La Banque d'Angleterre s'inquiète des faiblesses de la zone euro

Dans son rapport trimestriel, la Banque d'Angleterre souligne la dépendance du Royaume-Uni envers la zone euro, où vont 43% de ses exportations.
Le gouverneur de la Banque d'Angleterre, Mervyn King (à droite) et son homologue de la zone euro, Jean-Claude Trichet, président de la Banque centrale européenne (BCE)

Un ralentissement de la zone euro est le principal risque qui pèse sur l'économique britannique, selon la banque d'Angleterre (www.bankofengland.co.uk/). Présentant mercredi son rapport trimestriel sur la croissance (www.bankofengland.co.uk/publications/inflationreport/irspnote101110.pdf), son gouverneur, Mervyn King, estime que les incertitudes économiques ont rarement été aussi nombreuses, mais que c'est du premier partenaire commercial britannique que vient le principal danger. « Notre grande difficulté est que la majorité de nos exportations vont dans la zone euro, où la demande n'est pas particulièrement forte, explique-t-il. Un pays comme l'Irlande représente 6% de nos exportations. Inversement, nos exportations sont particulièrement faibles vers les pays émergents. » Au total, la zone euro représente 43% des débouchés britanniques, l'Allemagne et la France ayant respectivement des parts de 9% et 7%.
Les exportations sont particulièrement importantes pour le Royaume-Uni, parce que c'est de là que doit venir la reprise. Depuis plus d'une décennie, le pays a été tiré par les dépenses publiques et la consommation des ménages. Mais ces deux moteurs sont désormais en panne, avec un gigantesque plan d'austérité d'une part et des ménages trop endettés d'autre part. « L'économie doit être rééquilibrée, vers plus d'exportations », souligne Mervyn King.


Facilitant ce rééquilibrage, la livre sterling a fortement chuté, et reste en moyenne 25% inférieure à son niveau d'avant la crise. Mais encore faut-il avoir des débouchés intéressants. Jusqu'à présent, la reprise des exportations ne s'est d'ailleurs pas vraiment concrétisée. La balance commerciale a encore été négative au deuxième trimestre 2010, retirant 0,1% au PIB britannique. Derrière ce chiffre se cache cependant une réalité complexe : les exportations des biens manufacturiers ont progressé, tandis que les exportations de services, particulièrement dans la finance, ont diminué.
De cette incertitude sur le commerce, couplée aux difficultés aux Etats-Unis, ainsi qu'à la reprise difficile en Grande-Bretagne (chômage à 8%, salaires qui progressent peu, plan d'austérité du gouvernement...), Mervyn King conclut que l'économie britannique est dans un véritable brouillard, avec des risques à la hausse et à la baisse très difficiles à prévoir. Le rapport trimestriel prévoit une croissance qui accélérera autour de 3% en rythme annuel d'ici fin 2010, puis ralentira autour de 2,5% l'année prochaine, avant de repartir en 2012. Dans le même temps, l'inflation demeure très élevée (3,1%) et elle devrait rester au dessus de l'objectif de 2% jusqu'à 2012, selon la banque d'Angleterre.


Ces éléments contradictoires (risque sur l'économie, mais inflation forte) provoquent des « débats vigoureux » au sein du comité monétaire de la banque d'Angleterre, selon Mervyn King, entre ceux qui souhaitent une hausse des taux d'intérêt et ceux qui veulent un nouveau desserrement monétaire. Le ton du rapport semble indiquer qu'aucun des deux camps n'est en passe de l'emporter. La banque d'Angleterre, qui n'a pas agi depuis un an, pourrait continuer à ne rien faire pour encore un bon moment.
 

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