Les Cafés Joyeux, au comptoir idéal

Créés pour prouver que le handicap n’est pas un frein à la réussite, les Cafés Joyeux enchaînent les ouvertures.
À Paris, au Café Joyeux du quartier de l’Opéra.
À Paris, au Café Joyeux du quartier de l’Opéra. (Crédits : © LTD / HUGO AYMAR/HAYTHAM/REA)

Il est bientôt midi, dans le Café Joyeux de Tours, et les tables commencent à se remplir. Les employés s'affairent dans les cuisines ou en salle. C'est à peine si on remarque leur particularité, tant ils ont l'air à leur aise pendant le service. Car au sein de l'un des premiers sites de l'enseigne, l'équipe est composée aux deux tiers de personnes atteintes de troubles cognitifs, dont des porteurs de trisomie 21.

C'est le concept même de ces cafés fondés par Yann et Lydwine Bucaille. Le premier a ouvert en 2017 dans leur ville, Rennes. L'objectif était de permettre à des hommes et femmes souffrant de ces dysfonctionnements de trouver un emploi. La marque se positionne immédiatement comme une véritable entreprise, pour prouver que ces personnes sont capables de travailler lorsqu'elles sont formées. Le succès est phénoménal.

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Depuis leur création, 20 établissements ont ouvert, employant 168 personnes en situation de handicap. Grâce à cette expansion rapide, d'autres projets se développent, à l'initiative des fondateurs. En plus de la titularisation en CDI, les Cafés Joyeux proposent depuis l'an dernier à leurs équipiers de suivre un programme de deux ans dans le Centre de formation d'apprentis Joyeux (CFAJ). Les employés sont en alternance dans les cafés, et se voient délivrer un diplôme d'agent de la restauration reconnu par l'État. Ils peuvent alors, s'ils le souhaitent, étendre leurs recherches d'emploi à toutes les branches du secteur. « Ça leur ouvre des portes, se réjouit Augustin Kauffer, un des deux managers réseaux, qui supervise la moitié des cafés de l'Hexagone. Une de nos anciennes employées a d'ailleurs été recrutée par Dior pour assurer le service d'un comptoir d'entreprise de la marque. »

Actuellement réservé aux employés, le centre aimerait, dans les prochaines années, ouvrir ses portes à toute personne en situation de handicap. Cette nouvelle voie vers l'emploi permet une autonomie autrement plus importante. Johanne, employée depuis l'ouverture du café de Tours en juin 2022, confirme: « Ce travail me permet de me sentir utile et considérée. » C'est sa mère qui a déposé un CV pour elle lors des recrutements précédant l'ouverture. « Beaucoup de parents poussent leur enfant à postuler », explique Augustin Kauffer. Il précise que les Cafés Joyeux n'ont pas de partenariats avec les associations soutenant les personnes handicapées, car ils souhaitent conserver une image entrepreneuriale et ne pas être confondus avec une structure d'insertion.

« Ce travail me permet de me sentir utile et considérée »

« Nous apprenons aux équipiers à travailler dans les mêmes conditions que dans d'autres entreprises, avec les coups de feu, le stress et les exigences que cela implique, pour que leur autonomie se développe », continue-t-il. Cette exigence a des retombées positives: la marque est désormais démarchée par des sociétés pour ouvrir des comptoirs et restaurants Café Joyeux Inside, comme chez Canal+ en novembre ou au Crédit agricole mi-janvier (le dernier en date). Cette nouvelle offre constitue déjà une réussite selon les employés du siège de la banque à Montrouge, qui voient maintenant leur restauration et leurs pauses-café assurées notamment par les Cafés Joyeux. Plusieurs se réjouissent d'y retrouver « l'authenticité des rapports humains » au sein de l'entreprise. Ils remarquent également « la motivation et la gaieté des équipiers du café ». Augustin Kauffer nous confie la volonté de la marque de développer ce nouvel aspect de son service de restauration. Les demandes ne manquent pas et des inaugurations sont prévues prochainement, sur des sites encore tenus confidentiels.

Forts de ce succès, les Cafés Joyeux planifient six nouvelles ouvertures en France pour 2024 : à Nice, à Toulouse, et dans d'autres grandes villes (la plus récente ayant eu lieu à Marseille en mars). Edwige De France, directrice de la communication des Cafés Joyeux, annonçait en janvier dans le podcast « Les Héritières » (produit par La Tribune) que l'objectif était d'atteindre 30 cafés en 2030. Une vision ambitieuse puisque « chaque ouverture nécessite deux ans de préparation », rappelait-elle. Les Cafés Joyeux se tournent également vers l'étranger. Déjà présents à Bruxelles et Lisbonne, ils viennent d'ouvrir un établissement à New York, au cœur de Manhattan. Quand une aventure humaine commencée en Bretagne atteint la Grosse Pomme, le pari de changer des vies devient un défi international.

Déjà 20 Cafés Joyeux!

Quatre adresses à Paris (dont une sur les Champs-Élysées) et des sites dans toute
la France (à Rennes,Tours, Marseille...), mais aussi à l'étranger (à Lisbonne, New York...). De nouvelles ouvertures sont prévues en 2024, notamment à Strasbourg et Toulouse.

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