La guerre Copé-Fillon expliquée par la théorie des jeux

La théorie des jeux explique dans quel piège le combat Copé-Fillon a plongé l'UMP.
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La théorie économique au secours de la crise de l'UMP ? Il est vrai que la tendance est de se référer de plus en plus aux multiples hypothèses liées à la théorie des jeux pour comprendre les comportements rationnels ou non d'acteurs économiques, de responsables politiques ou de protagonistes dans un conflit.

Dans le cas de l'UMP, le combat entre Jean-François Copé et François Fillon est une bonne illustration du jeu du dollar aux enchères. Ce jeu décrit par Martin Shubik dans les années 1950 repose sur l'idée d'une enchère pour remporter un dollar. Chaque participant peut enchérir en pariant qu'il emportera ce fameux dollar. Sauf qu'au final, seul l'un d'entre eux gagnera ce billet tandis que les malheureux perdants au pari perdront leur mise comme dans une partie de poker.

D'après Martin Shubik, l'intérêt de ce jeu est d'observer que le comportement des joueurs va passer d'un calcul parfaitement rationnel à une attitude complètement folle. Ainsi, jusqu'à 99 cents, il est rationnel d'enchérir. En revanche, au-delà, toute enchère sera effectuée en pure perte. Plus pervers, les joueurs surenchérissent pour limiter leurs pertes... L'escalade n'est alors plus motivée par le gain mais par l'orgueil des joueurs. D'ailleurs, Martin Shubik explique que ce jeu fonctionne mieux lorsqu'il est public.

Le prix de la victoire

Dès lors, le parallèle avec le combat des chefs UMP est intéressant. Les deux candidats se sont lancés dans un pari pour remporter la présidence UMP. Un objectif légitime et rationnel. Mais alors que le scrutin a été incapable d'arbitrer ce match, ils sont entrés tous les deux dans une surenchère afin d'emporter le morceau.

La surenchère de ces dernières semaines a décrédibilisé le parti politique, et altèrera profondément la légitimité du vainqueur final. La base militante est démobilisée, les cadres se mutinent et enfin, la ligne idéologique est disloquée. On le voit, chaque jour qui passe apporte son lot de petites phrases et d'initiatives de chaque camp : création d'un groupe parlementaire dissident, départs de certains députés vers l'UDI de Jean-Louis Borloo, effondrement des cotes de popularité, montée des concurrents politiques comme le Front National ou l'UDI...

Cet exemple peut expliquer de nombreux conflits politiques voire des guerres. Lorsque les belligérants ne se souviennent plus pourquoi ils se battent. La motivation n'est plus nourrie que par la fierté d'un camp contre un autre. Ils en oublient le gain qu'ils obtiendraient à arrêter les combats.

Le jeu du dollar aux enchères a déjà vu des parties terminer sur des enchères à 200 dollars. C'est dire à quel point les limites de cet engrenage pervers sont larges...

Commentaires 9
à écrit le 01/12/2012 à 1:11
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Notre campagne serait le riche paiera et le paresseux travaillera. Les classes moyennes pourront profiter de leurs efforts, voila la démocratie, celle d'un monde meilleur! nous sommes humanistes et modernistes!

le 25/09/2014 à 22:51
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une fois de plus avec l'administration Hollande on arbitre le marché sans vraiment le comprendre ni pouvoir le justifier economiquement.. Néanmoins il faut admettre qu'il y a beaucoup de monde chez Orange que la concurrence dérange

à écrit le 30/11/2012 à 10:22
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et pomper honteusement un article écrit par Alexandre Delaigue dans son blog, sans avoir la décence de le citer, ça vous pose pas de problèmes déontologiques à la Tribune ?

à écrit le 30/11/2012 à 8:13
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Quand on veut utiliser un parallele c est quand meme mieux de le comprendre! Pas sur que le journaliste soit totalement au fait du game theory... Toujours est il que dans ce cas la l equation est assez simple: chacun sait que celui qui va prendre le...

à écrit le 30/11/2012 à 0:18
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Le parallèle a l'air plutôt bancal: dans le jeu du dollar, les joueurs sont à égalité, aucun n'est à la fois enchérisseur et commissaire priseur, il n'est pas possible d'être soupçonné de tricherie puisque par définition l'intérêt de l'organisateur e...

à écrit le 29/11/2012 à 21:58
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Ils sont un peu plus franc que Hollande lui fait assez Brejnev... il dissimule sa fortune acquise dans l'administration sous différentes identités, le pire ennemi de l'homme. A peine élu il se gave d'impôts et taxes! On nous joue les violons de l'uni...

à écrit le 29/11/2012 à 21:27
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ça travaille pour qui? La Bétencourt ou bien les évadés?

à écrit le 29/11/2012 à 18:48
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Messieurs Copé et Fillion... Faites de la politique pour votre pays et non pour votre égo...

à écrit le 29/11/2012 à 18:41
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Est-ce la même théorie des jeux qui explique le coût de la campagne présidentielle US entre Obama et Romney?

le 30/11/2012 à 8:08
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Aucun rapport - les sommes engagees sont le fait de lobbys prives qui savent qu une fois leur candidat elu, il les repaiera au centuple! C est donc dans ce cas la parfaitement rationnel...

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