisements. C'est justement le cas du gisement de Bigrlyi, détenu à 54,73 % par Energy Metals. Située dans le territoire du Nord, la mine renfermerait 2,7 millions de tonnes de minerai, contenant plus de 13.000 tonnes d'oxyde d'uranium. Le gouvernement australien doit encore autoriser l'opération, mais contrairement à certaines offres repoussées récemment dans d'autres secteurs miniers, celle de CGNPC semble avoir les faveurs de Canberra. « Le gouvernement n'a aucune raison de refuser aujourd'hui ce qu'il était prêt à accepter il y a trois ans », estime Ziggy Switkowski. Le directeur du centre des technologies nucléaires d'Australie voit même dans ce mouvement le premier d'une longue série. « La Chine va s'équiper de treize nouveaux réacteurs. Il faut donc s'attendre à ce qu'elle profite du traité pour investir directement sur la ressource et assurer ses approvisionnements en uranium. » Depuis 2007, l'Australie a mis un terme à ses restrictions concernant le nombre autorisé de mines d'uranium dans le pays. Le gouvernement fédéral et les différents États concernés espèrent en profiter pour doubler les volumes d'exportations du minerai, qui devraient atteindre 25.000 tonnes en 2010. À cette date, près de la moitié de cette production pourrait être absorbée par le marché chinois.Surtout si, comme de nombreux analystes le pensent, les Chinois débarquent sur Olympic Dam. Le projet d'extension du plus grand dépôt d'uranium d'Australie devrait coûter entre 10 et 13 milliards d'euros à son opérateur BHP Billiton. Un montant qui fait réfléchir, même le géant minier. « L'arrivée sous forme de joint-venture d'un partenaire chinois, comme les Japonais l'ont fait dans le charbon au cours des années 1960, est tout à fait envisageable », selon un expert minier de la banque Morgan Stanley basé à Sydney. L'enjeu financier est à la mesure du gisement qui devrait pouvoir produire 19.000 tonnes d'uranium par an à l'horizon 2016, contre 4.500 l'année dernière. nLire aussi page 6.
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