« L'université française doit se reconstruire sur le terrain et non à coup de décrets »

Louis Vogel, le nouveau président de la conférence des présidents d'université (et président de l'université Paris 2-Panthéon Assas), analyse la mise en place de la loi LRU sur l'autonomie des universités.

Quels sont selon vous les bénéfices de l'autonomie ?
Avec 90 % des universités autonomes, le mouvement est en marche. Le transfert de gestion de la masse salariale a dégagé des marges de man?uvre qui ont notamment permis de prendre des initiatives concernant la licence ou la formation continue. Il y a une mobilisation générale avec la volonté de chaque université d'affirmer ses spécificités.

Et les inconvénients ?
Tout d'abord, il faut stabiliser le système d'allocation des moyens et avoir une vision pluriannuelle. Ensuite, le passage à l'autonomie a un coût. Il nécessite le recrutement de personnels qualifiés aux niveaux de salaires élevés dans le contrôle de gestion, les systèmes d'information, les schémas directeurs immobiliers. L'Etat doit donc maintenir son effort financier. Surtout, l'autonomie est avant tout faire pour les étudiants. L'échec en licence reste en particulier un problème important. La CPU va donc proposer de créer un observatoire de l'autonomie afin notamment de faire le point sur les actions mises en place dans le cadre du plan licence. Enfin, les universités doivent commencer à recueillir les fruits de leurs regroupements.

Justement, dans ce contexte de regroupements, quels peuvent être les effets sur l'autonomie des appels à projet du grand emprunt, en particulier ceux concernant les initiatives d'excellence ?
C'est une sorte d'aboutissement de l'autonomie. Les appels à projet du grand emprunt impliquent de construire des projets "transformants" dans le cadre des regroupements en cours ce qui nécessite d'exprimer une stratégie propre. Cela permet de nous structurer. Mais en même temps, il faudra veiller à ce que les initiatives d'excellence ne créent pas des déserts universitaires. Il y a des petites universités en région qui sont excellentes. Elles doivent être reconnues et travailler en réseau pour assurer la cohérence du territoire. L'objectif premier ne doit pas être la taille des établissements mais d'éviter la dispersion des ressources, d'offrir de nouvelles filières aux étudiants et de mettre en place de nouveaux axes de recherche à la frontière de différentes disciplines e.

Estimez-vous nécessaire de rouvrir le chantier de l'autonomie ?
Est-ce essentiel ? Non, ce sont les projets sur le terrain qui sont essentiels. Il ne faut pas se laisser prendre au piège de l'institutionnel. Modifier la gouvernance ne résout pas les problèmes. L'université française doit se reconstruire sur le terrain et non à coups de décrets. La France mène une grande opération de rattrapage mais reste à la traîne en matière de financement. La réforme des institutions doit venir consacrer ce que nous aurons fait sur le terrain et non l'inverse.

Commentaires 2
à écrit le 31/12/2010 à 14:34
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fauit aussi donner l'autonomie à chaque Rectorat ! et à chaque hôpital !

à écrit le 31/12/2010 à 11:02
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il faut juste dé-fonctionnariser la recherche et l'enseignement sup ... et on commencera à rattraper notre retard !

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