"Si le repli de l'euro se prolonge, le commerce extérieur peut contribuer positivement à la croissance"

Pour Philippe Waechter, le directeur de la recherche économique chez Natixis Asset Management, le repli de l'euro face au dollar aura un effet positif sur la compétitivité prix des produits français. Mais il faudrait que cette baisse de la monnaie unique se prolonge durablement pour que le commerce extérieur contribue positivement à la croissance. L'économiste souhaite que la Banque centrale européenne (BCE) affiche clairement sa volonté de soutenir la croissance.
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Ce vendredi, les services des Douanes ont annoncé un nouveau creusement de la balance commerciale en avril. Observée depuis fin avril, la dépréciation de l?euro peut-elle permettre de restaurer en partie la compétitivité-prix des produits made in France ?

La baisse de l?euro est en effet assez forte pour stimuler les exportations françaises en dehors de la zone euro. Si elle se prolonge, l?effet sur la balance commerciale devrait se faire dans trois à six mois.

Pas avant ?
 

Les contrats de vente sont déjà signés. Il faudra patienter un peu. J?insiste toutefois sur le fait que ce repli de l?euro doit se prolonger durablement.

Dans le projet de loi de finances 2012, le gouvernement anticipait un taux de change moyen euro/dollar de 1,43. Peut on rêver d?une contribution du commerce extérieur positive sur la croissance cette année ?
 

Ce n?est pas impossible. Il faudrait peut-être que cette baisse se prolonge jusqu'à ce que la parité euro/dollar passe en dessous de sa moyenne de longue période, proche de 1,15 euro pour un dollar. Certes, l?euro est actuellement meilleur marché qu?en début d?année mais il n?est pas encore très abordable. Pour que les exportations tirent la croissance, il faudrait également que le commerce mondial se ressaisisse.

Quels sont les éléments qui pourraient prolonger le recul de la monnaie unique face au billet vert ?

Même si l?économie américaine ne rassure pas encore totalement les investisseurs, le billet vert reste la monnaie de réserve de référence. Au regard de la situation actuelle de la zone euro, il y a peu de chance que le marché délaisse le dollar.

Le repli de l?euro devrait toutefois se traduire par une augmentation de la facturé énergétique, le baril de brut étant libellé en dollar?

Et alors ? Certes, le montant des importations devrait augmenter mécaniquement. Mais ce n?est pas si grave. Une progression des exportations facilite le retour de la croissance. Il y a urgence. L'économie française n'a progressé que d 0,3% entre le premier trimestre 2011 et le premier trimestre 2012.

La Banque centrale européenne (BCE) a-t-elle un rôle à jouer ?
C?est l?éternelle question. S?il veut stimuler la croissance et l'emploi en Europe, Mario Draghi, le président de la BCE devrait avoir un discours clair et s?engager sur une prochaine baisse des taux et les maintenir durablement à un faible niveau.

En a t il le désir ?

Fin 2011, la BCE avait surpris les investisseurs en abaissant deux fois de suite son taux directeur. Depuis, il semble adopté la posture prudente de Jean-Claude Trichet, son prédécesseur, qui redoutait par-dessus tout un retour des tensions inflationnistes.

Dans le contexte actuel, cette crainte est-elle justifiée ?

Entamée en 2008, l?augmentation des cours des matières premières ne s?est pas traduite par l?apparition de réelles tensions inflationnistes. Les salaires n?ayant pas progressé, l?effet de second tour tant redouté par la BCE ne s?est pas produit. Mario Draghi devrait méditer les enseignements l?histoire récente et en tirer certains enseignements. Le retour de la croissance doit désormais être la seule priorité des gouvernements et des institutions en Europe.

 

 

Commentaires 2
à écrit le 09/06/2012 à 10:47
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Moi aussi j'ai un doute sur l'ampleur de ce que la France pourrait proposer à l'export avec suffisamment de compétitivité pour être viable sur le long terme. Que la valeur de l'euro joue sur le marché extérieur, oui ...mais à provoquer de la croissan...

à écrit le 09/06/2012 à 10:12
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c ' est vrai, à condition, d' avoir quelque chose à exporter.;et avoir des clients solvables..qui en plus n' abusent pas de la situation pour tirer les prix vers le bas.. Et uid, des imports énergie !!!

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