Premiers à avoir fait leur apparition cette année, les jeux de société vont du plus délirant comme "Casse-toi pov'con", dans lequel l'objectif est de résister à la pression des bains de foule, au plus réaliste comme "Elisez-moi", avec ses vraies personnalités publiques et propositions. Le sujet attire même jusqu'à des personnes étrangères à l'univers du jeu, à l'image de Christophe Blain et Abel Lanzac. Auteur de "La Course à l'Elysée", qui repose principalement sur des joutes oratoires, ce duo avait auparavant oeuvré sur la BD satirique "Quai d'Orsay".

Seul le développeur Eversim a tenté cette année le pari du jeu vidéo. Cette entreprise française spécialisée dans les simulations géopolitiques --elle collabore notamment avec l'OTAN-- propose avec "Elections 2012: en route pour l'Élysée" de vivre une campagne virtuelle la plus crédible possible. "Nous épluchons chaque jour la presse pour pouvoir mettre à jour notre jeu. Dès qu'un sondage paraît ou qu'une proposition nouvelle est dévoilée, nous l'ajoutons afin de coller au plus près à la réalité", a expliqué à l'AFP André Rocques, co-fondateur du studio et concepteur du jeu. Une fois lancée, cette production demande d'abord de choisir son candidat parmi, par exemple, Guillaume Kotmazy, Laurent Norvège, Martine Le Gueven ou Jean-Paul Debuchon. Si les noms laissent peu de doutes sur l'homme ou la femme politique représentée, leur représentation physique et leur voix -des imitateurs ont été sollicités- achèvent de les dissiper.

L'idéologie des jeux vidéo

Dès lors, une campagne classique s'ouvre, entre déplacements sur le terrain, meetings, interviews télévisées et sollicitation de chefs d'Etat étrangers ou de célébrités pour gagner en popularité. Chaque sortie est l'occasion de dévoiler des propositions sur un thème: si les promesses générales ont peu d'effet, celles accompagnées d'un chiffrage peuvent vite faire déraper une campagne si elles plombent le budget de l'Etat. C'est aussi l'occasion de comprendre le programme de chaque candidat.

"Si les mises à jour sont fréquentes et que le logiciel est suffisamment abouti, ce jeu peut permettre de voir quelles conséquences économiques ou sociales peut avoir une proposition. Pédagogiquement, cela pourrait se révéler intéressant", relève Oliver Mauco, doctorant en science politique à la Sorbonne, qui travaille actuellement sur sa thèse "L'idéologie des jeux vidéo: politiques publiques, analyse de contenus et réceptions politiques". Toutefois, fait-il valoir, ce genre de productions risque d'avoir du mal à trouver son public, entre amateurs de titres de stratégie qui pourraient le juger trop limité en termes de contenu et grand public pas toujours friand de jeu vidéo.

Eversim, de son côté, compte poursuivre cette expérience et prépare déjà un produit équivalent, qui traitera cette fois de l'élection présidentielle de 2012 aux Etats-Unis.