"Il ne faudrait pas que le gouvernement nous pousse à sortir du pacte de responsabilité" (Medef)

Par latribune.fr  |   |  698  mots
"L'urgence, avant toute autre chose, est de relancer les entreprises et de redresser leurs marges", estime Geoffroix Roux de Bézieux. | Reuters
Dans un entretien avec Le Figaro, Geoffroy Roux de Bézieux, vice-président du Medef, regrette les temps longs de mise en oeuvre du pacte de responsabilité et le "harcelèment fiscal jamais vu" que subiraient les entreprises.

"Il ne faudrait pas qu'à force de réduire le pacte de responsabilité le gouvernement nous pousse à en sortir": c'est la menace que brandit Geoffroy Roux de Bézieux, vice-président du Medef chargé de l'économie, dans un entretien avec Le Figaro publié mercredi.

La baisse de la fiscalité des entreprises est une "supercherie"

Le numéro deux de l'organisation patronale déplore notamment les temps trop longs de mise en oeuvre du pacte, qui marquent un "écart entre les discours et les actes":

"La baisse annoncée de la fiscalité des entreprises est une supercherie complète puisque les chefs d'entreprise ne verront aucune différence sur leur 'feuille d'impôt' en 2015".

"Il y aura bien une baisse d'un milliard de la C3S (impôt sur le chiffre d'affaires) mais l'essentiel des 6 milliards de suppression ne devrait avoir lieu qu'en 2017, année de l'élection. De même que le début de la réduction du taux d'IS, qui se poursuivra après"

La fiscalité locale risque d'augmenter

En revanche, dès l'année prochaine, il faudra s'acquitter de la taxe carbone, de l'écotaxe, de la surtaxe de l'impôt sur les sociétés (prolongée d'un an)... sans compter la fiscalité locale, puisque la baisse des dotations aux collectivités fait surgir des risques de hausse d'impôts, regrette Geoffroy Roux de Bézieux. 

Par ailleurs, "la baisse de 10 milliards de cotisations en plus des 20 du CICE est brute, puisqu'elle va engendrer environ 20% d'impôts sur les sociétés (IS) en plus", souligne-t-il. 

Les entreprises "harcelées" par les contrôleurs fiscaux

La situation est aggravée par le fait que "les entreprises font l'objet, pendant ce temps-là, d'un harcèlement fiscal jamais vu", estime le patron:

"Les contrôleurs fiscaux interprètent au forceps la législation (...) pour faire rentrer dans les caisses de l'Etat les deux milliards budgétés de lutte contre la fraude".

Ainsi, "on assassine à petit feu les entreprises familiales", dénonce-t-il.

"Il faut aller plus vite et plus fort"

Au contraire, la situation de la France, qui "décroche fortement dans une Europe qui redécolle", imposerait d'"aller plus vite et plus fort", estime le vice-président du Medef:

"Si seules les mesures 2015 sont inscrites dans les budgets rectificatifs, alors ce sera un très mauvais signal envoyé aux chefs d'entreprise", met-il en garde.

"Plus de grains à moudre pour la négociation"

Cependant, le temps de la concertation est révolu, selon Geoffroy Roux de Bézieux:

"Le débat sur les cadeaux aux entreprises est surréaliste (...) Dans le contexte actuel de décrochage de la France, il n'y a plus de grains à moudre pour la négociation", estime-t-il, se disant par ailleurs "sceptique" quant aux prévisions du gouvernement et à la reprise de l'économie française.

"L'urgence, avant toute autre chose, est de relancer les entreprises et de redresser leurs marges", insiste-t-il.

La solution: lever les obstacles à l'emploi

Comment s'y prendre alors? "Avec nos contraintes budgétaires, il faut examiner tous les obstacles à l'emploi que l'on peut lever sans coût", tels la suspension des seuils d'entreprise et la libéralisation du travail le dimanche, suggère Geoffroy Roux de Bézieux.

La législation sur la pénibilité en cours d'écriture lui paraît en revanche être "une bombe à retardement, comme les 35 heures l'ont été", alors que le décret Alstom "s'apparente à une ligne Maginot qui ne nous protège pas".

Rebsamen reproche au Medef de "geindre et pleurnicher"  

Le ministre du Travail, François Rebsamen, a réagi sur RTL à ces propos:

"C'est incroyable alors même que le gouvernement fait un effort sans précédent, de près de 41 milliards d'euros envers les entreprises, d'entendre, je vais reprendre la formule de Laurent Berger de la CFDT, sans arrêt les entreprises se plaindre, geindre, pleurnicher".

François Rebsamen a rappelé que le patronat avait "pris des engagements" et qu'il n'était "pas acceptable" de les remettre en cause et de "renier sa signature"

"Il va falloir qu'on s'explique", a-t-il dit, indiquant faire "la différence entre le Medef et les chefs d'entreprise sur le terrain".