Algues vertes en Bretagne : une facture de plus en plus salée

Bien que le lien ne soit pas encore établi, les algues vertes sont présumées coupables du décès de 33 sangliers depuis début juillet sur plusieurs plages de la baie de Saint Brieuc en Bretagne. Leur prolifération depuis plusieurs années inquiète. Les coûts liés à leur traitement et à leur ramassage également.
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Le nombre de sangliers retrouvés morts sur une plage de Bretagne (Côte d'Armor) depuis le début du mois s'élève désormais à 34. Une hécatombe que les associations écologistes relient sans hésiter aux marées vertes constatée sur la dite plage de Saint-Maurice de Morieux, dont la décomposition dégage de l'hydrogène sulfuré, un gaz potentiellement mortel. Mais, pour l'heure, les examens réalisés n'ont toujours pas établi de lien entre ces algues vertes et la mort des bestiaux. "A ce stade d'investigation, les résultats ne permettent pas d'identifier clairement les causes de décès", précisait lundi la préfecture au sujet des huit animaux retrouvés dimanche, parlant de "tableaux cliniques différents".

Depuis, des analyses réalisées sur l'eau d'un barrage prélevée dimanche dernier à proximité du lieu où sont morts les sangliers, ont montré la présence de "cyanobactéries produisant des toxines à des doses inférieures au seuil de danger. De surcroît, les autopsies n'ont pas permis de faire apparaître des lésions qui auraient été provoquées par ces toxines identifiées", a indiqué la préfecture des Côtes d'Armor. Les résultats sur de nouveaux prélèvements devraient être connus ce jeudi.

Il n'empêche, les algues vertes sont les coupables idéales. Liées aux engrais azotés utilisés pour l'agriculture, puis transformés en nitrate dans les cours d'eau, ces algues se multiplient chaque année en mer avant d'échouer sur les plages. Principalement sur celles de huit communes bretonnes : quatre dans les baies de Saint-Brieuc et de Lannion (Côtes d'armor) et quatre dans les baies de Douarnenez et de la Forêt (Finistère). A elles huit, rapporte la Chambre régionale des comptes de Bretagne, ces communes ramassent environ 80 % du volume total d'algues vertes collectées en Bretagne.

32.000 m3 ramassés en une semaine

"En pourrissant, les algues vertes dégagent un jus noir qui s'infiltre dans le sable et forment une vase qui peut être fortement chargée en hydrogène sulfuré", explique Yves-Marie Le Lay, président de l'association Sauvegarde du Trégor. "Les animaux qui vont fouiner sur la plage vont aller percer des poches de gaz dans la vase et s'en prendre plein des naseaux." Et cet écologiste de s'en prendre aux autorités qui "ne veulent pas reconnaître la responsabilité des vases résultant des marées vertes car on ne peut pas les ramasser".

La semaine dernière, lors d'un relevé périodique, la préfecture de la région Bretagne a indiqué qu'environ 32.000 m3 d'algues vertes avaient été ramassées sur les plages du Finistère et des Côtes d'Armor, un chiffre légèrement supérieur aux quantités récoltées en 2010 à la même période.

134 millions d'euros pour nettoyer

Au-delà des conséquences sur l'environnement, la prolifération de ces algues a un coût. Incluant le ramassage, le transport et le traitement de ces algues, la note s'élève ainsi à plus de 800.000 euros en 2009 selon les derniers chiffres publiés par la Chambre régionale de Bretagne pour 60.642 m3 ramassés. Cette facture, supportée in fine par le contribuable, a plus que doublé par rapport à 2007.

D'après cet organisme, l'Etat n'est intervenu financièrement qu'à compter de 2009. En 2010, il a lancé un plan de lutte contre les marées vertes doté d'une enveloppe de 134 millions d'euros sur cinq ans pour nettoyer et préserver les zones les plus touchées.

"Opposer agriculture et environnement, ça n'a pas de sens"

En visite en Bretagne le 7 juillet dernier, Nicolas Sarkozy avait défendu les agriculteurs contre les "intégristes" de l'écologie en affirmant qu'ils n'étaient en rien "coupables" de la prolifération des algues vertes sur les plages bretonnes. "Opposer agriculture et environnement, ça n'a pas de sens, parce que les agriculteurs sont les premières victimes du non respect des règles environnementales", a-t-il déclaré lors d'une table ronde.

L'association Eau et Rivières de Bretagne s'est inquiétée mardi d'arrêtés ministériels visant à assouplir les règles d'épandage d'azote agricole contenu dans les déjections animales.

"Personne ne peut comprendre qu'au moment où des millions d'euros vont être investis à l'amont des baies à marées vertes pour réduire les fuites de nitrates vers les eaux, que le gouvernement s'apprête à relever les seuils d'épandage et à décourager la culture de l'herbe", écrit Jo Hervé, président de l'association, dans une lettre ouverte.

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