Laurent Wauquiez : "L'apprentissage reste moins développé qu'en Allemagne, on doit changer cela"

A l'occasion de l'ouverture du salon de l'apprentissage et de l'alternance ce vendredi à Paris, Laurent Wauquiez, secrétaire d'Etat à l'Emploi, rappelle ses engagements et son plan de bataille pour le développement de la filière, qui - crise oblige - a connu un début d'année difficile.

Latribune.fr : Au début de l'année, l'alternance battait sérieusement de l'aile. Le retard par rapport à la rentrée 2008 a-t-il été rattrapé ?

Laurent Wauquiez : Oui. Puisque la rentrée de l'alternance a été sauvée. C'était notre premier objectif. Nous avons eu 212.000 recrutements en alternance sur septembre-octobre-novembre, soit une hausse, même légère, par rapport à la rentrée de 2008, alors qu'on était au premier semestre sur des baisses qui, selon les secteurs, allait de 20% à 40%. Au total, même si nous n'avons pas encore les chiffres définitifs pour décembre, on pense qu'on finira l'année à peu près au même niveau que celui de 2008. On a pu sauver l'alternance pendant la crise.

Les incitations à l'apprentissage prévues par le plan jeunes d'avril (prime de 1.800 euros pour les entreprises de moins de 50 salariés embauchant un apprenti supplémentaire avant juin 2010) ont-elles porté leurs fruits ?

L.W. : Incontestablement elles ont porté leurs fruits car elles ont permis à des entreprises inquiètes pour leur trésorerie, notamment les artisans, d'opter pour des mesures d'apprentissage, en étant plus sereine. Ce qui a payé, c'est notre mobilisation de terrain et notamment des développeurs de l'apprentissage qui ont ratissé toute le territoire en faisant appel à la mobilisation « citoyenne » des entreprises. Dans la crise, les entreprises ont compris que l'enjeu de l'apprentissage était fondamental sur la durée.

L'objectif d'avoir un jeune Français sur cinq en formation par alternance à l'horizon 2015 est-il tenable ?

L.W. : L'apprentissage en France a connu une progression de 10% à 15 % sur les cinq dernières années, donc on peut la développer. Mais ça reste encore un système nettement moins développé que celui de l'Allemagne. En France, un jeune sur huit est en apprentissage, contre un sur deux en Allemagne. On doit changer de braquet.

L'une des pistes du rapport Proglio, commandé par Nicolas Sarkozy, était la promotion de l'alternance dans les clauses d'exécution des marchés publics. Où en est-on ?

L.W. : Le rapport Proglio a fait des préconisations qui sont notamment le fruit de la vision des entreprises du Cac 40 qu'il avait mobilisées. Notre objet est maintenant, dans un délai très court, avec les ateliers de l'apprentissage, d'aboutir à des conclusions très opérationnelles et pragmatiques qui touchent tout le monde, de la petite entreprise au groupe du CAC 40. La proposition concernant les marchés publics est intéressante de la même manière que la proposition de développement de l'apprentissage dans les collectivités locales ou celle relative à la fluidification des embauches pour les apprentis. Tout cela sera examiné dans le cadre des ateliers de l'apprentissage.

Quel est leur objectif et quand les conclusions sont-elles rendues ?

L.W. : Le but de ces ateliers est de savoir comment s'attaquer à tous les obstacles structurels qui font que la France n'arrive pas à faire aussi bien que l'Allemagne dans ce domaine. Ces ateliers s'attaquent à trois types de sujets. D'abord quelle est la vie quotidienne d'un apprenti (logement, mobilité, comment on trouve son entreprise, etc.) ? Ensuite comment fait-on pour développer l'apprentissage tous azimuts et pas uniquement pour les métiers manuels ou à basse qualification ? Enfin comment fait-on pour mobiliser les entreprises et la fonction publique pour aller plus loin ? C'est pragmatique. Le rythme de travail est soutenu et on attend les conclusions pour la fin du mois de février.

Dans le cadre du grand emprunt, 500 millions d'euros seront investis par l'Etat en faveur de l'apprentissage, notamment pour moderniser les centres le formation. L'appel à projet a-t-il été lancé ?

L.W. : Pas encore. On attend l'adoption du collectif budgétaire qui sera présenté mercredi prochain en conseil des ministres puis au Parlement. En revanche, nous avons commencé a informer les principaux acteurs et nous ferons ensuite un appel à projets.

 

A voir également : Laurent Wauquiez s'exprime sur le lancement du nouveau site Internet ateliers-apprentissage.fr.

Commentaire 1
à écrit le 15/01/2010 à 8:26
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tant que les patrons considéreront les apprentis comme de la main d'oeuvre à bon marché et refuseront de s'embêter avec des stagiaires, l'apprentissage aura du al à se développer

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