Après l'échec des négociations entre syndicats et direction mercredi, les salariés de l'Energie ont, jeudi, poursuivi leur mobilisation en cours depuis plusieurs semaines pour réclamer notamment une prime de 1.500 euros pour tous, une augmentation mensuelle de 5% et l'arrêt des externalisations d'emplois.
Selon les directions d'ERDF (réseau de distribution d'électricité, filiale d'EDF) et de GRDF (distribution de gaz, filiale de GDF-Suez), 18% des quelque 45.000 salariés des deux sociétés ont ainsi fait grève cette journée-là.
Des coupures d'électricité et de gaz ont également été signalées sur tout le territoire français jeudi, ont annoncé les directions de GRDF et d'ERDF. Au total, 66.500 clients ont été privés d'alimentation électrique "à un moment ou un autre de la journée", pour une durée moyenne d'une heure environ. Selon GRDF, dans la journée, 9.160 foyers ont été privés d'alimentation en gaz naturel, principalement en Ile-de-France.
La direction d'ERDF a "déploré" la poursuite des "coupures d'électricité intempestives", qui ont lieu depuis plusieurs semaines. "Il s'agit d'actes isolés de malveillance commis par une minorité de personnes", a déclaré une porte-parole.
Mercredi, une polémique s'était déclenchée après une coupure de courant à l'hôpital de Douai mardi, couplée à une défaillance des groupes électrogènes. La coupure, d'une durée de 40 minutes, a provoqué la panique dans l'établissement, mais les grévistes d'ERDF ont nié toute responsabilité. La direction de l'hôpital attend un rapport d'enquête d'EDF et envisage, "s'il y a eu acte de malveillance", de porter plainte.
Par ailleurs, à Paris, environ 200 salariés d'Ile-de-France et une cinquantaine de véhicules de services, se sont rassemblés en milieu de journée à l'appel de la CGT, place de la Bourse (2ème arrondissement de Paris). "La production nucléaire a rejoint aujourd'hui" le mouvement de contestation, a indiqué Michel Dumazeau (CGT).
Des agents EDF et ERDF ont aussi bloqué jeudi matin à Flamanville (Manche) l'accès routier au chantier du réacteur nucléaire EPR, selon la CGT et la direction. D'autres agents ont mené jeudi matin une opération de "ralentissement" à l'aéroport de Toulouse-Blagnac, a indiqué la CGT. Aucun vol n'a été retardé au départ de Toulouse-Blagnac, a affirmé la direction de l'aéroport.
Le 9 avril dernier, un mouvement de grève avait déjà mobilisé 28% des salariés à GrDF et à ErDF, selon les directions.
De nouvelles journées d'actions les 21 et 23 avril
Les cinq syndicats du secteur (CGT, FO, CFDT, CFE-CGC et CFTC) ont appelé ce vendredi les salariés à deux nouveaux "temps forts nationaux coordonnés" de mobilisation, les 21 et 23 avril, notamment pour des augmentations de salaire.
"Il est proposé de centrer les initiatives du mardi en direction des employeurs des entreprises et du jeudi en direction de la branche professionnelle pour exiger une négociation sur l'évolution du salaire national de base (SNB, applicable à l'ensemble des agents soumis au statut des IEG et fixé par accord collectif de branche)", a expliqué un communiqué interfédéral.
"Ces actions se feront sous des formes décidées localement de manière unitaire", pouvant prendre la forme d'arrêts de travail, de rassemblements, d'assemblées générales, de manifestations, a précisé le communiqué.
Dans un autre communiqué, la CGT a proposé de démultiplier "les opérations Robins des bois" (rétablissement de l' énergie aux plus démunis), "les opérations Vitale" (énergie gratuite aux hôpitaux et associations caritatives), le "passage des usagers en heures creuses", les "coupures des radars automatiques" et les "rencontres des salariés des entreprises en chômage partiel ou en plan sociaux, prétextés par la crise, pour décider, en solidarité avec eux, la coupure de leur entreprise".
