Passation de pouvoir à la tête de l'Unef sur fond de malaise des jeunes

A l'occasion du 82e congrès de la première organisation étudiante qui se tient du 7 au 10 avril, Emmanuel Zemmour, seul candidat, doit être élu à la présidence. Il succède à Jean-Baptiste Prévost, à la tête de l'Unef depuis 2007.

Un premier de la classe succède à un premier de la classe. A l'occasion du 82ème congrès de l'Unef qui se tient du 7 au 10 avril à Montpellier, Emmanuel Zemmour va être élu à la présidence ce samedi. Seul candidat, cet étudiant de 23 ans en master d'économie à Normale Sup et à l'Ecole d'économie de Paris, entré à l'Unef  au moment du CPE en 2006, va ainsi succéder sans surprise (il est destiné à ce poste depuis fin janvier) à la tête de la première organisation étudiante (elle revendique 31.000 adhérents) à Jean-Baptiste Prévost, en poste depuis 2007, étudiant à Sciences Po. On est bien loin des luttes intestines qui ont agité l'Union nationale des étudiants de France et ses nombreux courants jusqu'à sa réunification en 2001... " Il n'y a plus de tels enjeux, l'Unef est apaisée", assure à "La Tribune" son futur président. Elle a surtout "gagné en indépendance et en maturité", analyse son prédécesseur.

L'emploi comme priorité

Mais à un an de la présidentielle, "l'heure est venue d'ouvrir une nouvelle séquence », poursuit Jean-Baptiste Prévost. Arrivé à ce poste lorsque Bruno Julliard est devenu secrétaire national du Parti socialiste, il estime donc, après neuf ans de militantisme, avoir fait son temps au sein de l'Unef. Même s'il anticipe un futur "engagement", il compte pour l'heure se consacrer aux concours administratifs et vise la haute fonction publique (tout en restant élu pour 5 ans au conseil économique et social). La tâche de s'imposer dans le débat politique revient donc à Emmanuel Zemmour. Celui-ci fixe trois chantiers prioritaires. Tout d'abord, "la mise en sécurité sociale de la jeunesse avec la création d'un statut en lien avec une allocation d'autonomie universelle conditionnée par un projet de formation. Il faut garantir à tous les jeunes le droit aux étudies." Ce qui impliquerait, pour assurer le financement de cette allocation, de refondre entièrement selon lui le système d'aides sociales (bourses...). Une piste reprise en partie par le PS mais avec un entrain limité, du fait de son coût (l'Unef évoque environ 15 milliards d'euros). Autre priorité, l'emploi des jeunes. "Il faut des mesures d'urgence", insiste Emmanuel Zemmour pour qui le problème est double : "Il faut sortir les jeunes de la précarité en les aidant à la recherche du 1er emploi dans la continuité de l'allocation autonomie. Parallèlement, il faut instaurer une prime à la stabilité, c'est-à-dire une prime aux CDI, pour lutter contre la prime à la précarité que sont les exonérations de charge actuelles pour les emplois de courte durée." L'Unef a signé ce mercredi avec plusieurs organisations syndicales (CFDT, CGT, FSU, FO, Unsa, CFTC, CGC) un "appel pour l'emploi" pour "en finir avec la stigmatisation des jeunes". Elle va aussi réclamer un plan d'emplois publics et s'élève contre la présentation par le gouvernement de l'apprentissage comme solution miracle. A cet égard, l'enquête "génération 2007" publiée ce mercredi par le Céreq estime que si l'apprentissage reste un atout pour l'accès à l'emploi, notamment pour les diplômés du secondaire, il "ne suffit pas à passer à une politique opérationnelle", en raison des difficultés à trouver un employeur et des ruptures de contrats. rutlequel il faut des mesures d'urgence dont un plan d'emplois publics et une prime aux CDI .

Concurrence entre universités

Enfin, Emmanuel Zemmour souhaite porter les revendications de l'Unef concernant l'université. "Les réformes en cours, renforcées par le grand emprunt, ont intensifié la concurrence entre établissements et enfermé leurs présidents dans des contraintes de gestion. Les premiers cycles, qui concentrent 60 % des étudiants, sont oubliés. Nous défendons l'excellence, mais l'excellence pour tous". L'organisation étudiante compte demander un "cadrage national" et va militer pour "une meilleure pédagogie et une pluridisciplinarité des formation pour lutter contre les ségrégations.
Conscients qu'à la veille de l'échéance électorale de 2012, la jeunesse est de plus en plus draguée par les politiques, l'Unef, réputée proche du PS, met un point d'honneur à revendiquer ses "propres décisions" et la diversité de ses membres, insiste Jean-Baptiste Prévost, qui se dit "fier" d'avoir pu démontrer qu'un "bon rapport de force permet de faire bouger les lignes". Allusion au recul gouvernemental sur le non cumul de la demi-part fiscale et de l'APL, à l'obtention du 10e mois de bourse ou encore à son combat contre la sélection à l'entrée de l'université ou les frais de scolarité... En attendant 2012, l'Unef compte bien peser dans le débat politique et "montrer, dans cette période de défiance, que les jeunes ont des propositions innovantes".

Commentaires 2
à écrit le 08/04/2011 à 11:46
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apres l ecole unique qui a conduit à l abaissement du niveau scolaire sans precedent, un bac avec 80% de reussite qui donc ne vaut plus rien.... voila qu l'unef nous propose une "universite" unique sans concurrence, sans competition, donc a terme un ...

le 05/12/2011 à 14:16
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En écrivant cela, vous êtes vous-mêmes dans la pensée unique, celle des belles personnes qui voit la concurrence comme un concept quasi religieux...

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