Après son plan de rigueur, la Grèce va lever cinq milliards d'euros sur le marché

Le commissaire européen Olli Rehn estime que de nouveaux efforts grecs devront être envisagés en 2011 et 2012 pour résorber les déficits abyssaux du pays. Mais la tension sociale monte déjà en Grèce. Athènes espère par ailleurs retirer jusqu'à 5 milliards d'euros d'une émission obligataire lancée ce jeudi. La France et l'Espagne ont elles aussi eu recours au marché obligataire.

La Grèce annonce ce jeudi le lancement d'un emprunt obligataire à 10 ans libellé en euros, avec un taux indicatif équivalent à mid-swap +310 points de base. Les banques Barcap, HSBC, Nomura, NBG et Piraeus ont été mandatées pour l'opération. Dans la foulée de cette annonce, l'écart de rendement entre les emprunts d'Etat à 10 ans grecs et allemands est passé de 289 points de base (fixing de clôture mercredi) à 301 points de base. Athènes espère retirer jusqu'à 5 milliards d'euros de cette émission, alors que les ordres atteignaient déjà 7 milliards une heure après l'ouverture des livres. Au total, la demande a atteint 16 milliards d'euros, avec un rendement final fixé à 300 points de base au-dessus du mid-swap, a dit jeudi une source bancaire proche de l'opération.

Malgré ll a tension créée par cette émisison, La France et l'Espagne ont elles aussi eu recours au marché obligataire, et ce sans trop de difficultés. Paris a émis pour 8,1 milliards d'euros d'obligations assimilables au trésor (OAT), dans le haut de la fourchette annoncée (7 à 8,5 milliards d'euros), de maturité 10, 15 et 30 ans qui ont été, selon un expert, adjugées à "des niveaux de marché historiquement bas pour la France". Le taux moyen pondéré de l'OAT de référence à 10 ans, la 3,50% avril 2020, est ressorti à 3,45%, soit une baisse de 13 points de base par rapport à l'adjudication du mois dernier. L'Espagne a également émis dans des conditions relativement bonnes 4,5 milliards d'euros d'obligations à 5 ans, également dans le haut de la fourchette annoncée.

Par ailleurs, le nouveau train de mesures annoncé mercredi par la Grèce pour résorber ses déficits sera probablement suffisant pour 2010 mais de nouvelles solutions devront être envisagées en 2011 et 2012, a estimé ce jeudi Olli Rehn, commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, dans une interview au Corriere della Sera. La zone euro est prête, si nécessaire, à prendre des mesures coordonnées pour garantir sa stabilité, a-t-il précisé. "Nous avons les ressources pour le faire", selon lui.

Cette évocation de nouvelles mesures ne va pas faire plaisir en Grève où la tension sociale monte déjà. Les principaux syndicats des secteurs public (Adedy) et privé (GSEE), qui représentent près de la moitié de la population active, appelent à un débrayage de trois heures vendredi pour protester contre les mesures d'austérité budgétaires visant à résorber le déficit public."Les mesures sont cruelles, injustes et partiales. Le fardeau n'est pas partagé de façon équitable" a déclaré jeudi Stathis Anestis, porte-parole du syndicat du secteur privé GSEE.Il y un gros risque de récession plus profonde encore et de hausse importante du chômage". L'Adedy de son côté a déjà lancé un appel à la grève pour la journée du 16 mars. Plusieurs dizaines de personnes ont exprimé leur colère ce jeudi en empêchant les employés du ministère des Finances d'entrer dans le bâtiment.

Sur une radio allemande, le vice-ministre des Affaires étrangères grec, Dimitri Droutsas, s'est dit optimiste quant à la capacité de la Grèce à atteindre ses objectifs budgétaires pour 2010. La Grèce a besoin du soutien de ses partenaires européens afin que le coût de ses emprunts ne soit pas trop élevé mais elle n'a pas besoin d'une aide financière directe, a estimé le vice-ministre au micro de Deutschlandfunk.

Athènes s'est fixé pour objectif de ramener son déficit à 8,7% du PIB cette année contre 12,7% en 2009. "Nous sommes très optimistes sur le fait qu'avec une mise en oeuvre appropriée de cette série de mesures d'économies, nous pourrons atteindre cet objectif en 2010. C'est notre obligation et quelque chose que le gouvernement grec prend très au sérieux", a-t-il insisté.

Le Premier ministre grec, George Papandréou, doit rencontrer la chancelière allemande Angela Merkel ce vendredi à Berlin. Cette dernière a prévenu que l'Allemagne ne ferait aucune offre d'aide à la Grèce à cette occasion. Le ministre allemand de l'Economie, Rainer Brüderle, a répété jeudi que la Grèce devait résoudre elle-même ses problèmes budgétaires, et indiqué que la chancelière Angela Merkel allait dire cela "très clairement" à son homologue grec attendu à Berlin vendredi.

"Nous devons être fidèle au principe selon lequel chaque pays doit résoudre ses propres problèmes", a déclaré le ministre libéral, qui a salué les mesures annoncées mercredi par Athènes prévoyant de nouvelles coupes budgétaires de plusieurs milliards d'euros.

Enfin, côté anecdote, des députés allemands ont appelé la Grèce à vendre des îles pour aider à financer sa dette, rapporte jeudi le quotidien populaire Bild qui résume l'idée en ces termes: "on vous donne du fric, vous nous donnez Corfou". "L'Etat grec doit renoncer à sa participation dans des sociétés, et vendre des propriétés foncières, comme par exemple des îles inhabitées", a affirmé au journal le député libéral Frank Schäffler.

Pour le député chrétien-démocrate Marco Wanderwitz, "si l'Union européenne et donc l'Allemagne venait à aider financièrement la Grèce, il faudrait qu'elle consente des garanties en échange". "Quelques îles pourraient ainsi faire l'affaire", selon le député.

Commentaires 5
à écrit le 04/03/2010 à 17:42
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Le peuple Grec a le choix entre rester dans l'europe, ou pas. Le gouvernement sautera et je vois très bien un référendum se mettre en place. La Grèce n'est pas un pays exportateur, la planche à billet se remettra à tourner en créant de l'inflation a...

à écrit le 04/03/2010 à 16:01
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Je suis d'accord avec vous, le plus incroyable c'est "la Grèce va lever cinq milliards d'euros sur le marché" !!!??? de qui on se moque. J'ai demandé à des amis "donnez moi 3 bonnes raisons pour qu'il y ai une reprise durable ?" Conclusion "s'il n...

à écrit le 04/03/2010 à 10:45
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Exact Laurent68, personne n'aura le choix pas plus le peuple Grec que le peuple Français. Cela promet de l'animation quand on connait le niveau d'information économique de nos concitoyens qui attendent telle s?ur Anne la reprise économique. Bien sur ...

à écrit le 04/03/2010 à 9:45
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@ legall, Le peuple grecque va accepter car il n'a simplement pas le choix, refuser reviendrait a mettre la grece en faillite. Ceci signifierait l'arret du paiement des salaires des fonctionnaires et des retraites entre autre. Le grand probleme peut ...

à écrit le 04/03/2010 à 8:34
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Les eurocrates et le gouvernement Grec se réjouissent de leurs plans de très grande austérité. Ils n'ont oubliés qu'une seule chose: le peuple Grec qui se prépare à refuser les sacrifices imposés.

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