L'écrasante majorité des experts pariait sur une baisse d'un quart de point du principal taux directeur de la BCE, à 1%. C'est fait. La BCE vient d'annoncer qu'elle réduisant d'un quart de point son principal taux à 1% soit le nouveau plancher historique depuis la création de l'institution monétaire en 1998. Jean-Claude Trichet, président de la BCE, a annoncé que le niveau de 1% était actuellement "approprié" mais qu'il pourrait encore être abaissé.
Un peu plus tôt, la Banque d'Angleterre avait opté pour le statu quo, mais les taux britanniques sont déjà positionnés à 0,5%.
Le taux de la facilité de dépôt au jour le jour, celui auquel la BCE rémunère les dépôts des banques, a été maintenu à 0,25%. Ce taux plancher a gagné en importance ces derniers mois, devenant la référence pour le niveau des taux interbancaires sur le marché monétaire. Les banques ont massivement augmenté leurs dépôts auprès de la BCE, préférant lui confier des capitaux destinés en temps normal à être prêtés à d'autres banques. Le taux plafond (prêt marginal au jour le jour) a quant à lui été abaissé de 50 points de base à 1,75%.
Depuis octobre dernier, la BCE a déjà abaissé son principal taux de 3 points, mais sans que la machine du crédit dans la zone euro ait véritablement redémarré. Le taux de croissance des crédits au secteur privé a même ralenti en mars.
Mesures non conventionnelles
Or la marge de manoeuvre de la BCE sur les taux est désormais limitée, de nombreux responsables de la BCE refusant de voir le taux tomber sous 1%. D'où le recours de la BCE à des mesures dites non conventionnelles : Jean-Claude Trichet a ainsi annoncé ce jeudi que la banque allait acheter pour environ 60 milliards d'euros d'obligations sécurisées, afin de stimuler l'économie. Les modalités de ces achats seront dévoilées après la prochaine réunion du 4 juin.
Ces obligations, équivalentes aux "pfandbriefe" en Allemagne, sont couvertes par des crédits hypothécaires ou des créances du secteur public et sont considérées comme relativement sûres.
Par ailleurs, décision largement attendue, la BCE va élargir son arsenal d'appel d'offres et proposer aux banques des opérations de refinancement d'une maturité d'un an. Cette décision vise à rassurer les banques, toujours allergiques aux risques, sur leur refinancement et à les encourager à prêter davantage.
Prévisions économiques revues à la baisse
Jean-Claude Trichet a par ailleurs souligné la fragilité de l'économie en zone euro, qui s'est détériorée au premier trimestre "nettement plus que prévu en mars", quand la BCE a présenté ses prévisions économiques. En conséquence, ses dernières devraient être révisées "significativement" à la baisse en juin, et s'aligner sur celles de la Commission européenne notamment, qui a récemment prédit une chute de 4% du Produit intérieur brut de la zone euro en 2009.