EADS rêve encore de vendre ses Airbus en euros

Pour pallier l'impact de la faiblesse du dollar sur ses comptes, le groupe cherche à convaincre des compagnies aériennes d'abandonner la monnaie de référence en aéronautique.
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Cela paraît irréaliste mais traduit bien les difficultés d'EADS sur les questions de parité monétaire. Confronté à la faiblesse du dollar face à l'euro (un euro vaut 1,4 dollar), qui pénalise Airbus - la majorité de ses coûts est libellée en euros pour des recettes 100 % en dollars -, Hans-Peter Ring, le directeur financier d'EADS, maison mère d'Airbus, a fait des déclarations surprenantes.

Mercredi à New York, devant quelques journalistes, il a indiqué, selon l'agence Bloomberg, que le groupe européen discutait avec des compagnies aériennes pour libeller ses factures en euro et non plus en billet vert, la monnaie de référence dans l'aéronautique. L'impact négatif du dollar sur son résultat d'exploitation est en effet dévastateur puisqu'il absorbe une grande partie de la rentabilité d'EADS et d'Airbus. « Selon que l'euro s'échange à 1,20 ou 1,35 dollar, c'est 1,5 milliard de résultat en plus ou en moins pour Airbus », indiquait-on chez l'avionneur peu avant l'été. Tous les efforts de compétitivité ces dernières années n'ont fait que compenser la dégringolade du dollar.

Reste que les souhaits d'Hans-Peter Ring en ont étonné plus d'un, y compris en interne chez Airbus. « En 2006, Noël Forgeard, lorsqu'il était aux commandes du groupe, avait également émis cette hypothèse. Cela avait fait ?pschitt? ». « C'est complètement irréaliste. Ne serait-ce que parce que le dollar est aussi la monnaie unique sur marché de l'occasion, ce dont doivent tenir compte les compagnies au moment de leurs achats d'avions neufs qui ont vocation à être revendus », explique de son côté un banquier spécialisé dans le financement d'avions.

Il n'en demeure pas moins que la force de l'euro par rapport au dollar handicape Airbus face à Boeing. Pour tenter de se prémunir, l'avionneur dispose de couvertures de change sur la partie de ses coûts qui ne sont pas libellés en dollars. Plus fondamentalement, « l'enjeu est d'accroître nos achats en dollars », expliquait début juin le directeur général d'Airbus, Fabrice Brégier. Cela a notamment été fait sur l'A350 dont une bonne partie des coûts est en dollars. Hans-Peter Ring presse d'ailleurs les fournisseurs européens de produire en zone dollar ou dans les pays à faibles coûts de main d'oeuvre. Un redéploiement qui est dans les cordes des grands sous-traitants (qui ont pris ce virage depuis longtemps) mais beaucoup plus problématique pour les PME.

Fabrice Gliszczynski

Commentaires 13
à écrit le 16/08/2011 à 8:13
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Les rêves, c'est le 25 décembre qu'il faut en avoir pas avant !!

à écrit le 16/08/2011 à 7:49
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Au-delà de la baisse actuelle du dollar et des fluctuations qu'il est amené à subir, il est urgent de prendre acte au niveau des marchés internationaux qu'une monnaie dont l'état est si fortement endetté ne peut conserver son rang. Tous les partis do...

à écrit le 15/08/2011 à 8:34
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Il faut vraiment être déconnecté du monde de l'industrie comme les dirigeants politiques de l'Europe pour ne pas voir qu'un euro fort pénalise nos exportations et encourage la délocalisation. Ma boîte exporte essentiellement hors zone euro et au dess...

le 15/08/2011 à 12:54
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Moi aussi je travail dans une boite qui exporte beaucoup et justement avec la crise de la dette Européenne l'Euro aurait du baisser (vu le bordel dans les médias , c'était un minimum ...) ... mais non ... , il y a quelque chose de louche en ce momen...

le 15/08/2011 à 15:37
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faisons baisser l'euro, et alors la facture de petrole va monter d'autant : Vive le litre de gazoil a 2.50 euro avec un euro fort, on achete moins cher avec un euro fort on s'oblige a se demarquer par la qulite, l'innovation, le service attaches au...

le 16/08/2011 à 2:50
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L'euro ne baisse pas malgré la crise, car en face de lui, il y a le dollar, qui ne vaut pas grand chose !!! 14 000 milliards de dollars de dette : comment l'Etat américain va-t-il rembourser cela ? Avec des bombons ou des boutons de chemise ? Quant à...

à écrit le 15/08/2011 à 7:26
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C'est du pipo pour delocaliser. Ca fait 7ans que le dollar est a 1,40 pour 1 euro. Airbus a eu largement le temps d'integrer ce taux de change dans ses comptes. La couverture de change couvre les variations du dollar entre la commande et la livraison...

à écrit le 15/08/2011 à 5:58
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Rien n'est éternel, le dollar pas plus que le reste. Ce n'est pas parce que l'industrie aéronautique a toujours facturé en dollars qu'il doit toujours en être ainsi ! Tôt ou tard, les clients accepteront de basculer vers l'euro. En quoi cela serait-i...

le 15/08/2011 à 10:05
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Les pays arabes y ont déjà pensé pour le pétrole... Espérons que cela puisse se concrétiser, le jour où l'Europe sera forte (?)

à écrit le 14/08/2011 à 19:30
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Et hop ... le dernier secteur industriel Européen va délocaliser a fond ... (cela a déjà commencé depuis longtemps) . l'Europe est sois disant minée par ses dettes astronomiques mais l'Euro ne baisse pas ou presque .... Les US sont endettés à 100% du...

le 14/08/2011 à 20:42
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Tout à fait d'accord, L'Euro reste fort alors que la zone est attaquée de toutes parts, par l'Irlande, par la Grèce, le Portugal etc. Il y a quelque chose qui ne fonctionne pas.

le 15/08/2011 à 1:09
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Oui c'est probablement du à une mauvaise gestion des taux directeurs.

le 15/08/2011 à 12:48
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Ou alors on nous prend pour des lapins de 6 semaines avec la crise de la dette Européenne ...

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