Sixième jour de révolte en Egypte

Plus d'une centaine de morts, un pays partiellement paralysé, des scènes de pillages au Caire, des milliers de prisonniers évadés... L'Egypte vit ce dimanche son sixième jour de révolte visant à obtenir le départ d'Hosni Moubarak, au pouvoir depuis trente ans. Le président égyptien est en position difficile alors que les Etats-Unis plaident désormais pour une « transition » en Egypte.
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Plus que jamais déterminés. Des milliers de manifestants sont de nouveau rassemblés ce dimanche sur la grande place de Tahrir, au Caire, afin d'obtenir le départ du président Hosni Moubarak, au pouvoir depuis trente ans. En cette sixième journée de révolte pour davantage de démocratie, le bilan est déjà lourd : les affrontements entre police et manifestants ont fait plus de cent morts et plus de 2.000 blessés, selon un bilan de Reuters et de l'Agence France Presse (AFP).

Alors que le pays est partiellement paralysé, que la police a quasiment disparu des rues du Caire, l'attitude de l'armée -qui a positionné ses chars dans les grandes artères de la capitale- est désormais déterminante. Des avions de chasse ont survolé Le Caire à très basse altitude dans la journée de dimanche.

En réaction à la soudaine absence des policiers dans les rues du Caire, des comités de quartier formés d'habitants armés de gourdins, barres de fer et fusils, se sont constitués dans la capitale, afin de se protéger des pillards, mais aussi pour assurer la circulation. Deux momies entreposées au Musée égyptien au Caire ont été sévèrement endommagées lors d'une tentative de vol.
Par ailleurs, des milliers de prisonniers se sont évadés dans la nuit de samedi à dimanche de plusieurs centres de détention : détenus de droits communs, détenus politiques et militants islamistes ont souvent profité de l'abandon de leurs prisons par les gardiens. Trente-quatre Frères musulmans, dont des membres du bureau politique, ont ainsi pu sortir de leur prison près du Caire.

La diffusion d'Al-Jazira, télévision basée au Qatar, a été interrompue ce dimanche.

Les Etats-Unis souhaitent une "transition"

Hosni Moubarak semble ce dimanche dans une position d'autant plus difficile qu'il est désormais l'objet d'une double pression : celle de la rue, mais aussi celle de son allié américain. Les Etats-Unis ont ainsi appelé à une « transition en bon ordre », alors qu'ils avaient jusqu'à présent demandé au Raïs de faire preuve de « retenue ». « Nous souhaitons voir une transition en bon ordre. Nous demandons instamment au gouvernement Moubarak, qui est toujours au pouvoir (...), de faire ce qui est nécessaire pour faciliter ce genre de transition », a ainsi déclaré sur la chaîne CBS Hillary Clinton.

Pour la chef de la diplomatie américaine, les changements du personnel politique annoncés ce week-end par le président Hosni Moubarak sont « à peine le début de ce qui doit se passer », à savoir « un processus menant à des mesures concrètes pour aboutir aux réformes démocratiques et économiques », à travers l'instauration d'un « dialogue national ». Les Etats-Unis se préparent à évacuer à partir de lundi leurs ressortissants.


Samedi, Hosni Moubarak a nommé un nouveau Premier ministre et un vice-président. Depuis qu'il est arrivé au pouvoir en 1981, c'est la première fois qu'Hosni Moubarak, 82 ans, consent à nommer un vice-président. Ce dernier, Omar Souleimane, est un proche du président. Le nouveau Premier ministre Ahmad Chafic est une personnalité consensuelle, respectée jusque dans l'opposition.

Israël vigilant

Très préoccupé par la déstabilisation de son principal allié dans le monde arabe, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu s'est exprimé pour la première fois dimanche matin, estimant qu'Israël doit faire preuve de « responsabilité et de retenue » face à la situation en Egypte. « La paix avec l'Egypte dure depuis plus de trois décennies et notre objectif est que cela continue. Nos efforts portent sur la préservation de la stabilité et la sécurité dans la région », a déclaré Benjamin Netanyahu à l'ouverture du conseil des ministres hebdomadaire.

Samedi soir, Nicolas Sarkozy, Angela Merkel et David Cameron avaient publié une déclaration commune dans laquelle ils se déclaraient « vivement préoccupés par les événements » en Egypte. « Nous appelons le président Moubarak à engager un processus de changement qui se traduise à travers un gouvernement à représentation élargie et des élections libres et justes », ajoutaient le président français, la chancelière allemande et le Premier ministre britannique

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a pour sa part appelé à la « retenue, à la non violence et au respect des droits ».
 

Commentaires 5
à écrit le 30/01/2011 à 18:53
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Vivent la démocratie, les droits de l'homme et la liberté. Et un grand bravo à tous ceux qui ont le courage de défendre ces valeurs essentielles.

le 30/01/2011 à 19:54
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Hosni Moubarak est soutenu par l'armée et le monde occidental aurait beaucoup à perdre s'il chutait. L'Eggypte est un pays surpeuplé et comme dans tout pays surpeuplé, la vie d'un homme ne compte pas. Aussi, le gouvernement n'hésitera pas à tirer sur...

le 30/01/2011 à 22:12
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Je vous trouve bien cynique, eiffel. Chaque mort augmente la colère de la population contre le régime; Moubarak a donc tout intérèt à faire le moins de victimes possible. Je ne suis pas si sûr que l'armée soit totalement derrière lui : j'ai entendu a...

le 08/02/2011 à 11:15
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Le modèle que vont suivre l'Egypte et la Tunisie, c'est l'Iran et le temps viendra où la population de ces 2 pays vont regretter les gentil Ben Ali et Moubarak. Certes il s'agissait de dictature mais pas de républiques où prime la charia !

à écrit le 30/01/2011 à 16:38
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Nos trois dirigeants européens "vivement préoccupés" doivent, en toute priorité, organiser le rapatriement de leurs concitoyens coincés dans une Egypte plongée dans un chaos croissant.

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