Barack Obama renforce le contingent en Afghanistan, Paris maintient ses effectifs

Le président américain a annoncé l'envoi de 30.000 hommes supplémentaires en Afghanistan, afin d'intensifier la lutte contre les talibans et d'envisager un retrait en 2011.

Comme l'anticipaient nombre d'observateurs, Barack Obama a annoncé mardi soir l'envoi de 30.000 soldats supplémentaires en Afghanistan d'ici l'été 2010, dans le cadre d'une nouvelle stratégie visant à intensifier la lutte contre les talibans. "En tant que commandant en chef, j'ai établi qu'il était de notre intérêt national vital d'envoyer 30.000 soldats supplémentaires américains en Afghanistan. Après dix-huit mois, nos troupes commenceront à rentrer à la maison", a déclaré le président américain. Car ce renforcement du contingent n'est qu'une partie des annonces faites à l'académie militaire de West Point mardi.

Le chef d'Etat a annoncé que cette intensification de la lutte avait également pour but de rendre possible un retrait des troupes américaines du pays d'ici juillet 2011. Il estime que ces renforts permettraient "d'accélérer le transfert des responsabilités aux forces afghanes". Barack Obama a souligné que l'engagement américain en Afghanistan n'était pas "illimité" mais n'a pas pour autant fixé de calendrier pour un retrait complet des troupes.

Selon des responsables du Pentagone, le déploiement des renforts débutera en janvier et l'intégralité des 30.000 soldats supplémentaires devraient être sur place d'ici fin août avec pour mission prioritaire de sécuriser les grands centres de population. Le calendrier accéléré dévoilé par obama a surpris certains experts du Pentagone qui tablaient plutôt sur un étalement des opérations de renforcement militaire sur une période de douze à dix-huit mois.

Paris n'enverra pas de troupes supplémentaires

"Comme nous l'avons fait en Irak, nous mettrons en oeuvre cette transition de manière responsable, en prenant en compte les conditions sur le terrain", a dit le président américain, qui a lancé un nouvel appel au président afghan Hamid Karzaï à lutter contre la corruption. Dans cette lutte contre les talibans, les Etats-Unis ne sont pas seuls. Quelque 42.000 soldats alliés sont actuellement déployés en Afghanistan aux côtés des 68.000 militaires américains. Et Barack Obama espère bien que ces alliés vont suivre son exemple et renforcer leurs effectifs.

Sur ce point, il ne devrait pas avoir le soutien de la France. Nicolas Sarkozy s'est montré "extrêmement clair (...) la France ne compte pas augmenter ses effectifs", a dit ce week-end le ministre de la Défense Hervé Morin.

L'Otan attend 5.000 hommes en plus

Le Chef de l'Etat français a toutefois confirmé lundi que les troupes françaises resteraient "aussi longtemps que nécessaire" en Afghanistan "pour permettre aux Afghans de vivre dans un pays pacifié et souverain, capable d'assumer seul son destin sans risquer de redevenir une menace pour la sécurité du monde". Lors de la cérémonie de la prise d'armes d'automne, dans la Cour des Invalides, le président de la République a rendu un hommage solennel aux 21 soldats français morts en 2009 sur les "théâtres extérieurs", dont cinq en Afghanistan.

A cette occasion, Nicolas Sarkozy avait déclaré : "nous luttons avec les Afghans pour empêcher le retour des talibans et obtenir la stabilisation du pays. C'est la paix du monde et notre propre sécurité qui sont en jeu. Renoncer ce serait laisser le champ libre au terrorisme et à la violence des fanatiques". Mais il avait reconnu : "nous n'avons pas vocation à rester indéfiniment en Afghanistan". Lundi, il a confirmé privilégier la formation des troupes afghanes.

De son côté, le Premier ministre britannique Gordon Brown a confirmé également lundi que la Grande-Bretagne enverra 500 soldats supplémentaires en Afghanistan. Un responsable polonais a annoncé mercredi que son pays allait sans doute y envoyer 600 hommes supplémentaires. Cette décision devait être approuvée par le gouvernement du Premier ministre Donald Tusk et le président Lech Kaczynski, qui est le commandant suprême des armées et s'était prononcé en faveur d'un renfort des 2.000 soldats polonais déjà présents sur place.

A Bruxelles, le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, a dit s'attendre à ce que les pays de la coalition fournissent au moins 5.000 soldats supplémentaires - peut-être quelques milliers de plus - en réponse à la demande américaine. Sur le terrain, le général Stanley McChrystal, qui dirige les forces américaines et de l'Otan et avait préconisé l'envoi de 40.000 hommes en renforts, a estimé que la nouvelle stratégie de Barack Obama fournissait aux troupes alliées les ressources nécessaires pour mener à bien leur mission.

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