La Grèce, l'Europe et Coluche

Par Sophie Gherardi, directrice adjointe de la rédaction de La Tribune.

Du point de vue de la technique budgétaire, rien à dire : le gouvernement grec a bien travaillé. Pour économiser 4,8 milliards d'euros (moitié en recettes nouvelles, moitié en réductions de dépenses), il s'est efforcé de faire efficace. Il taxe les produits de luxe et épargne relativement les produits de première nécessité, il frappe lourdement les cigarettes et l'alcool (c'est bon pour la santé), ainsi que l'essence (c'est bon pour l'environnement). Du côté des dépenses, il réduit, sans les supprimer, les 13ème et 14ème mois des fonctionnaires, il gèle les retraites de tout le monde et ampute de 10% sa contribution aux caisses de retraites des entreprises publiques d'électricité et de télécoms.

En plus, il réduit de 500 millions l'investissement public et de 200 millions les programmes de l'éducation. Maintenant, essayons d'imaginer ce que cela signifierait à l'échelle française : un plan d'austérité de l'ordre de 50 milliards d'euros, qui écraserait le pouvoir d'achat de toute la population, avec un tour d'écrou supplémentaire pour les fonctionnaires, les retraités et les salariés des entreprises publiques. On a envie de chasser bien vite ce cauchemar.

Pourtant, s'agissant de la Grèce, tous les commentaires sont satisfaits : Bruxelles applaudit, le FMI approuve, les marchés financiers portent un toast sous la forme d'une remontée de l'euro et des indices boursiers. Bien sûr, il y a du théâtre dans tout cela, puisqu'il faut surtout envoyer des signaux rassurants qui vont permettre une décrue du risque grec, donc une détente des taux d'intérêt et au final des coûts réduits pour les finances de la Grèce. Mais l'opinion publique ne voit que la purge imposée par les puissants.

A l'antiaméricanisme et à l'anticapitalisme prompts à resurgir en Grèce, va s'ajouter la rancune envers Bruxelles. De l'Europe, les Grecs auront entendu durant cette crise des mots très durs, et jamais un discours d'espoir. Pour paraphraser Coluche : l'Europe est un oeuf et un oeuf ne fait pas de politique.

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Commentaires 3
à écrit le 05/03/2010 à 7:34
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A ceux qui connaissent la Grèce uniquement pour ses plages, ses mezze et ses dances, à ceux qui critiquent sans savoir, à ceux qui hurle la punition en chantant Ponce Pilate, je dis la Grèce vous montrera bientot ce dont elle est capable. N'oubliez p...

à écrit le 05/03/2010 à 6:26
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Bien vu: imaginons un tel plan d'austérité appliqué à la France. Tout le monde applaudit aux sacrifices Grec. Mais c'est oublier bien vite la population qui était déjà avant ces évènements au bord de la crise sociale. Les marchés et les eurocrates dé...

à écrit le 04/03/2010 à 20:42
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Il faut croire que le laxisme grec devait être important pour considérez que cela représenterait 50 milliards pour la France ? Il me semble que votre comparaison est hâtive. Chez nous les retraites sont gelées depuis des lustres, les fonctionnair...

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