Le FMI réduit à nouveau ses prévisions de croissance

Le Fonds monétaire international (FMI) estime désormais que la croissance mondiale ne dépassera pas 3% en 2009, après 3,9% cette année.

C'était attendu, c'est désormais officiel. Le Fonds monétaire international (FMI) a nettement abaissé ce mercredi ses prévisions de croissance mondiale et plaidé pour une réaction internationale coordonnée face à la crise financière.  Le FMI s'attend à ce que cette crise, la plus violente depuis les années 1930, pèse lourdement sur la croissance dans des marchés confrontés à une crise de confiance et une raréfaction du crédit. Il ne prévoit plus que 3% de croissance mondiale l'année prochaine alors qu'elle anticipait en juillet un chiffre de 3,9%. Pour 2008, sa prévision est ramenée de 4,1% à 3,9%.

A 3% en 2009, la croissance mondiale tomberait à son plus bas niveau depuis 2002. Pour les Etats-Unis, le FMI attend 1,6% de croissance du produit intérieur brut (PIB) en 2008, mais 0,1% seulement en 2009. Pour la zone euro, il anticipe une expansion de 0,2% l'année prochaine après 1,3% cette année.

Ces prévisions ont été établies avant l'annonce d'une baisse coordonnée des taux de la Réserve fédérale américaine, de la Banque centrale européenne et de plusieurs autres grandes banques centrales, une initiative à laquelle s'est jointe la Chine. Ces décisions des banques centrales constituent "un pas dans la bonne direction", mais d'autres actions sont nécessaires alors que l'économie mondiale ralentit, a jugé Olivier Blanchard, économiste en chef du FMI. "Il faut faire plus, en particulier en Europe, actuellement", a expliqué le conseiller économique de l'institution, également directeur du département des études du FMI.

"Manifestement, la crise financière s'est aggravée et aucun pays ne sera totalement à l'abri de ses effets sur l'économie réelle", écrit Olivier Blanchard dans le communiqué du FMI. "Il est trop tard pour éviter un ralentissement mais des mesures énergiques et coordonnées peuvent éviter des scénarios encore plus défavorables. Dans de nombreux pays, des plans sont déjà mis en place pour résoudre la crise." "Avec de telles mesures en place, il est raisonnable de prévoir que le redressement commencera en 2009 et prendra de l'ampleur en 2010", a-t-il expliqué, ajoutant que dans ce cas d'une action rapide et cohérente le risque d'une récession mondiale était "presque nul".

Le défi immédiat pour les responsables politiques est de stabiliser les marché de crédit, tout en gérant prudemment les économies pendant une période de ralentissement de la croissance et en gardant l'inflation sous contrôle, ajoute le Fonds. Le FMI avertit en outre qu'une récession est de plus en plus probable aux Etats-Unis, avec une contraction du PIB au dernier trimestre 2008 et durant les trois premiers mois de 2009.

Pour le FMI, ce sont sans doute des politiques économiques et de régulation laxistes qui ont permis à l'économie mondiale de "dépasser sa vitesse limite". Dans le même temps, des anomalies sur les marchés, couplées à des politiques défaillantes, ont laissé les tensions se développer et l'économie mondiale va, selon le Fonds, en payer à présent le prix. Le FMI pensait jusqu'alors que les économies émergentes pourraient en grande partie échapper à une contagion de cette crise née de celle de l'immobilier aux Etats-Unis. Ce n'est plus le cas.

L'organisation financière internationale estime ainsi que, dans les pays émergents et en développement, la croissance continuera de fléchir, pour s'établir un peu au-dessous de la tendance au deuxième semestre de 2008, à 6,9% en glissement annuel, contre 8% en 2007. La croissance tombera ensuite à 6,1% en 2009, prévoit le FMI. Dans le même temps, la flambée récente des prix alimentaires et pétroliers a propulsé l'inflation à des niveaux jamais vus depuis dix ans, constate le FMI, ce qui pénalise en particulier les pays émergents, où les dépenses alimentaires sont proportionnellement particulièrement élevées.

La Chine et l'Inde vont connaître un ralentissement en raison d'exportations moins vigoureuses, mais elles devraient continuer de bénéficier de la vigueur de la demande intérieure, estime l'organisation. La croissance chinoise devrait ressortir à 9,7% cette année et 9,3% en 2009, contre 11,9% en 2007, prévoit le FMI. Celle de l'Inde devrait passer à 7,9% cette année et 6,9% la suivante, après 9,3% en 2007.

Pour l'Afrique, le FMI s'attend à ce que la crise financière et l'inflation accrue pèsent sur la croissance, mais les pays producteurs de pétrole devraient mieux résister au ralentissement économique.

(Retrouvez les prévisions du FMI )

 

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