Berlusconi quasi fini

Refusant de se soumettre à la demande de démission émise dimanche par son ancien allié, Gianfranco Fini, le président du Conseil italien assure être, politiquement, encore en mesure de rester aux commandes de l'Italie. Mais les observateurs estiment, eux, que la fin de son règne est proche.
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L'entourage de Silvio Berlusconi a rejeté lundi l'appel à la démission du président du Conseil lancé la veille par son ancien allié Gianfranco Fini mais la chute du gouvernement italien ne semble plus qu'une question de temps. Le climat politique est passé au rouge depuis que le président du Conseil, affaibli par un énième scandale sexuel, a été sommé par son rival de quitter son poste pour permettre la formation d'une nouvelle coalition de centre droit avec l'apport des centristes de l'UDC (Union des démocrates chrétiens).

Pour le Corriere della Sera, nul doute que le gouvernement, qui n'est plus majoritaire à la Chambre des députés sans le soutien des partisans de Fini, est "au bord de l'implosion".
"Après une série d'opérations de harcèlements, Fini est finalement sorti en terrain découvert et il a déclaré la guerre", commente James Walston, professeur de sciences politiques à l'Université américaine de Rome.

Exclu en juillet du Peuple de la liberté - PDL, le parti au pouvoir - qu'il avait fondé avec Berlusconi, Gianfranco Fini a créé une nouvelle formation, Futuro e Libertà (Futur et liberté pour l'Italie, FLI), qui compte une quarantaine d'élus.

Lors du congrès inaugural de son nouveau parti, dimanche à Pérouse, il a estimé que Silvio Berlusconi devait quitter son poste pour le bien du pays car "le PDL n'existe plus".
"Il nous faut un nouveau programme", a déclaré le président de la Chambre des députés, ancien chef de file du parti postfasciste de l'Alliance nationale, qui a fusionné avec Forza Italia en 2008 pour donner naissance au PDL.

Fini pose ses conditions

Gianfranco Fini a déclaré que le FLI pourrait soutenir un nouveau gouvernement dirigé par Silvio Berlusconi, à condition que ce dernier s'engage à accepter une série de conditions.
Le chef du FLI réclame, outre l'arrivée des centristes de l'UDC, un nouveau programme d'aide au développement du Sud, un plan de relance de l'emploi et une refonte du code électoral.

Si ces conditions ne sont pas remplies, a averti Fini, le ministre, le vice-ministre et les deux secrétaires d'Etat issus de sa formation remettront leur démission. Silvio Berlusconi n'aura alors pas d'autre choix que de remanier son cabinet ou de se soumettre à un vote de confiance du parlement.
Le président du Conseil a fait savoir par son entourage qu'il n'avait pas l'intention de céder, ce qui signifie que tout pourrait se jouer devant les élus dans les tout prochains jours.

Les observateurs voient mal Silvio Berlusconi prendre le risque de quitter volontairement son poste pour tenter de former un nouveau gouvernement au risque d'échouer dans cette tâche, ce qui ouvrirait la voie à un rival. Si aucun gouvernement ne peut être formé avec l'objectif de durer jusqu'à la fin de l'actuelle législature, en 2013, l'Italie devrait organiser des élections anticipées, probablement au printemps prochain.
Une autre hypothèse est la formation d'un cabinet de transition - le nom du ministre de l'Economie Giulio Tremonti circule souvent - jusqu'aux prochaines législatives anticipées.
La Ligue du Nord, partenaire du PDL, devait se réunir lundi après-midi pour arrêter sa position.

Les juges n'attendent que cela

S'il devait quitter son poste de président du Conseil, Silvio Berlusconi ne bénéficierait plus de la loi lui permettant de ne pas comparaître devant la justice, qui l'accuse de corruption.
Dans son discours de Pérouse, Gianfranco Fini a fait plusieurs allusions aux problèmes touchant à la vie privée du "Cavaliere". Agé de 74 ans, le président du Conseil est au centre d'une nouvelle affaire de moeurs liée à Ruby, une jeune danseuse de nightclub marocaine qui affirme avoir assisté, avant ses 18 ans, à une soirée privée cette année dans une villa lombarde de Berlusconi, en échange de 7.000 euros.

L'opposition a réclamé sa démission après avoir appris que Silvio Berlusconi était personnellement intervenu auprès de la police milanaise pour libérer la jeune fille, soupçonnée d'un menu larçin, en la faisant passer pour une nièce du président égyptien Hosni Moubarak.

Gianfranco Fini a parlé de "décadence morale" et jugé que l'image de l'Italie à l'étranger souffrait de ces scandales. Silvio Berlusconi a survécu à d'autres affaires de moeurs depuis son retour aux affaires il y a deux ans et demi mais, cette fois, Gianfranco Fini parie que la bienveillance de l'opinion a ses limites.

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