La vie est toujours aussi chère à La Réunion

La question du pouvoir d'achat et de la vie chère dans les territoires d'Outre-Mer n'est pas résolue trois ans après la grave crise sociale qui s'est déclenchée en 2008. Les candidats à l'élection présidentielle rivalisent de propositions, en particulier à l'île de La Réunion.
. Ile de la Réunion, vue du volcan le Piton de la Fournaise. Copyright AFP

Les candidats à la présidentielle défilent outre-mer avec leur escarcelle à promesses, constatant que ces territoires sont toujours englués dans le problème de la vie chère, trois ans après la grave crise sociale qui les avait secoués. La Réunion est emblématique, avec ses 540.000 électeurs potentiels à courtiser, son taux de chômage à 30% en général et 50% chez les jeunes, son retour d'émeutes contre les prix en février.

Les principaux prétendants à l'Elysée s'y succèdent -François Bayrou ce week-end est le dernier attendu- et les propositions fusent: exonérations de charges pour les embauches de jeunes de moins de 25 ans (Nicolas Sarkozy), processus vers un "encadrement des prix" (François Hollande), "préférence régionale" pour l'emploi (Marine Le Pen) ou création d'un "fonds réunionnais de développement" (Jean-Luc Mélenchon).

Mais, à La Réunion comme dans les autres DOM, "les mesures proposées peuvent avoir une application immédiate et ne sont pas désagréables. Cela ne va déranger personne", note Eric Doligé, sénateur UMP, auteur d'un rapport après la crise de 2009. "Depuis, on n'a pas énormément avancé: il y a toujours la vie chère, c'est cyclique. Et, si on ne traite pas le problème au fond, ça recommencera", prévient le sénateur, qui en veut pour preuve la poussée de fièvre à Mayotte à l'automne et à La Réunion il y a 6 semaines.

Les sénateurs ont une vision plus incisive que les candidats: il faut passer de "mesures de colmatage", prises sous "la pression des détresses populaires" et destinées à "faire tomber la fièvre" sociale, à une "approche globale et individualisée", territoire par territoire. De fait, les accords de fin de conflit signés en Guadeloupe, Martinique, Guyane, à La Réunion (en 2009) et à Mayotte (fin 2011) ont connu des sorts divers. Que ce soit pour la partie sur les salaires que sur les prix des produits de première nécessité dans les supermarchés, où parfois les baisses se sont "évaporées" au fil des mois, comme le relève Marie-Christine Tizon de l'Observatoire des prix de La Réunion.

Les primes d'entreprise d'environ 50 euros mensuels, par exemple, ont été versées par moins de 10% des entreprises en Guyane, tandis qu'à La Réunion, les adhérents de la CGPME ne l'ont pas versée. "Les consignes étaient de donner du temps aux entreprises pour que ça se négocie en douceur", explique-t-on au ministère de l'Outre-mer. "L'Etat, partie prenante durant la crise, s'est progressivement retiré", regrette Philippe Pierre-Charles, un syndicaliste qui fut l'un des porte-parole du Collectif du 5 février en Martinique.

Ainsi certaines négociations "qui devaient se poursuivre sur les prix de matériaux ou des pièces détachées automobile n'ont pas abouti", relève-t-il. En Guadeloupe, le LKP a tenté une relance de grève générale à la fin mars. Le mot d'ordre: "protester contre la vie chère et le comportement des patrons, qui font tout pour que les salaires n'augmentent pas". La mobilisation fut très modeste, mais le LKP a promis de reprendre le mouvement le 10 mai.

La délégation à l'outre-mer du Sénat préconise une "approche globale", qui nécessite un "ministère de l'Outre-mer avec de vrais pouvoirs, qui n'ait de comptes à rendre qu'au Premier ministre". Et comme il faudrait aborder les questions sensibles des sur-rémunérations des fonctionnaires, de l'ouverture des DOM sur les marchés régionaux, de la modification des normes (carburants, matériaux de construction), "le vrai moment pour avoir des vraies décisions, c'est dès le mois de septembre, une fois les élections derrière", reconnaît le sénateur Doligé, pour qui "la vie chère n'est pas une fatalité".

Commentaire 1
à écrit le 09/04/2012 à 6:23
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Seul sur le sable, les yeux dans l'eau, le ciel était trop beau...Et pourtant, qu'elle belle ile. Il y aurait à faire...

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