Investissements d'avenir et territoires : des synergies encore à construire

Dans un rapport qu'il vient de dévoiler, le Commissariat général à l'investissement dirigé par Louis Gallois fait un point sur l'impact économique du Grand emprunt sur les territoires. Plusieurs défauts de jeunesse sont signalés.
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Près de trois ans après leur lancement du Grand emprunt de 35 milliards d?euros ? ou du programme des investissements d?avenir (PIA) -, le Commissariat général à l?investissement (CGI), dirigé par Louis Gallois, fait un premier bilan sur l?impact économique du PIA sur les territoires. Depuis l?adoption de la loi de finances rectificative du 9 mars 2010 qui a initié le PIA, 1.200 projets ont été sélectionnés. « Pour la plupart d?entre eux, la contractualisation est terminée et le financement est en cours. À ce jour, 28 milliards d?euros ont ainsi été engagés et plusieurs milliers d?entreprises en bénéficient de manière directe ou indirecte », détaille le document.

La question est importante. Certes, le PIA n?est pas un outil de relance économique des territoires, comme le précisa dès 2010 René Ricol, le premier commissaire général à l?investissement, auquel succéda Louis Gallois en 2012. La philosophie du CGI est la suivante : les investissements ne doivent être réalisés que si le projet vaut la peine d?être soutenu, et tant pis si deux projets portés par le PIA ne sont distants que de quelques kilomètres. Néanmoins, en dépit de cette approche très pragmatique, force est de constater que peu de territoires ont échappé au radar du CGI. La France est pleine de richesses.

Par ailleurs, « les Investissements d?Avenir contribuent à la structuration d?écosystèmes dans des secteurs très variés et au développement de bassins d?emploi ; ils génèrent des besoins de compétences - pour valoriser les résultats de la recherche, améliorer la sous-traitance, etc. - qui appellent la mise en place d?outils de formation ».

Des défauts de jeunesse 

Grâce au PIA, des écosystèmes régionaux performants ont-ils vu le jour ? Pas réellement. Plusieurs défauts de jeunesse sont observés. Si la très grande majorité des diagnostics régionaux réalisés par les préfets souligne que le PIA a créé « une véritable dynamique territoriale en encourageant les acteurs locaux à tirer profit de leur complémentarité pour gagner en visibilité et en efficacité », il est indispensable de mettre en place une gouvernance unifiée des politiques en faveur de l?innovation et une meilleure coordination des interventions publiques.

Ainsi, la gouvernance de l?innovation reste encore éclatée. « Si les Investissements d?Avenir viennent généralement renforcer les orientations définies dans la
Stratégie Régionale de l?Innovation (SRI), l?intégration des outils du PIA aux dispositifs existants reste la plupart du temps un chantier à mener. Même si dans la grande majorité des régions un comité de suivi PIA associant les acteurs locaux et l?État a été mis en place, très souvent le cloisonnement persiste entre les différentes politiques d?innovation.

Des approches divergentes

Ce manque de coopération est parfois accentué par les approches divergentes de l?État et des collectivités territoriales en matière de développement économique et d?innovation », explique le CGI qui regrette que peu de territoires se soient engagés dans une démarche fédératrice. Autres défauts de jeunesse observés par le Commissariat, la faible rationalisation des dispositifs de valorisation de la recherche et de la diffusion des bonnes pratiques. L?absence de complémentarité des sources de financement est aussi relevée.

Réfléchir plus sereinement

« Une gouvernance unique permettrait de mettre en rapport les besoins de financement et les moyens disponibles, et par là même de mieux orienter les dossiers. Elle permettrait également de réfléchir plus ?sereinement? et plus efficacement à des pistes de financement pour les projets qui n?ont pas été labellisés PIA mais qui ont un réel intérêt en matière de recherche développement et/ou de cohésion territoriale, ainsi que pour les projets industriels innovants et risqués. Dans cette optique, la création de la Banque Publique d?Investissement ouvre de nouvelles perspectives », insiste le document.

Conclusion ? Le CGI est très clair : « il est trop tôt pour dresser un bilan des impacts du PIA sur le continuum de la recherche à l?entreprise et sur les territoires (?) Les retombées socio-économiques du PIA sur les territoires ne pourront être évaluées de manière précise qu?à moyen ou long terme », précise-t-il dans son rapport, tout en précisant bien que ce sont le CGI ne peut pas tout.

Dépasser les clivages entre les acteurs

En effet, l?Etat, les Régions et les territoires doivent impérativement mettre en place une véritable démarche coopérative pour que le retour sur investissement soit le plus élevé possible. « On peut regretter au passage que les acteurs de terrain ne soient pas allés jusqu?à avancer des propositions de simplification fondées sur leur stratégie régionale. Il y a là une piste de progrès certaine. La simplification souhaitée sera d?autant plus pertinente si elle est initiée par les principaux intéressés. Ces derniers ont tout intérêt à se saisir des objets du PIA pour renforcer leurs synergies plutôt que de se voir imposer des mesures nationales qui s?appliqueraient de manière indifférenciée. (?).

De la même façon, au niveau des territoires, le dialogue et le partage d?information entre acteurs doivent constituer une priorité. La culture du cloisonnement qui prévaut encore trop souvent n?est plus en phase avec les exigences de la compétition économique mondiale. (?) Les politiques en faveur de l?innovation doivent donc contribuer ?à dépasser les clivages et conduire au dialogue de toutes les parties prenantes? », conclut le Commissariat.

 

 

 

 


 

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