Les étudiants anglais mettent le feu aux poudres

C'était inattendu, mais le mouvement de protestation étudiant menace la solidité de la coalition au pouvoir en Grande-Bretagne et montre la fragilité des libéraux-démocrates
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Nick Clegg a mauvaise mine et les traits tirés. Les difficultés politiques du vice-premier ministre britannique, et leader des libéraux-démocrates, se lisent sur son visage. L'homme fait face à une rébellion de son propre parti, qui est désormais divisé en trois camps sur la hausse prévue des frais d'inscription à l'université.

Parmi les coupes budgétaires, ce n'était pas censé être le sujet le plus controversé. Les frais d'inscription universitaires vont doubler (à 7000 euros par an), voire tripler pour les meilleures universités, mais c'est accompagné de nombreux garde-fous. En particulier, les étudiants n'ont pas besoin de payer ces frais avant d'avoir reçu leur diplôme et d'avoir obtenu un emploi gagnant au moins 25000 euros par an. Cela revient donc quasiment à un impôt, payé sur de nombreuses années, ce qui théoriquement permet de ne pas décourager les plus défavorisés de faire des études.

Mais la contestation étudiante a dépassé toutes les attentes. Les étudiants sont descendus dans la rue par dizaines de milliers, et déjà à trois reprises. Un sit-in dans une université de Londres est également en cours.

Politiquement, cela met à mal les libéraux-démocrates. D'abord parce qu'ils avaient promis de ne pas toucher aux frais universitaires pendant la campagne électorale. Ensuite parce que le ministre en charge de cette réforme est un... libéral-démocrate, Vince Cable. Si bien que le partenaire minoritaire de la coalition est divisé en trois camps pour le vote de jeudi au parlement: ceux qui sont pour (Nick Clegg, Vince Cable et quelques autres), ceux qui vont voter contre (en tête se trouve Charles Kennedy, ancien leader lib-dem), et ceux qui s'abstiennent, pour ne pas aller contre leur promesse ni contre le gouvernement. Le secrétaire d'Etat aux transports, Norman Baker, libéral-démocrate, laisse même entendre qu'il pourrait démissionner.

Les étudiants ne s'y trompent. C'est Nick Clegg qu'ils visent par leurs affiches et leurs chants pendant les manifestations. En l'accusant d'être un vendu, qui a trompé tout le monde en parlant à gauche et agissant à droite, ils le touchent là où ça fait mal. Son parti lui-même a un mal fou à digérer la coalition avec les conservateurs, ennemis d'hier.

La coalition ne va tomber au premier obstacle, et la loi sur les frais d'inscription va être votée. Mais ces premières réelles difficultés de la coalition montrent que celle-ci est plus fragile qu'il n'y parait. Quand les coupes budgétaires se feront vraiment sentir, courant 2011 et surtout en 2012, la route promet d'être cabossée.


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