Manifestation d'étudiants : Londres aussi a ses émeutes

Des opposants à la réforme ont réussi à pénétrer brièvement dans l'enceinte du ministère des Finances où ils se sont battus avec la police.
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L'adoption par le Parlement britannique de la réforme augmentant les frais universitaires a renforcé la colère des manifestants jeudi dans les rues de Londres, où plusieurs bâtiments officiels ainsi que la limousine du prince Charles ont été pris pour cible.

Des opposants à la réforme ont réussi à pénétrer brièvement dans l'enceinte du ministère des Finances où ils se sont battus avec la police.

D'autres s'en sont pris à la voiture transportant le prince Charles et son épouse Camilla Parker-Bowles. Le prince de Galles et la duchesse de Cornouailles n'ont pas été blessés et ont pu assister comme prévu à un spectacle dans un théâtre londonien.

Mais leur Bentley a été touchée par des jets de peinture près d'Oxford Circus, un quartier animé du centre de la capitale. Une des vitres arrière du véhicule a été endommagée.

La situation dans le centre de Londres n'était toujours pas sous contrôle dans la soirée. Les manifestants ont allumé des feux en divers endroits, selon des images de télévision.

Ces incidents sont parmi les pires violences politiques qu'ait vécues la capitale britannique depuis les émeutes de 1990 contre un projet de taxe local, dont le rejet avait contribué à la chute de Margaret Thatcher.

"A l'évidence, une minorité de manifestants est venue avec l'intention de provoquer des violences, d'agresser la police et de causer le plus de dégâts possibles", a condamné le Premier ministre, David Cameron. "Il est choquant et regrettable que la limousine transportant le prince de Galles et la duchesse de Cornouailles ait été prise dans ces violences", a-t-il ajouté.

Les manifestations ont commencé en milieu d'après-midi, quelques heures avant le vote de la réforme. Des dizaines de milliers de personnes y ont participé, selon la police britannique, parmi lesquels des groupes de jeunes cagoulés.

Le centre de Londres a été le théâtre de scènes de chaos, la police montée tentant de disperser des groupes d'étudiants qui lançaient fusées éclairantes et boules de billards selon les forces de l'ordre.

Jeudi soir, les autorités avançaient un bilan de 22 manifestants arrêtés et de dix policiers blessés. Touché au visage par une pierre, un photographe de l'agence Reuters a dû être hospitalisé.

Certains manifestants ont critiqué l'attitude hostile de la police, responsable selon eux de la montée de tensions.

MAJORITÉ ÉTROITE

A Westminster, le gouvernement a passé sans surprise ce premier test de sa cohésion mais les analystes estiment que les violentes manifestations témoignent de la difficulté qu'aura le gouvernement à faire passer ses mesures d'austérité.

La chambre basse a approuvé le projet du gouvernement, qui permet aux universités de tripler leurs frais d'inscription, à une majorité de 21 voix. Vingt-sept députés de la coalition ont voté contre et une poignée d'autres se sont abstenus.

"C'est la plus courte majorité en 2010 et elle est plus courte que ce qu'on aurait pu croire il y a quelques semaines", a dit Philip Cowley, professeur de sciences politiques à l'université de Nottingham. "Ce n'est pas la première révolte (parlementaire) et certainement pas la dernière", a-t-il ajouté.

Une rupture de la coalition entre les conservateurs et les Lib Dems, forgée après les législatives du mois de mai, est peu probable. Mais les mois à venir ne seront pas de tout repos pour le vice-Premier ministre et patron des libéraux-démocrates Nick Clegg.

L'étoile de Clegg a pâli ces dernières semaines, les critiques lui opposant son engagement de campagne pour la suppression des frais universitaires.

Le vice-Premier ministre a changé d'avis, citant des circonstances exceptionnelles, et le gouvernement a donné son accord pour supprimer le plafonnement des sommes réclamées aux étudiants, actuellement de 3.290 livres par an (3.750 euros environ).

La réforme prévoit que les universités puissent imposer des frais de 9.000 livres par an (10.730 euros environ) pour compenser le désengagement progressif de l'Etat dans l'enseignement supérieur.

La possibilité de tripler les frais d'inscription empêchera les plus démunis de poursuivre des études supérieures, affirment les détracteurs de la réforme.

Commentaire 1
à écrit le 10/12/2010 à 10:53
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Faire de l'élitisme n'a jamais constitué un complexe pour nos voisins. A 9000 livres par an, on n'a pas fini d'en faire, et les anglais de restreindre leur socle social. Puis d'admettre sur leur sol les diplomés étrangers pas toujours au niveau souha...

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