Sarkozy poursuit en Inde une visite destinée à soigner l'image de la France

A l'occasion de sa visite officielle, Nicolas Sarkozy a souligné que la collaboration franco-indienne dans le nucléaire n'avait "pas de limites" et rappelé que Paris avait joué un rôle pionnier pour sortir New Delhi de son "isolement nucléaire" imposé dans les années 1970, qu'il a qualifié d'"injustice". Le contrat nucléaire lui-même avance. Tout comme d'autres dans l'armement.
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Au deuxième jour d'une visite en Inde dominée par la coopération dans le nucléaire civil, Nicolas Sarkozy s'est offert dimanche une escapade touristique avec son épouse Carla, dont les faits et gestes font les choux gras de la presse locale. La première dame française partage en effet les gros titres des journaux dominicaux avec les premières déclarations de son époux qui, dès son arrivée samedi dans le pays, a joué lui aussi sur la séduction en réaffirmant que la France souhaitait que l'Inde devienne membre permanent du conseil de sécurité de l'Onu.

Nicolas Sarkozy a souligné que la collaboration de la France avec l'Inde dans le nucléaire n'avait "pas de limites" et rappelé que Paris avait joué un rôle pionnier pour sortir New Delhi de l'"isolement nucléaire" qui lui avait été imposé après ses essais atomiques des années 1970, l'assimilant à une "injustice". Le président français a enfin indiqué qu'il appuierait la candidature de l'Inde aux instances multilatérales de lutte contre la prolifération, comme le groupe des fournisseurs nucléaires (GFN), qui regroupe 45 pays. Notant que le président américain Barack Obama était allé dans le même sens lors de sa visite dans le pays début novembre, le Sunday Times of India se demande dimanche "si le nucléaire n'est pas le moyen de se gagner le coeur de l'Inde".

L'enjeu le plus concret, pour les Français, est de voir aboutir le protocole d'accord conclu début 2009 prévoyant la fourniture par Areva au groupe nucléaire public indien NPCIL de deux à six réacteurs de type EPR pour un montant pouvant atteindre les sept milliards d'euros. Samedi à Bangalore, la capitale technologique du pays, Nicolas Sarkozy a parlé comme si l'affaire était conclue en se félicitant qu'Areva devienne ainsi "un partenaire essentiel de l'énergie nucléaire indienne" au moment où le pays a décidé de développer cette source d'énergie à marche forcée. Les négociations ont enregistré des progrès décisifs et franchi un "point de non retour" vers la conclusion d'un accord définitif, a déclaré dimanche la présidence française.

Aucun contrat d'envergure au programme

L'enjeu porte sur deux accords cadres, l'un lié aux travaux préparatoires à la construction des réacteurs et l'autre sur la fourniture des deux réacteurs et de leur combustible par Areva. Un contrat commercial n'est toutefois pas attendu à ce stade et pourrait se heurter à une nouvelle loi indienne qui ouvre la possibilité de dédommagements par les fournisseurs d'équipements en cas d'accident d'une centrale nucléaire.

Le président américain Barack Obama s'était déjà inquiété de ce texte lors d'une visite début novembre en Inde. Nicolas Sarkozy a appelé les Indiens à ne pas aller plus loin que les dispositions internationales qui prévalent en la matière. "Malgré beaucoup de déclarations polies côté français, elle commence à devenir un obstacle", écrit le Sunday Times of India à propos de cette nouvelle loi. Le quotidien ajoute que du fait de la position difficile de son gouvernement, le Premier ministre indien Manmohan Singh aura peu de marge de manoeuvre pour la publication des décrets d'application de ce texte de loi attendue d'ici la fin 2010. Le sujet est particulièrement sensible en Inde depuis la catastrophe de Bhopal en 1984 qui avait fait plusieurs milliers de morts.  La question devait être abordée lors des premiers entretiens entre Nicolas Sarkozy et le Premier ministre indien dimanche soir à New Delhi.

D'autres contrats pour la modernisation des 51 Mirage 2000 Dassault de l'armée de l'air indienne par Thales et la fabrication d'un missile sol-air à courte portée par MBDA (groupe EADS) avec un partenaire indien étaient en très bonne voie, même si aucun accord ne devrait être signé lundi à l'occasion d'une rencontre entre Nicolas Sarkozy et le Premier ministre indien, Manmohan Singh. S'agissant des contrats militaires, la présidence a fait état d'une signature intervenant "dans les jours qui viennent pour certains, dans les semaines pour les autres".

Le président français est arrivé dans la capitale en fin de journée en provenance d'Agra, au Sud-Est de New Delhi, où il a visité dimanche la citadelle moghole de Fatehpur-Sikri. Le couple présidentiel avait déjoué les attentes de la presse indienne en anticipant dès samedi une autre visite prévue dimanche au célèbre Taj Mahal, à Agra. Les journaux indiens rivalisent de superlatifs sur l'épouse du président français, dont ils commentent en détail chaque tenue et chaque comportement. Le Sunday Times of India écrit ainsi que "la classe de Carla laisse Bangalore sans voix".

L'Elysée a fait savoir dimanche que le ministre de la Défense Alain Juppé, qui devait accompagner le président en Inde, resterait à Paris en raison de la crise ivoirienne.

Commentaire 1
à écrit le 05/12/2010 à 19:08
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il est aberrant que la politique miterrandienne à l'égard de l'inde ait été remplacé par une politique de marchand de canons aboutissant à vendre des sous-marins à l'ennemi pakistanais qui a déclenché déjà trois guerres, d'autant que ceux tuent nos s...

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