L'investissement, une incertitude majeure pour 2013

Sur la foi d'enquêtes auprès des chefs d'entreprise, les conjoncturistes tablent sur une quasi stabilité de l'investissement des entreprises en France en 2013. Mais, compte tenu du marasme conjoncturel, le risque est élevé d'une chute brutale, qui entraînerait l'économie dans la récession
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 Il y a les perspectives annoncées jeudi par le gouvernement, pour le long terme. Encore très floues. Et il y a le court terme, la réalité de l'investissement, en France, en 2013. Le niveau des dépenses d'équipement des entreprises, cette année, est à la fois déterminant pour la conjoncture et particulièrement incertain. Déterminant, car en cas de chute brutale, il ne serait plus possible d'envisager la moindre croissance de l'activité économique : la plupart des conjoncturistes tablent sur un peu plus de zéro (le gouvernement affiche +0,8%, sans y croire), mais ce serait beaucoup moins si l'investissement baissait fortement, comme on a pu le voir lors de précédents creux conjoncturels. La France serait pour le coup en récession, sur l'ensemble de 2013.

Les prévisions basées sur des enquêtes

Les conjoncturistes tablent aujourd'hui sur une stabilité de l'investissement des entreprises en 2013, sur la foi d'enquêtes auprès des chefs d'entreprise. Mais ils s'étonnent des résultats de ces enquêtes. Car, compte tenu de la faiblesse de l'activité, les modèles économiques donnent à penser qu'un recul devrait avoir lieu. Le taux d'investissement (dépenses d'équipement rapportées à la valeur ajoutée) est aujourd'hui élevé, du même ordre que celui constaté dans les périodes de croissance forte, alors que règne le marasme, relevaient récemment les experts de l'Insee.

Trois déterminants de l'investissement

« Il y a trois grands déterminants de l'investissement » rappelle l'économiste Eric Heyer (OFCE) : l'effet accélérateur, la rentabilité, et les tensions sur l'appareil productif ». Or ils sont tous mal orientés.
L'accélérateur (quand les patrons anticipent une plus forte demande, cela accélère le niveau de l'investissement) ? « Il ne joue absolument pas », dans le contexte de récession européenne. La rentabilité? Elle est très dégradée, avec des taux de marge au plus bas depuis 1985. « En outre, la logique actuelle, c'est de baisser le coût du travail et de renchérir le coût du capital afin d'accentuer la substitution du travail au capital » souligne Eric Heyer. On le voit avec les mesures fiscales qui pénalisent l'endettement (moindre déduction des intérêts d'emprunt du bénéfice imposable) et qui au contraire allègent le coût du travail (Crédit d'impôt compétitivité).
Quant aux tensions sur l'appareil productif, il n'y en a aucune. «On se situe très en dessous des niveaux moyens de taux d'utilisation des capacités de production, six points en dessous » relève Eric Heyer.

La France mal placée en Europe, avec l'Italie
Dans une note publiée vendredi, le directeur des études économiques de Natixis, Patrick Artus, souligne lui aussi le risque d'une chute de l'investissement, et identifie quatre causes possibles dans les différents pays européens : la faiblesse de la demande intérieure, la faiblesse de la demande extérieure, les difficultés de financement, et le niveau des taux d'intérêt. Un seul pays en Europe cumule ces quatre causes, l'Italie. A l'exceptioin des taux d'intérêt, qui restent favorablement orientés dans l'hexagone, la France subit les trois autres handicaps. "Ce sont donc l'Italie et la France où il faut craindre un fort recul de l'investissement des entreprises en 2013" conclut Patrick Artus.
«Le risque est clairement à la baisse » confirme Eric Heyer. « Pendant plusieurs mois, nous avons été étonnés de constater l'absence d'ajustement à la baisse sur l'emploi, il a lieu aujourd'hui. Mais pas encore s'agissant de l'investissement ». Combien de temps ce répit va-t-il durer ?

Adapter l'investissement à la réalité financière
« Soit on pense que les entreprises peuvent poursuivre leur activité avec des marges très dégradées, et alors, le taux d'investissement peut rester à son haut niveau actuel » - ce qui signifie qu'il stagne trimestre après trimestre, ce qui correspond à la prévision de l'Insee pour le début de l'année- ; « soit on pense que les entreprises vont ajuster leur effort d'investissement à la réalité de leurs finances. Dans ce deuxième cas, il faut s'attendre à une chute significative » conclut Eric Heyer.

 

 

Commentaires 9
à écrit le 05/06/2013 à 8:57
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a force de nous dire que tout va bien, eh bien tout va de plus en plus mal, quand au 0,2% de croissance au 3ème trimestre, vs avez trouvé cela où, encore de l'intox, on dégringole de mois en mois. De nombreux retraités prennent la fuite pour une meil...

à écrit le 14/01/2013 à 1:22
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C'est une règle de bon sens de reorganiser et investir pendant les phases de recession afin de pouvoir bénéficier à plein de la reprise, avec plus de productivité et moins de salariés. Le gouvernement a déjà tout fait pour que cela ne se passe pas ai...

à écrit le 13/01/2013 à 1:57
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Je n'invsti plus rien en France! Assez de me faire traiter de voyou et de me faire taxer tout ce que je gagne. Développement de ma filiale à l'étranger et de l'emploi là-bas et réduction de la voilure en France.

à écrit le 12/01/2013 à 19:44
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Je vais investir: pour moi. Je vais faire un emprunt pour me rembourser mes comptes courants en désinvestissant, et vogue la galère.

à écrit le 12/01/2013 à 18:45
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Ces mêmes experts prévoyaient un excellent niveau d'investissement pour 2012 et ce sont plantés. Alors....

à écrit le 12/01/2013 à 17:54
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quelle blague! votre incertitude, ca fait 4 mois qu'on sait ce qu'il y a derriere; mais bon, il faudra des commissions d'experts pour comprendre... le pire c'est que non seulement ces experts ne vont rien comprendre, et qu'en plus ils n'auront pas de...

à écrit le 12/01/2013 à 16:33
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2 conditions doivent être réunies pour que l'investissement se développe : [a] que les entreprises soient capables de mettre sur le marché des produits à très fortes valeurs ajoutées ... hors l'innovation est en panne depuis plus de 10 ans !!! - [b] ...

le 12/01/2013 à 17:57
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les fonds propres, c'est une petite partie du pb... l'autre partie est ailleurs; maintenant oui, en tt etat de cause et avec la meilleure volonte, meme si les gens voulaient faire qqch, avec une marge a moins de 28%, des actionnaires villipendes, et ...

le 12/01/2013 à 19:13
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Il est vrai qu'avec les bons à rien mauvais à tout incompétents et flémards notoires qui se vantent de s'occuper de l'innovation en France, nous sommes au plus profond du gouffre, les cancres dans tous les classements, 64ème mondail en efficacité de ...

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