François Hollande confronté au risque de la récession

En France comme en Allemagne, les chefs d'entreprise font part d'un net recul de leurs perspectives d'activité. L'économie française, qui a stagné au premier trimestre, pourrait tomber en récession au deuxième, estiment les économistes. Et l'option d'une politique de rigueur se posait au chef de l'Etat.
François Hollande va devoir faire face au recul de l'activité industrielleCopyright Reuters

L'équipe Hollande a appris ce jeudi une bonne nouvelle : pour l'agence notation Moody's, la France mérite de conserver son AAA (la dette publique française conserve donc la meilleure notation possible).
Mais une autre nouvelle, qui a fait moins de bruit, mérite qu'on s'y arrête. Une mauvaise nouvelle pour François Hollande et pour les Français en général : en mai, les chefs d'entreprise sondés par l'Insee ont fait part d'un pessimisme grandissant, que ce soit dans l'industrie ou les services. Un phénomène qui, ce n'est pas vraiment une consolation, est propre à toute la zone euro: l'indice PMI euro, calculé à partir d'une enquête auprès des directeurs d'achats, a subi en mai sa plus forte contraction depuis juin 2009, souligne la société Markit, qui publie cet indicateur.

Toutes les composantes en baisse
En France, l'indicateur synthétique du climat des affaires a reculé à 93 points, contre 95 en avril, alors que sa moyenne de long terme est de 100 points. "Toutes les composantes sont en baisse", relève Fabrice Montagne, analyste chez Barclays Capital, notant que l'industrie, la construction, la distribution ou les services sont dans le rouge.
Les chefs d'entreprise font le constat objectif d'une baisse de leurs carnets commande, comme en témoigne l'enquête de l'Insee dans l'industrie, et ils se montrent naturellement inquiets de la situation dans la zone euro. La perspective désormais envisagée d'une sortie de la Grèce, aux conséquences aussi importantes qu'incertaines, ne peut qu'accroître l'incertitude. Et donc faire chuter encore l'investissement, entraînant l'économie dans la récession.

Une baisse d'au moins 0,5% du PIB au deuxième trimestre
L'enquête Markit auprès des directeurs d'achat « est globalement conforme avec une baisse d'au moins 0,5% du produit intérieur brut (PIB) au deuxième trimestre », estime Chris Williamson, chef économiste pour Markit.
La France pourrait bien être en train de rentrer en récession, confirme Jean-Christophe Caffet, analyste chez Natixis. "Pour l'instant, elle a échappé in extremis à une contraction de l'activité, mais il n'est pas impossible que les chiffres soient négatifs au deuxième trimestre", affirme-t-il.
Et cela fait peser une "grosse incertitude" sur le niveau d'activité en France en 2013, poursuit-il. "Il n'est pas impossible que la croissance en 2013, qui est prévue à 1% par le consensus des analystes, soit finalement bien inférieure", indique l'économiste. Y parvenir "suppose un redémarrage de l'activité au deuxième semestre", ce qui n'est pas acquis, pointe-t-il.

L'Allemagne en mauvaise posture

L'Allemagne se trouve de son côté dans une situation peu ou prou similaire. L'activité dans le secteur manufacturier y a enregistré au mois de mai sa plus forte contraction en trois ans, relançant les inquiétudes sur un ralentissement de la première économie européenne. En outre, le principal indice de confiance des entrepreneurs allemands, l'Ifo, a connu en mai son premier recul en sept mois, selon des chiffres publiés ce jeudi. Les quelque 7.000 entreprises allemandes sondées par l'Ifo ont revu à la baisse aussi bien leur évaluation de la situation actuelle que leurs attentes pour les six prochains mois.

"L'avenir est jugé avec plus de pessimisme par les entreprises. L'économie allemande subit la montée des incertitudes qui pèsent sur la zone euro", commente le président de l'institut Ifo, Hans-Werner Sinn, dans un communiqué. Les autres économistes partagent cette analyse. Annalisa Piazza du courtier Newedge voit même dans cet indicateur des "signes de panique" des entrepreneurs allemands face aux incertitudes en Europe.

"La reprise de la crise en zone euro, liée aux élections grecques, semble une nouvelle fois avoir atteint l'économie réelle allemande, mettant fin à une période de résistance" au premier trimestre, juge l'économiste Christian Schulz (banque privée Berenberg).
En début d'année la croissance allemande a été soutenue notamment par la vigueur des exportations, qui ont augmenté de 1,7% par rapport au trimestre précédent, grâce à la demande des pays émergents, les BRIC (Brésil, Russie, Inde et surtout Chine).

Mais, outre Rhin, les économistes admettent que l'Allemagne sera nécessairement affectée par les difficultés de ses partenaires européens, qui absorbent encore tout de même près de 60% de ses exportations.

Quelle évolution de la politique économique?

Toute la question est celle de l'impact sur la politique économique de tels indicateurs. Ils renforcent encore la position de François Hollande, dont la demande d'une politique de croissance a déjà été entendue. Mais quel peut être le soutien à la croissance ? Des grands travaux, évoqués à Bruxelles ? Le délai de mise en ?uvre est bien trop long, par rapport à l'urgence de la situation. Des réformes structurelles, préconisées par le gouvernement allemand ? Dans une note publiée ce jeudi, le directeur des études économiques de Natixis, Patrick Artus, juge qu'il serait inefficace de se contenter de « stimuler les dépenses publiques » dans les pays en crise (dont la France), alors que les entreprises y répondent mal à la demande.

Mais il ajoute immédiatement que « les pures réformes structurelles du côté de l'offre (flexibilité du marché du travail, concurrence accrue sur les marchés des biens et services) sont aussi insuffisantes » car elles ne permettent pas de sortir du « piège de la croissance très faible dans le court terme ».
A ce stade, le gouvernement allemand refuse de voir ce piège. Il ne veut pas entendre parler de mesures keynésiennes, de soutien à l'activité. Les indicateurs négatifs auxquels est confrontée, aussi, l'Allemagne vont-ils amener sa chancelière Angela Merkel à revoir ses vues sur la réduction des déficits ? Sur le rythme de retour à l'équilibre budgétaire ?

Il ne fait pas de doute que les importantes hausses d'impôts programmées en France par François Hollande (29 milliards d'euros, soit 1,5 point de PIB, pour l'essentiel avec effet 2013), afin de ramener le déficit public à 3% du PIB en 2013, ne vont pas contribuer à soutenir l'économie. Bien au contraire. Mais, à ce stade, Berlin n'est pas prêt à entendre l'hypothèse d'un étalement de ces mesures... Il faudrait sans doute que l'économie allemande marque encore davantage le pas.
 

Commentaires 35
à écrit le 25/05/2012 à 18:40
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Dommage que Julien Dray ne fait pas partie du gouvernement. Il adore les montres de prix. Il n'aurait eu aucun mal à remettre les pendules à l'heure !

à écrit le 25/05/2012 à 15:53
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bon ,ben on a vu comment hollande se débrouille en économie:récession,hausse du chomage et de la dette publique.maintenant vous savez pour qui voter en juin

le 25/05/2012 à 19:05
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Tiens, tiens, .... F Hollande serait déjà responsable de tous ces maux en 15 jours ..... Où comment oublier qui a présidé pendant 5 ans et qui a participé pendant 12 ans aux gouvernements précédents qui ont tant réduit les déficits, la dette et ont ...

le 26/05/2012 à 12:54
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En juin, y a plus qu'à voter FN afin qu'il n'oublie pas ses promesses.

le 12/06/2012 à 20:09
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et votre hollandais qui donne de l'argent qu'il n'a pas ,c'est quoi!

à écrit le 25/05/2012 à 14:23
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Ce qui me tracasse, c'est que, jamais, je n'ai entendu, notre demi-Dieu, selon les médias, parler de réduction des dépenses. Par contre, en quelques jours, elles se sont vues gratifier de quelques couches supplémentaires. Les socialistes n'ont vraime...

le 25/05/2012 à 15:35
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OUI les socialistes sont généreux avec l'argent qui ne leur appartient pas.

le 25/05/2012 à 16:16
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Il se pourrait même qu'il profite du retrait d'un convoi humanitaire pour rentrer de Kaboul par la route !!! :))

à écrit le 25/05/2012 à 13:36
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La valse médiatique permettant de faire croire que grâce à Hollande nous allons vivre dans un monde de bisounours va durer jusqu'aux législatives, après ce sera le temps de la vraie vie avec ses vrais problèmes et la réalité du marché prendra le pas ...

à écrit le 25/05/2012 à 13:05
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he oui, ce n'est pas en distribuant l'argent qu'on n'a pas, en augmentant la dette, et en ayant comme seul idée de taxez ceux qui crée la valeur qu'on va s'en sortir. IL faudrair prendre le problème par le bon bout, diminuer la dépense publique et in...

à écrit le 25/05/2012 à 10:53
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ce n'est que le début. l'augmentation prévue des prélèvements et d'impôts de toute sorte permettra de réduire de façon instantanée le déficit del'Etat mais de stopper durablement la croissance. l'instabilité fiscale et la pression fiscale croissante ...

à écrit le 25/05/2012 à 10:24
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C'est pas grave, il faut rétablir la retraite à 60 ans, augmenter le SMIC et embaucher 60 000 enseignants et tout ira bien. Voyons, un peu de normalité ne nous fera pas de mal ..... Heu heu heu !!

le 25/05/2012 à 10:48
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et aussi l'allocation de rentrée scolaire augmentée de 25%.Messieurs Darty,Boulanger, but,confo et autres,modifiez vos prévisions de stock. ce n'est pas desTV à écran plat de 80cms que vous allez vendre en septembre mais des TV de 110 cms.Et du pur ...

le 25/05/2012 à 12:19
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lol

le 25/05/2012 à 13:00
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lol. :))

à écrit le 25/05/2012 à 10:09
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Ah bon , le changement c'est pas maintenant...?

le 25/05/2012 à 13:46
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lol brodnik, je crois que ce ne le sera jamais, de plus il semble que notre cher hollande n'a pas tout dévoilé sur son patrimoine, je lis également les journaux étrangers, il a un bien à Londres dans un superbe quartier. L'homme qui n'aime pas les r...

le 26/05/2012 à 12:57
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@Brodnik : Non, vous savez bien, c'est pour le quinquennat de 2017

à écrit le 25/05/2012 à 9:26
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On se rappelle tous de l'euphorie qui a suivit l'élection de NS...... alors attendons la suite !!.... AIE !

à écrit le 25/05/2012 à 8:40
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Impossible que le France connaisse la récession. François le Normal nous a promis la croissance, tout comme Nicolas le Petit Napoléon nous promettait une augmentation du pouvoir d'achat.

à écrit le 25/05/2012 à 8:26
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Il est reconnu que pour redresser l'économie française et ses déficits il faut 1/3 d'impöts et 2/3 de réduction de dépenses. Le gouvernement actuel parle de 50-50 mais nous avons les 50% d'impôts et rien en économies et en réformes structurelles. Est...

le 25/05/2012 à 12:01
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Je suis d'accord avec vous, avant d'embaucher des enseignants, que ceux qui sont en place fassent leur nombre d'heures et soient moins absents, bien que je reconnaisse que ce n'est pas facile d'éduquer les jeunes aujourd'hui. C'est un problème de soc...

à écrit le 25/05/2012 à 6:35
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il faut augmenter les charges sur les entreprises:pour renflouer les caisses et pour faire baisser les prix pour les consommateurs.qui n'a pas déja eu affaire a un plombier arroguant,cher et indisponible?rendons les plus courageux et honnetes

le 25/05/2012 à 8:18
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ELLE EST BIEN BONNE CELLE6L0 / AUGMENTER LES CHARGES ET BAISSER LES PRIX; DU PLOMBIER INDISPONIBLE A PLUS DE PLOMBIER DU TOUT IL N'Y A QU'UN PAS ZOZO

le 26/05/2012 à 12:59
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Il faut certainement plus de contrôle sur la comptabilité des plombiers et chauffagistes, c'est sûr, et encore plus auprès des auto-entrepreneurs qui font 50 % au black.

à écrit le 24/05/2012 à 23:19
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Si on regarde les composantes de notre croissance. Depuis la crise la BDF dit 30 milliards de perte en terme de comptes courants, 70 milliards pour la balance et puis les autres trous. On finance la croissance du PIB par la dette, c'est ce que Merkel...

le 25/05/2012 à 8:20
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Oui depuis le 6/5

à écrit le 24/05/2012 à 23:17
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Et moi qui croyait qu'on allait raser gratis !

à écrit le 24/05/2012 à 23:10
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il est un point qui n' est jamais évoqué , c'est le peu de certication iso 9000 de nos entreprises . La qualité ne tombe pas du ciel et le pouvoir devrait stimuler la démarche . Un bon sujet pour Montebourg .

le 25/05/2012 à 8:56
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Montebourg me semble peu inspiré. En même temps, ce brave homme est avocat de formation, et non industriel ou commerçant...

à écrit le 24/05/2012 à 21:36
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non ??? pas possible

à écrit le 24/05/2012 à 21:22
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ferait-on une découverte après les elections : lorsqu'on tape sur les investisseurs, ils n'investissent plus, et lorsqu'on tape sur les employeurs, ils n'embauchent plus !!!

le 24/05/2012 à 23:23
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Non, c'est la société qui décide. Si elle décide qu'ils n'ont pas le droit de mettre au chômage comme pour les fonctionnaires, il faut bien une justice non?

le 25/05/2012 à 0:26
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c'est vrai, julien ! pour ceux qui ont un job, et à fortiori ceux qui sont syndiqués, ça peut marcher, si l'entreprise resiste aux contraintes économiques ... en revanche, pour ceux qui cherchent un job, dans ces conditions, ils ne sont pas près d'en...

le 25/05/2012 à 23:28
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@lyon69 bah c'est simple : il faut devenir prof. C'est un travail à vie garanti, même s'il n'est pas très bien payé, et puis il y a d'autres avantages : (1) ce n'est pas délocalisable en chine, (2) les clients sont captifs (3) les personnes qui payen...

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