Faut-il craindre un krach boursier mondial ?

Plutôt résistants lundi après un week-end pourtant chargé de mauvaises nouvelles en provenance de l'archipel nippon, les marchés boursiers ont franchement dévissé mardi. À croire que les premiers bilans égrenés ici et là n'avaient pas vraiment convaincu les investisseurs mondiaux de la gravité de la situation. Quatre jours après le tremblement de terre, tous les indices boursiers de la planète ont perdu, ce mardi, entre 3 et 10 %, la palme revenant au Nikkei japonais (voir ci-dessous). De Paris à New York en passant par Londres, les indices n'avaient pas connu pareils décrochages depuis la crise grecque. Manifestement, l'accident nucléaire survenu sur l'un des réacteurs de la centrale de Fukushima 1 est à l'origine de ce début de panique. Mouvement d'ailleurs amplifié dans la journée après une nouvelle explosion et un incendie déclaré dans la même centrale. « Les autres Bourses - hors celle de Tokyo - avaient jusqu'à présent bien résisté car l'impact sur l'économie mondiale semble, pour l'heure, relativement limité. Ces places font face aujourd'hui à des inquiétudes d'ordre plus psychologique, liées au risque nucléaire », note Philippe-Henri Burlisson, directeur des gestions fondamentales chez Groupama AM. Un avis partagé par Alain Bokobza, responsable de la stratégie d'allocation d'actifs chez Société Généralecute; Générale : « Le principal risque est d'ordre nucléaire. »La remise en question de l'approvisionnement énergétique du Japon, avec toutes les conséquences que cela suppose, laisse effectivement planer un sérieux doute sur les perspectives économiques du pays.Consciente de son rôle en cette période cruciale, la Banque du Japon n'a pas hésité à sortir l'artillerie lourde en injectant des montants record de liquidités. Ce qui n'a pourtant pas empêché les investisseurs de vendre massivement des actions. Ceux-ci préférant fuir les marchés en attendant d'en savoir plus sur les conséquences chiffrées de la catastrophe nippone, à l'image de l'agence de notation Standard and Poor's qui a déclaré qu'il était trop tôt pour estimer l'impact du tsunami sur la notation crédit du pays.Dès lors, une question se pose : faut-il craindre un krach boursier mondial ? Si l'on en croit plusieurs professionnels, le mouvement de panique connu ce mardi mérite d'être relativisé.« Il convient de remettre en perspective ce que l'on a observé sur les marchés boursiers depuis le moment où la Fed a annoncé en septembre son programme d'assouplissement monétaire quantitatif QE2 », analyse Alain Bokobza. Et d'ajouter : « Sur cette période, le S&P 500 s'est envolé de 25 %, entraînant dans son sillage les indices boursiers européens. Comme nous le soulignions mi-février, tous les indicateurs militaient, avant la catastrophe naturelle et nucléaire au Japon, en faveur d'une correction des marchés actions. La crise géopolitique avait déjà donné lieu à quelques prises de bénéfices que le séisme japonais a continué d'alimenter. »De son côté, Claire Rodrigue, directeur de la gestion européenne chez Comgest, note que « les marchés ont plutôt bien résisté à une série de mauvaises nouvelles » et qu'ils sont toujours parvenus « à revenir à des niveaux de valorisation cohérents avec leur environnement malgré la crise financière, le choc pétrolier, la remise en question de l'euro et les révolutions géopolitiques dans les pays arabes ». Même s'il n'exclut pas de nouveaux accès de faiblesse sur les indices boursiers, Alain Bokobza souligne que « les niveaux de valorisation des marchés boursiers sont bien plus bas qu'à l'époque des gros mouvements baissiers en 1987, 2000 et 2007 ». Jean-Louis Mourier, économiste chez Aurel-BGC, considère, quant à lui, que « les niveaux de valorisation sont pollués par le manque de visibilité sur les marges des entreprises ». Rappelant que le Japon constitue « un maillon essentiel de l'industrie high-tech », il pointe le risque d'une rupture d'approvisionnement et ses conséquences sur les prix des composants.Pour sa part, Alexandre Hezez, patron de la gestion chez Convictions AM, estime que l'implication du Japon dans l'économie mondiale est beaucoup plus importante que du temps de la catastrophe de Kobe et qu'à ce titre, sa faiblesse aura forcément un impact sur toute la zone asiatique. Et de pointer aussi du doigt le problème des banques nippones, déjà fragilisées par la précédente crise financière.
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